Un nouveau marché se développe en Algérie en matière de droit avec l'avènement de nouveaux segments, jusque-là plutôt méconnus, à l'instar de l'avocat conseil d'entreprises. Pour espérer avoir une place sur l'échiquier, face à la rude concurrence des puissants cabinets internationaux, anglo-saxons notamment, les robes noires algériennes ont créé leur Association algérienne des conseils d'entreprises (AACE). Une sorte d'instrument professionnel et manageriel calqué sur le modèle français l'UIA, dont la conception remonte en fait au 6 avril 2008, à la suite du séminaire tenu à Oran conjointement par la Section internationale de l'UIA et le Barreau d'Oran, où les fondateurs de cette organisation avaient déposé les statuts de l'AACE. L'on apprend que celle-ci vient d'obtenir son agrément et peut d'ores et déjà activer sur le terrain. Entre-temps, l'Association avait co-organisé, à Alger, avec la direction du projet d'appui à la réforme de la justice dans le cadre du programme de coopération Meda II, un séminaire portant sur «la sécurisation juridique et financière apportée par l'avocat à la création et à l'activité des entreprises». Les avocats algériens veulent ainsi apporter un concours «de plus en plus utile», en termes de sécurisation juridique, à la vie et aux activités des entreprises et autres agents économiques. De «grandes perspectives» se sont ouvertes à la profession d'avocat qui a connu de «profondes mutations» tant dans ses missions que dans la façon de les assumer, souligne-t-on. Le passage d'une ère économique à une autre «a ébranlé la sécurité juridique», qui constitue «un des principes fondamentaux de l'Etat de droit», estime un expert français membre de l'UIA, et qui est en même temps conseiller auprès de l'AACE. De leur côté, les avocats fondateurs de L'AACE relèvent que l'internationalisation des moyens de production et le flux transnational des capitaux ont fait que les législations nationales ne peuvent perdre de vue les traités internationaux et les règles commerciales, fiscales et administratives des différents pays. Ils estiment, à cet égard, que la crise financière internationale qui a engendré une crise de productivité «n'est rien d'autre qu'une faillite de la sécurité juridique globale», qu'ils ont résumée par «l'absence de régulation et de supervision dans les marchés financiers transnationalisés». Ils considèrent aussi que la situation économique mondiale confirme que «le contrôle unilatéral des institutions financières, comme la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international, ou encore l'Organisation mondiale du commerce, n'offre pas une sécurité juridique réelle». Pour sa part, le représentant de la direction du Projet Meda II avait fait remarquer qu'«en Algérie, la profession d'avocat semble depuis quelques années s'engager dans ce vaste mouvement de mutation, avec l'apparition de cabinets d'avocats spécialisés et d'associations d'avocats où le justiciable commun peut trouver le pénaliste, le civiliste, le spécialiste du droit de la famille», tout en soulignant qu'un autre domaine d'intervention s'ouvre aux avocats, celui du règlement à l'amiable des conflits, appelé «modes alternatifs de règlement des litiges, tels que la conciliation, la médiation et l'arbitrage, prévus par le nouveau Code de procédure civile et administrative, entré en vigueur en avril dernier.