Le rideau est tombé dimanche à Davos sur le 40e forum économique mondial. Deux sujets ont nettement dominé cette rencontre de cinq jours: les banquiers et les victimes de la catastrophe en Haïti. Si l'on venait à résumer les conclusions du forum de Davos, c'est incontestablement le conflit grandissant entre le secteur bancaire et ceux qui veulent le réguler, conflit qui pourrait bien représenter un obstacle à une reprise durable. Et il faut retenir tout d'abord le reproche lancé par Doris Leuthard, ministre suisse de l'économie, aux représentants de l'économie et aux politiciens de se complaire dans les discours plutôt que d'agir. Elle a également accusé les banquiers de «fuir leurs responsabilités». Pour sa part, Nicolas Sarkozy met l'accent sur «l'attitude indécente» des banquiers avec leurs bonus exorbitants, attitude qui «ne serait plus longtemps tolérée». Et au président français de vouloir «reconstruire le capitalisme en restaurant sa dimension morale», alors que le président américain Barack Obama a annoncé vouloir réduire la taille des banques et les empêcher de mélanger l'activité de banque de dépôts et certaines opérations sur les marchés. Ce à quoi les banquiers répliquent en repoussant les propositions récentes visant à taxer les bonus et à briser les grandes banques. Ils ont souligné que les politiciens cherchaient ainsi à flatter l'opinion publique et à gagner des votes. Le bras de fer ne s'arrête pas là. Le président de l'Association suisse des banquiers Patrick Odier rétorque alors que des règles trop draconiennes risquaient de conduire quelques-unes des activités bancaires les plus risquées hors du champ d'action des régulateurs et les faire évoluer dans une sorte de «zone grise». Malgré des signes qui laissent entrevoir quelques lueurs dans le long tunnel de la crise, spécialement dans les économies émergentes, le forum 2010 a, par ailleurs, tiré plusieurs sonnettes d'alarme et averti que le chemin vers les beaux jours pourrait se révéler plein d'embûches. La hausse du chômage, l'endettement croissant des États et les tendances toujours plus fortes au protectionnisme pourraient faire capoter les efforts entrepris pour remettre l'économie sur de bons rails. Haïti au centre du forum. Mais la polémique sur la réglementation du secteur bancaire a été finalement éclipsée par le tragique tremblement de terre d'Haïti qui a provoqué des centaines de milliers de victimes. Avec les organisateurs du forum, Bill Clinton, l'ancien président des États-Unis, a lancé un appel pour encourager les entreprises à restaurer l'économie haïtienne, les invitant à s'impliquer à long terme en faisant du commerce avec ce pays dévasté. Plusieurs organisations non-gouvernementales étaient également présentes à Davos pour partager leurs expériences dans le cadre du tremblement de terre d'Haïti. Elles en ont profité pour souligner à quel point leurs expériences passées les avaient aidées à trouver une réponse à la situation actuelle. Toujours dans le domaine de l'aide humanitaire, Davos 2010 a été marqué par l'annonce de Bill Gates. Le fondateur de Microsoft a indiqué que la Fondation Bill et Melinda Gates allaient lancer un plan de financement de 10 millions de dollars sur dix ans pour des campagnes de vaccination dans les pays les plus pauvres. Cette rencontre de cinq jours à Davos a également permis d'aborder une multitude de sujets. Il a notamment été question de l'influence des religions, de la piraterie, du vieillissement de la population, de l'approvisionnement en eau, des dernières tendances en matière de technologie et même de la Coupe du monde de football 2010. Toutefois, au moment de boucler leurs bagages, avec les réprimandes de Nicolas Sarkozy résonnant encore au fond de leurs oreilles, c'est certainement avec cette question que les participants auront quitté la station grisonne: dans quelle mesure les différents acteurs de l'économie et de la politique pourront-ils agir de concert pour redessiner et reconstruire le monde?