Perditions scolaires, chômage, vide culturel et instabilité affective sont autant de facteurs poussant des centaines de milliers de jeunes dans la «gueule du loup». Pour les puissants barons de réseaux de trafic de drogue, l'Algérie ne constitue plus, désormais, un pays de transit uniquement. L'acheminement du kif traité en plaquette, principalement vers l'Europe, procure d'énormes bénéfices aux patrons de la narco-organisation mais comporte aussi des risques à cause de la vigilance grandissante des services de sécurité. En 15 ans, le «potentiel» de consommation de stupéfiants, sous toutes ses formes, a augmenté de façon vertigineuse, à l'ombre d'une crise sociale qui a pris en otage des millions d'Algériens, en majorité des jeunes et des moins jeunes. Le cartel maghrébin qui a élargi ses réseaux d'écoulement, notamment les frontières ouest, de par la complicité existante, n'a pas tardé à investir dans «la mort lente» de centaines de milliers d'Algériens, afin d'assurer un maximum de profits et «amortir» ses pertes lorsque des quantités importantes de kif destinées à l'Europe sont saisies. Une moyenne de 600 à 700 affaires relatives au trafic de drogue et de stupéfiants, sont traitées chaque année, alors qu'il est procédé à la saisie de quatre à cinq tonnes de kif et de plus de 300.000 psychotropes chaque année. Le trafic de drogue est considéré par les différents services de sécurité comme un véritable drame social. Un phénomène qui ne peut être dissocié du crime organisé, étant donné ses effets néfastes et ses lourdes répercussions sur le plan social, économique et sanitaire. Au cours de ces dernières années, le trafic s'est développé d'une manière fulgurante, ciblant particulièrement la tranche d'âge de 18 à 30 ans. Pire encore, même les adolescents ne sont pas épargnés. La cote d'alerte est en attente. Jetés en pâture aux différents extrémismes, les jeunes sont de plus en plus poussés vers la descente aux enfers des drogues dites dures. On parle même de la cocaïne. Elle a fait son apparition en Algérie depuis deux ans. Des lots contenant d'importantes quantités de drogue ont été saisis par les services de sécurité au courant des années 2006-2007 au large d'Oran, Jijel et Annaba. La marchandise, selon toute vraisemblance, était destinée à la consommation en Algérie, en provenance d'Amérique latine. En 2002, ses lieux de transit établis par les services de sécurité de la Gendarmerie nationale regroupaient les wilayas de Tlemcen, El Oued, Alger, Sidi Bel Abbès, Aïn Témouchent, Mostaganem et Tébessa, pour être consommée à Béchar, Saïda, Mascara, Oran, Chlef, Tipasa, Boumerdès, Constantine, M'sila, Jijel et Skikda. Mais les trafiquants s'arrangent toujours pour trouver de nouveaux itinéraires pour l'acheminement de grandes quantités. Afin de fausser la route aux services de sécurité, les narcotrafiquants n'arrêtent pas de se redéployer à la recherche de nouveaux chemins. La saisie d'importantes quantités de kif à Laghouat et à Bordj Bou Arréridj (entre 100 et 400kg) prouve que les «semeurs de mort» ne reculent devant rien. Il n'y a pas si longtemps ces villes n'étaient pas ciblées par les services de sécurité comme des zones de transit. Les passeurs sont toujours arrêtés, mais les barons restent à l'ombre et continuent de sévir avec la complicité de certains pharmaciens quand il s'agit de psychotropes, tel que la Rivotril. Ce médicament destiné aux malades atteints d'épilepsie a été détourné de son usage initial pour être utiliser comme drogue. Sa consommation fait des ravages parmi les jeunes de 14 à 30 ans. Il est principalement commercialisé dans les villes de l'Est, Constantine, Annaba et Souk Ahras. La consommation de psychotropes a été, en 2006, à l'ordre du jour de la 48e session de la commission de l'ONU. Pour lutter contre ce phénomène, les services de sécurité, chargés de combattre ce trafic, ont pris un certain nombres de mesures devant renforcer le dispositif de lutte. Cela passe par le maintien d'un réseau de renseignement, au niveau des régions frontalières et l'usage de moyens techniques de haute technologie. Ainsi, face aux moyens classiques, les trafiquants n'hésitent pas à user de «subterfuges» afin de fourvoyer les chiens policiers dressés pour cette mission. C'est au quotidien que des quantités énormes de drogue, à destination de l'Algérie sont acheminées. Ces réseaux de trafic sont de plus en plus organisés et disposent de moyens importants. Chaque jour, des Algériens, en pleine détresse, meurent à «petit feu» du kif combiné à des matières dangereuses. Perditions scolaires, chômage, vide culturel et instabilité affective sont autant de facteurs qui poussent des centaines de milliers d'Algériens dans «la gueule du loup». Campagnes de sensibilisation, séminaires de spécialistes et lutte des services de sécurité n'arrivent plus à endiguer ce phénomène. Les clignotants sont au rouge depuis dix ans.