Diversification de l'économie nationale, lutte contre le chômage, réforme de l'Etat, consolidation de la réconciliation nationale, et préservation de l'unité nationale tels son les grands axes du plan d'action du gouvernement pour les cinq années à venir. Le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, a affirmé, hier, lors de la présentation de la feuille de route du gouvernement devant les membres de l'Assemblée populaire nationale (APN), que l'une des priorités du gouvernement sera la préservation de la paix et la consolidation de la croissance économique, soulignant, à cet effet, que la mise en oeuvre du programme quinquennal de développement sera poursuivie avec intensité, ainsi que la dynamisation des secteurs d'activité productive par le biais de la relance de l'ensemble des dispositifs de microcrédits engagée depuis quelques mois sans omettre la montée en cadence du dispositif d'aide à l'insertion professionnelle et l'amélioration du climat des affaires pour attirer les investisseurs. Dans cette optique, M. Ouyahia a tenu à préciser que les mesures d'investissement prises par les autorités publiques récemment, seront explicitées prochainement pour lever les ambiguïtés qui les entourent. Dans cette optique, le Premier ministre a tenu à préciser que l'économie de marché est un «choix sur lequel le gouvernement n'entend nullement revenir. Mais il est aussi du devoir du gouvernement ce que cette économie de marché soit saine, loyale et surtout profitable au pays, aux travailleurs, aux consommateurs et aux finances de l'Etat.» Dans ce sillage, des mesures d'assainissement et de régulation ont été engagées et seront explicitées davantage. «Elles seront renforcées, aussi, dans le respect des principes universels, chaque fois que l'intérêt général du pays l'exigera» explique-t-il. Il faut dire aussi que le plan d'action cible les secteurs stratégiques, dont ceux de l'agriculture, le système bancaire, et l'industrie des biens et services, en tant que vecteurs de la croissance durable et pérenne. Il s'agira également d'améliorer la gestion des dépenses publiques par la réforme des systèmes budgétaires, le développement de la planification et de la prospective, un meilleur encadrement des grands projets publics, ainsi que le renforcement de l'inspection et du contrôle, tout comme sera dynamisé le contrôle parlementaire sur l'exécution du budget de l'Etat. La crise financière mondiale qui a ébranlé les économies des puissances mondiales constitue une sonnette d'alarme pour l'Algérie concernant la nécessité de fonder une économie productive. Diversifier l'économie nationale Avec un programme de développement doté d'une enveloppe financière de 150 milliards de dollars, le Premier ministre a affirmé qu'une part non négligeable sera directement destinée à l'appui au développement économique. Pour M. Ouyahia, ce programme public et les investissements économiques qu'il entraînera, constitueront un plan de charge exceptionnel pour les opérateurs locaux. A ce propos, le plan d'action prévoit la mobilisation d'une enveloppe de 1000 milliards de dinars pour le développement et l'amélioration de la sécurité alimentaire du pays. En effet, la décision a été annoncée par le président de la République devant les fellahs, en février dernier, accompagnée du rachat par le Trésor de la dette des agriculteurs et des éleveurs pour 41 milliards DA. Cet appui financier et technique concernera toute la chaîne des nombreuses cultures et productions animales. Le programme visera la bonification des prix de collecte, notamment pour les céréales et le lait, et la mise en place de mécanismes de régulation, ainsi que le développement des marchés d'écoulement de la production. Concernant le secteur de l'industrie, le plan mettra en avant le développement d'une industrie en aval des hydrocarbures, la préservation de la ressource énergétique, le développement des énergies nouvelles, ainsi que la dynamisation de l'activité minière. Au chapitre de la mise à niveau et la promotion des PME/PMI, le Premier ministre a affirmé que le gouvernement remettra à niveau les entreprises publiques encore viables et disposant de marchés, en se basant sur le partenariat avec des opérateurs étrangers pouvant apporter un savoir-faire, pour augmenter la production et la productivité de ces entreprises publiques. M. Ouyahia a indiqué que le seuil des garanties des crédits d'investissement aux petites et moyennes entreprises sera relevé aussi, ce qui ne manquera pas de concourir à la création de 200.000 petites et moyennes entreprises durant les cinq prochaines années. S'agissant de la réforme bancaire, M. Ouyahia a mis l'accent sur la transparence dans les transactions, qui bénéficiera du développement et de la modernisation des services fiscaux et douaniers, de ceux chargés du contrôle et de la régulation du commerce et du marché du travail. Cette démarche sera complétée notamment par l'instauration de l'obligation de l'usage du chèque. Concernant la stratégie industrielle, la relance s'accompagnera du redéploiement des entreprises publiques, dans le cadre de synergies économiques plus intégrées, en associant les partenaires économiques et sociaux nationaux à la finalisation de ce dossier. En effet, la participation de l'investissement national à la valorisation du patrimoine public économique sera également encouragée avec comme objectif la préservation de l'emploi et la modernisation de l'outil existant, mais aussi la prévention de la spéculation sur le foncier ou sur le bâti industriel. Le Premier ministre a tenu à préciser que «l'économie de marché est un choix sur lequel le gouvernement n'entend nullement revenir. Mais, c'est aussi son devoir de veiller pour que cette économie de marché soit saine, loyale, et surtout profitable au pays, qu'il s'agisse des travailleurs, des consommateurs ou des finances de l'Etat.» Dans ce sillage, des mesures d'assainissement et de régulation ont été engagées et seront explicitées davantage. «Elles seront renforcées aussi, dans le respect des principes universels, chaque fois que l'intérêt général du pays l'exigera.» Abordant, le sujet des investissements, M. Ouyahia a affirmé que le gouvernement poursuivra l'amélioration des conditions requises pour l'investissement. A ce titre, et outre les effets attendus de la modernisation de l'Etat, il poursuivra l'amélioration des mécanismes et capacités de financement de l'investissement productif, à travers le parachèvement de la modernisation du système bancaire et la dynamisation du marché financier. Le Premier ministre a affirmé, à cet effet, l'avènement dans les prochaines semaines de nouveaux instruments de financement du capital investissement et du leasing, qui viendront compléter le nouveau Fonds national d'investissements capable d'intervenir pour 1 000 milliards de dinars en cinq ans. Au chapitre du foncier, qui continue de constituer une entrave pour les investisseurs, M. Ouyahia a estimé que «l'offre du foncier destiné à l'investissement sera accrue.» «Le cadre juridique pour son exploitation a été clarifié au bénéfice de l'investisseur en termes de coût et de transparence » précise-t-il. La mise à niveau et la réalisation des zones d'investissement et d'activité se poursuivront, en accompagnement des nouvelles infrastructures de liaison, et avec le souci de propager le développement économique à l'intérieur du pays. Le ministre a tenu à préciser, lors de la présentation du plan, que les mécanismes publics d'accompagnement de la mise à niveau des entreprises seront «réorganisés pour mettre un terme à l'éparpillement des concours publics.» Ils seront également mobilisés plus efficacement, avec un meilleur encadrement des programmes de mise à niveau, et un concours à la qualification du management. Dans cet ordre d'idées, et compte tenu de l'amélioration de l'environnement de l'entreprise, celui-ci bénéficiera de la mise en valeur du potentiel touristique qui sera encouragé, notamment par l'aménagement du foncier touristique, l'incitation à l'investissement et à la formation, ainsi que la régulation de la qualité. Le développement de l'économie de la connaissance fera, quant à lui, l'objet de mesures substantielles d'appui pour encourager l'innovation, d'autant que le marché local se développera dans ce domaine et que les infrastructures requises sont disponibles. Par ailleurs, le gouvernement prévoit une révision de la politique salariale. La justice sociale sera cultivée et promue à travers “une politique salariale adéquate s'appuyant sur un dialogue permanent avec les partenaires sociaux et économiques”, souligne le plan d'action. Cette politique aboutira à “une révision du salaire national minimum garanti qui viendra accompagner la mise en place des différents régimes indemnitaires de la Fonction publique, ainsi que le maintien d'une intervention du budget public pour préserver le pouvoir d'achat de la population en ce qui concerne certaines denrées (céréales et lait) ou services (eau, énergie) de première nécessité”, a-t-il indiqué Consolidation de la réconciliation nationale Il ne peut y avoir de développement sans la stabilité et le retour total de la paix. La réconciliation nationale est considérée comme le cheval de bataille du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, depuis son arrivée à la tête de l'Etat. Dans cette optique, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a réaffirmé l'engagement de l'Etat «à approfondir la démarche de réconciliation nationale» et laisser la porte ouverte pour le repentir. En parallèle, Ouyahia a déclaré que «la lutte armée sera poursuivie et intensifiée pour en finir avec le terrorisme.» Compte tenu des orientations du président de la République, le suivi et la finalisation des dossiers pris en charge par les pouvoirs publics dans le cadre de la mise en oeuvre des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, sera assuré. Cet engagement a été réaffirmé par le Premier ministre. Dans ce sillage, le gouvernement s'engage à poursuivre la politique nationale de prise en charge des victimes du terrorisme, tout en veillant à mettre en oeuvre les mesures requises pour le «parachèvement de la lutte contre les criminels qui persisteront à refuser la main tendue par la nation». S'agissant des groupes d'autodéfense, le gouvernement, à travers son plan d'action, se fixera pour objectif de finaliser dans les plus brefs délais, les mesures d'amélioration de leurs conditions sociales, ainsi que la «réinsertion future des citoyens volontaires qui concourent à la lutte contre le terrorisme.» Réformer les collectivités locales Par ailleurs, les projets de révision des codes communal et de wilaya et le texte relatif à la fiscalité locale seront parachevés. A propos de la nouvelle organisation administrative, le Premier ministre a souligné que l'émergence de nouvelles wilayas déléguées se fera. A cet effet, la révision des codes communal et de wilaya seront présentés à l'APN, ainsi que les textes concernant la modernisation et le renforcement des moyens des communes, l'adoption du statut de l'élu local, précisant ses droits et ses devoirs et garantissant sa protection légale, ainsi que la révision de la législation sur les finances locales. Tout cela contribuera au renforcement du rôle des collectivités locales dans la gestion des affaires publiques, à laquelle la participation des citoyens sera aussi encouragée à travers la révision du cadre juridique du mouvement associatif. Par ailleurs, la modernisation de la gouvernance nécessite une meilleure gestion du développement à travers le territoire. Cela souligne l'importance de la continuité dans la politique d'aménagement du territoire, pour éliminer les disparités régionales. Pour Ouyahia, le schéma national d'aménagement du territoire, jusqu'à l'horizon 2025, guidera le gouvernement dans ce domaine. Le nouveau découpage administratif s'inscrira dans cette même direction et sera soigneusement préparé en passant d'abord par la création de circonscriptions administratives animées par des walis délégués. Hamid Si Salem