De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Le tribunal criminel d'Oran a prononcé, hier après-midi, plusieurs peines à l'encontre des 30 accusés poursuivis pour constitution d'association de malfaiteurs, exportation et importation de drogue, faux et usage de faux, et détention d'armes prohibées. Vingt prévenus (dont les quatre en fuite) ont été condamnés à la peine à perpétuité, cinq à 20 ans de réclusion criminelle, un à trois ans et deux prévenus ont bénéficié de l'acquittement. Quant aux deux accusés, absents à l'audience, qui se trouvaient sous contrôle judiciaire, ils ont été condamnés par contumace à une peine de cinq années de prison assortie d'une amende de 500 000 DA. Le tribunal a également prononcé l'expulsion du ressortissant libyen Hadj Fayçal (condamné à la perpétuité) auquel il est désormais définitivement interdit de pénétrer sur le territoire algérien. Le prononcé du verdict, qui a eu lieu après deux heures et demie de délibérations, a suscité l'effroi chez les accusés dont certains, affolés, se sont mis à pousser des cris de détresse à et à supplier le président du tribunal : «Tuez-moi mais pas la perpétuité !!» Devant cet affolement, qui menaçait de gagner le reste des condamnés et afin d'éviter que la situation ne s'aggrave, les éléments de la police qui assuraient la sécurité dans la salle d'audience se sont précipités sur les condamnés et les ont fermement reconduits dans les geôles. Dans la matinée, le ministère public avait tenu à rependre la parole pour reprocher à la défense d'avoir insisté, dans ses plaidoiries, sur l'utilisation de la torture par les services de sécurité. «Comment se fait-il alors qu'aucune plainte n'ait été déposée par les avocats ?» s'est-il notamment interrogé en rappelant que la loi prévoit ce recours à toute personne ayant subi des sévices. Ce à quoi deux avocats ont répondu qu'il n'était pas dans l'intention de la défense de «ternir la réputation des services de sécurité» mais de souligner que «la lutte contre la criminalité ne doit pas s'accommoder d'atteintes aux droits de l'Homme». Dans leurs plaidoiries, les avocats avaient, en effet, dénoncé les «violations de la loi des services de sécurité» qui «n'ont pas hésité à user de la torture pour extorquer les aveux des accusés.» Aveux qui, selon eux, ne pouvaient donc pas constituer une preuve de la culpabilité de leurs clients : «Ces aveux constituent les seuls arguments du réquisitoire du ministère public qui ne nous a apporté aucune preuve formelle sur la culpabilité de nos mandants, ni n'a pu démontrer la validité des accusation d'association de malfaiteurs.» Le ministère public avait requis la perpétuité pour l'ensemble des accusés en soulignant que c'est «par la faute de ce genre de trafiquants que la drogue est désormais consommée dans les écoles ou les lycées». Le procès du réseau transnational de drogue s'est donc achevé par un verdict qui traduit la volonté annoncée des pouvoirs publics de livrer un combat impitoyable au trafic de drogue. «Mais il reste que les procédures de mise en accusation ne respectent par les dispositions de la loi en matière de droits de l'Homme», observent plusieurs avocats qui peinaient à calmer les familles des condamnés, scandalisées par la «sévérité» du verdict.