S'il y a bien une question qui a failli mettre le feu aux poudres à Davos, c'est bien le resserrement des mesures de contrôle du secteur de la finance dont le débat a marqué l'ouverture du Forum économique mondial 2010, une rencontre qualifiée de «grand-messe de l'économie mondiale». Les banquiers, présents en grand nombre à Davos, se soulèvent contre les mesures prévues pour resserrer le contrôle de leur secteur. Ils soutiennent qu'un durcissement des règles freinerait leur capacité à financer l'économie et la création d'emplois. Les décideurs politiques croient qu'il s'agit plutôt d'un assainissement indispensable pour notamment rétablir la confiance générale. Il faut savoir que plusieurs gouvernements occidentaux veulent réglementer plus étroitement les institutions bancaires. Les banquiers reprochent à ces décideurs de se laisser inspirer par le «populisme» afin de se faire du capital politique. Ces échanges illustrent l'inquiétude des banquiers face aux mesures annoncées visant à taxer les banques et à limiter leurs activités spéculatives, notamment aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en France. Les banquiers dénoncent entre autres l'intention du président américain Barack Obama de limiter la taille des banques et leurs activités sur les marchés pour leur propre compte. Le président français Nicolas Sarkozy a donné le ton en lançant que «la crise que nous traversons n'est pas une crise du capitalisme. C'est une crise de la dénaturation du capitalisme», a-t-il lancé. Il a exprimé du même souffle sa volonté d'inscrire «la réforme du système monétaire international» à l'ordre du jour des rencontres du G8 et du G20 que la France présidera. De son côté, le vice-Premier ministre chinois du Conseil des Affaires d'État qui participe à la réunion annuelle du Forum économique mondial 2010, tenu à Davos, en Suisse, appelle à une large coopération de la communauté internationale, une saine reprise économique mondiale et d'un développement économique durable pour un avenir meilleur ensemble. Et comme pour mieux soutenir les aspirations des pays pauvres, il se base sur les mesures entreprises par la Chine et les résultats obtenus en matière de développement soulignant, du coup, que son pays revient de loin face aux crises financières internationales. Et comme résultante immédiate, le vice-premier ministre chinois suggère fortement cinq points : poursuivre la coopération pour surmonter la crise, rendre des marchés plus ouverts, promouvoir un développement équilibré du monde, travailler ensemble pour relever les principaux défis et améliorer la structure de gouvernance mondiale. Stephen Harper, le Premier ministre, s'est servi d'un discours prononcé devant des leaders du monde entier au sommet de Davos, aujourd'hui, pour déplorer avec force l'absence d'un organisme pancanadien de réglementation des valeurs mobilières. Pour illustrer son propos, il a qualifié de «lacune» l'inexistence d'un régulateur national, en s'empressant d'ajouter que «la vaste majorité» des provinces «travaillent maintenant» avec Ottawa pour corriger la situation. Devant des centaines de dirigeants politiques et économiques, M. Harper a pressé le G8 et le G20 de resserrer davantage l'encadrement des institutions financières, en suivant l'exemple du Canada. Il faut rappeler que les sommets du G8 et du G20 se tiendront en Ontario en juin. «Via le G20, nous allons encourager une réglementation du secteur financier plus stricte, et une meilleure coordination entre les organismes de réglementation. Mais le Canada n'optera pas pour une réglementation excessive, arbitraire ou punitive de son secteur financier», a-t-il déclaré. «Le vrai test des progrès du G20 sera d'assurer qu'il crée et entretienne parmi ses membres un sens des responsabilités partagées envers l'économie mondiale -une souveraineté- éclairée». M. Harper a également prôné le maintien, du moins pour l'instant, des plans de stimulation économique que les gouvernements du monde ont mis en place l'année dernière. «Bien qu'il soit beaucoup trop tôt pour abandonner les programmes de relance, il n'est pas trop tôt pour commencer à planifier la prochaine phase, pour commencer à réfléchir à des stratégies de sortie», a-t-il estimé, avant de fustiger, une nouvelle fois, le recours au protectionnisme pour faire face à la crise économique. «Cela n'arrivera pas. Il faut reconnaître que l'ensemble des technologies actuelles produisent certains niveaux d'émissions, que cela doit changer, mais que cela prend du temps. On ne pourra pas y arriver en essayant simplement de prétendre que les impératifs économiques n'existent pas, parce qu'ainsi, les gens fixent des cibles et ne les respectent pas.» En excluant les améliorations technologiques, «à très court terme, il est très difficile de réduire la croissance des émissions de façon significative», a insisté M. Harper. Les Premiers ministres du Mexique et de l'Espagne, MM. Calderon et Zapatero, ne se sont pas gênés pour le contredire. Le premier a affirmé qu'il fallait agir vite pour éviter que le problème ne s'aggrave, alors que le second a fait valoir que l'économie mondiale allait profiter du développement des technologies nécessaires à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.