Très attendue car affaire hautement politique et également technico-financière, la question de la revalorisation du SNMG et des salaires de la Fonction publique sera la pierre angulaire de la prochaine tripartite. Etrangement, malgré la très forte embellie des recettes pétrolières de ces dernières années et permettant de poursuivre un programme de relance et de développement économique s'appuyant sur une enveloppe de 150 milliards de dollars pour les cinq prochaines années, demeure la situation quotidienne préoccupante de l'Algérien sur fond de nécessaire revalorisation du SNMG et des salaires d'une façon générale. Car, si les spécialistes en économie admettent une possible et réelle amélioration macroéconomique, tandis que, par ailleurs, certains ministres annoncent des changements notables en termes de diminution du chômage et de projections de leurs départements respectifs, demeure que les petits citoyens électeurs en sont à attendre les signes évidents de l'entrée en application d'une puissante dynamique à même d'améliorer leur situation financière et sociale. Et c'est dans un tel cadre que le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, présentant son plan d'action à l'Assemblée populaire nationale, aura catalysé toutes les attentions en annonçant que la prochaine tripartite décidera du nouveau montant du salaire national minimum garanti en vue d'améliorer le pouvoir d'achat des travailleurs et que, dans le même temps, sera finalisée la révision des textes de la Fonction publique avec ce que cela laisse entendre de hausse salariale ; ensemble de dispositions déjà annoncées par le président Abdelaziz Bouteflika lors de sa campagne électorale. Différée, donc, jusqu'à la prochaine tripartite, il est clair que, tout autant, la hausse annoncée du SNMG et celle des salaires de la Fonction publique ne manqueront pas d'agiter certaines sphères politico-économiques intéressées, tant du point de vue de l'analyse et des effets immédiats de ces dispositions qu'en matière de projection et de prospective à moyen et long terme. De fait, dans l'immédiat, de savoir que sur un plan financier national, cette double révision salariale (SNMG et Fonction publique) ne manque pas de mettre en évidence, de la part de spécialistes financiers, d'autres effets venant à se chiffrer en dizaine de milliards de dinars. Ainsi, ne saurait être ignorée que cette mise à niveau conjoncturelle du SNMG et des salaires du secteur public administratif viendrait à entraîner celles des retraites, particulièrement en ce qui concerne les anciens moudjahidine et ayants droit, avec ce que cela a déjà entraîné et ne manquera pas d'entraîner de prise en charge par l'Etat (Trésor public) d'un complément différentiel s'étant déjà chiffré à plus de 60 milliards de dinars en ce qui concerne ces mêmes anciens moudjahidine. Parallèlement, de savoir que d'autres éléments d'appréciation financière, telles les redevances au titre des allocations familiales et de la sécurité sociale, auront également contribué à retarder une évolution régulière du SNMG et des salaires du secteur public, cependant que le pouvoir d'achat de la très forte majorité des Algériens ne cessait de se dégrader depuis l'entrée en application du programme d'ajustement structurel (PAS) imposé par le FMI en1997. En première ligne de la revendication socio-économique, l'UGTA n'aura pas manqué d'aligner les éléments d'appréciation en fonction des besoins vitaux d'une famille de sept personnes, et ce partant des données chiffrées du Cnes fixant à 6,82 personnes une famille occupant un logement et aussi des statistiques de l'ONS relatives à une catégorie moyenne de la population. Et c'est ainsi que, tout au long des examens de budget annuel, l'UGTA n'a cessé de réunir tous les éléments techniques à même d'appuyer une appréciation nouvelle du salaire national minimum garanti et aussi le salaire d'un chef de famille moyenne ainsi que précédemment précisé. Pour exemple, aux fins de défendre positivement ce thème toujours d'actualité qu'est la nécessaire évolution du SNMG des salaires et des retraites au regard d'un réel pouvoir d'achat, l'UGTA aura déjà procédé, en 2003 et en 2005, à une enquête à même de déterminer le budget vital d'une famille de sept personnes ; étude se basant sur des produits et services figurant 164 postes de dépenses d'un type de famille moyenne résidant dans des quartiers à forte concentration populaire tels El-Harrach, Bachdjarah, Hussein-Dey, El-Madania, Belcourt, Bab El-Oued et Aïn Benian… L'étude menée à deux ans d'intervalle et selon les mêmes critères d'appréciation déterminait, en août 2003, un nécessaire budget familial de l'ordre de 22 970,35 dinars et en août 2005 une augmentation de ce budget, le faisant passer à la somme de 24 790,85 dinars, soit une augmentation de 1 820,50 dinars équivalant à une érosion du pouvoir d'achat de 7,9%… En cette veille de tripartite, de telles considérations amènent à un total réaménagement du mode salarial et de son niveau, gouvernement, patronat et syndicat étant comme placés devant une obligation de résultats positifs pouvant préserver le pouvoir d'achat, car ce n'est pas de la régression de celui-ci que l'on en serait à espérer un épanouissement économique continu des productions nationales existantes, outre celles à promouvoir dans le cadre du plan de relance 2010-2014. L. R. A.