Le Premier ministre a évoqué la réconciliation nationale en lui adjugeant une nouvelle donne : le confortement de l'unité nationale. Il a affirmé que l'école, la mosquée et les espaces de culture seront utilisés pour réussir ce projet. Il a promis, en outre, une revalorisation du SNMG. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a présenté, hier à l'Assemblée populaire nationale, le plan d'action de son gouvernement. Contrairement à ses habitudes, le Premier ministre ne s'est pas trop étalé dans son exposé, qui a duré 45 minutes. Il ne lui fallait pas, au demeurant, plus de temps, pour réitérer les engagements, pris par le président de la République lors de sa campagne électorale pour le troisième mandat. M. Ouyahia a d'ailleurs précisé que le programme, soumis ce jour à l'appréciation des députés, a déjà “été plébiscité démocratiquement” lors de l'élection présidentielle du 9 avril dernier. Pour rappel, il a affirmé que le gouvernement s'attellera à “approfondir la réconciliation nationale”. Sans dévoiler outre mesure les desseins du chef de l'Etat en la matière, il a soutenu que la démarche consistera “à éliminer l'agression terroriste tout en gardant la porte ouverte devant ceux qui sauront revenir vers leur peuple”. Il a insisté sur la volonté de l'Etat à poursuivre la lutte antiterroriste et à prendre en charge les victimes de la violence intégriste. La nouvelle donne de la réconciliation nationale réside, sans doute, dans un vœu de confortement de l'unité nationale autour de ses composantes, reconnues constitutionnellement, à savoir l'Islam, l'arabité et l'amazighité. “À cette fin, le système national d'enseignement, la mosquée, les médias, l'espace culturel ainsi que les compétences nationales seront mis à contribution”, a assuré le Premier ministre. Comme l'a promis le chef de l'Etat dans son discours d'investiture, Ahmed Ouyahia a attesté que lui et son équipe se plieront au respect de la liberté d'expression et de presse et promouvront l'égalité entre l'homme et la femme dans tous les domaines. Sans expliciter, encore une fois, ses visées, il a soutenu que l'Exécutif procédera à “des révisions législatives, par lesquelles il entend concrétiser tous ses engagements”. L'on peut présumer qu'il parle de la mise en œuvre du système de quotas pour permettre une meilleure représentativité des femmes dans les institutions élues, dont le Parlement, et ce, conformément à la nouvelle disposition introduite à la loi fondamentale à la faveur de la révision constitutionnelle du 12 novembre 2008. Le nouvel article porte sur la promotion des droits politiques des femmes. Ahmed Ouyahia a engagé, en outre, son équipe à rendre effective une revalorisation du salaire minimum garanti, “qui viendra accompagner la mise en place des différents régimes indemnitaires de la Fonction publique, ainsi que le maintien d'une intervention du budget public pour préserver le pouvoir d'achat de la population en ce qui concerne certaines denrées (céréales et lait) ou services (eau, énergie) de première nécessité”. Passant à un autre chapitre, le Premier ministre a déclaré que la réforme de la justice, chantier ouvert depuis bientôt dix ans, sera parachevée par une révision des textes de loi, la formation de 2 000 magistrats et le recrutement et la formation de près de 8 000 greffiers, extension du réseau des juridictions… Une centaine de structures pénitentiaires devra être réceptionnée dans les cinq années à venir, fournissant ainsi 5 000 places et soulager par là même la population carcérale en surnombre dans les prisons. Le premier responsable de l'Exécutif a révélé que le nouveau découpage administratif ne sera appliqué que si toutes les conditions sont réunies dont la préparation des ressources humaines d'encadrement et la disponibilité des moyens financiers afférents à la réalisation de ce projet. Il a assuré, néanmoins, que la révision des codes communal et de la wilaya, aboutira bientôt, car elle “apportera un surcroît de clarification dans les missions dévolues à l'administration locale, d'une part, et aux assemblées élues, d'autre part”. Il a annoncé, dans le sillage, la révision du statut des élus locaux. À partir de là, le Premier ministre a commencé à égrener des chiffres, sans vraiment préciser de quelle manière les rendre réels. Il a parlé, ainsi, de la réalisation de un million de logements, l'ouverture de 3 millions de postes d'emploi, la construction de 60 nouveaux hôpitaux, de 70 maternités, de 20 PMI et de 100 nouveaux centres de santé. Il a continué dans sa lancée en annonçant l'octroi de 300 000 places pédagogiques supplémentaires qui seront réalisées, à l'horizon 2014, afin de réussir l'accueil de 2 millions d'étudiants durant la même période. Ne se lassant pas de quantifier encore son plan d'action, il a affirmé que durant le mandat présidentiel en cours, plus de un million de foyers seront alimentés en gaz nature, 10 nouvelles centrales de dessalement de l'eau de mer seront livrées au même titre que 60 stations d'épuration des eaux usées pour “atteindre une capacité de traitement de plus de 750 millions de m3 par an destinés notamment à l'activité agricole”. Il a prédit de fournir une offre de 175 litres d'eau potable par jour et par habitant à l'avenir, alors que l'offre est de 165 litres actuellement et se situait autour de 123 litres en 1999. Après sa sortie de l'hémicycle, le Premier ministre n'a pas voulu faire la moindre déclaration aux journalistes, les renvoyant aux députés, qui ont “des choses à dire”, selon lui. La plupart de ses ministres, à l'instar du très convoité ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, ont observé le même mot d'ordre. Le débat général sur le plan d'action du gouvernement, a été ouvert hier en début d'après-midi. Il se poursuivra jusqu'à samedi. Ahmed Ouyahia répondra aux préoccupations des membres de l'APN, dimanche matin.