Yasmine Idjer Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a annoncé, hier, que le gouvernement envisage une révision du salaire minimum garanti (SNMG). Elle s'inscrit dans le cadre d'une nouvelle politique salariale, a précisé M. Ouyahia lors de son intervention devant les députés à l'Assemblée populaire nationale, à l'occasion de la présentation du Plan d'action de son gouvernement. «La révision du salaire minimum garanti qui viendra accompagner la mise en place des différents régimes indemnitaires de la Fonction publique, ainsi que le maintien d'une intervention du budget public pour préserver le pouvoir d'achat de la population en ce qui concerne certaines denrées (céréales et lait) ou services (eau, énergie) de première nécessité», a-t-il indiqué. M. Ouyahia s'est abstenu de donner plus de détails sur la révision du SNMG qui concernera des milliers de salariés. Lors de la compagne pour les élections présidentielle, le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, avait déjà annoncé qu'il revalorisera le SNMG après sa réélection. La secrétaire générale du Parti des Travailleurs, Louiza Hanoune, en avait fait son cheval de bataille. A partir de là, les rumeurs allaient bon train sur la valeur de cette hausse. Des informations selon lesquelles l'Union nationale des travailleurs algériens (UGTA) aurait revendiqué un SNMG à 18.000 dinars, avaient été démenties par les responsables de la centrale syndicale. D'autres rumeurs plus persistantes laissent entendre que le gouvernement avait cédé devant les revendications des syndicalistes en acceptant de relever le seuil du salaire de référence à 15.000 dinars. La productivité Une chose est sûre, le gouvernement qui veut s'épargner une fronde sociale accentuée par une érosion du pouvoir d'achat des Algériens, espère contenir ce mécontentement grandissant par des gestes apaisants. L'inflation a atteint, durant le premier trimestre 2009, un seuil effrayant de 6,1% en raison, notamment, de l'envolée des prix des produits alimentaires. L'indice des prix à la consommation fait ressortir une tendance haussière des prix de tous les produits alors que les salaires stagnent. Le SNMG est passé, en dix ans, de 6.000 à 12.000 dinars. Bien qu'il soit passé du simple au double, il reste toujours dérisoire au vu de l'évolution des prix. Le gouvernement se retrouve confronté, cependant, à un vrai dilemme entre une volonté d'améliorer le pouvoir d'achat des citoyens pour avoir la paix sociale et éviter un trou dans la trésorerie de l'Etat qu'induirait une telle action. N'importe qu'elle économiste soulignera qu'une augmentation des salaires et, par ricochet, du SNMG doit être forcément liée à une hausse de la productivité. Or, c'est loin d'être le cas en Algérie. D'ailleurs, M. Ouyahia avait longtemps résisté devant les revendications des travailleurs pour une hausse des salaires en expliquant que la configuration actuelle de l'économie nationale ne pouvait s'accommoder avec populisme auquel il a fini par céder lui-même.