En présentant hier le plan d'action du gouvernement, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, n'a pas perdu de vue la crise économique internationale. « La crise économique mondiale réduit de nouveau nos recettes extérieures et nous rappelle notre fragilité à terme », a déclaré M. Ouyahia devant les membres de la Chambre basse du Parlement. Même s'il a reconnu la vulnérabilité des indicateurs fondamentaux de l'économie nationale, le Premier ministre était plus réservé hier sur les 150 milliards que l'Exécutif entend injecter pour la concrétisation du programme d'investissements publics. C'est-à-dire que l'ère où l'on brûle la chandelle par les deux bouts devrait s'enliser pour quelques années encore. Par ailleurs, M. Ouyahia a énuméré les principales actions du gouvernement qui s'articulent autour de la promotion de l'investissement national public et privé. Une cagnotte de 1000 milliards de dinars sera injectée pour la relance de la machine agricole, dont 41 milliards de dinars seront consacrés à l'annulation des dettes des agriculteurs. Le Trésor public est appelé à nouveau à payer les frais d'une politique mal conçue et mal gérée. Sur le plan économique, le gouvernement entend valoriser les ressources du sous-sol en développant une industrie en aval des hydrocarbures. Le plan d'action du gouvernement confirme la logique protectionniste adoptée depuis quelque temps par l'Exécutif Ouyahia : soutien à l'investissement national et mesures « restrictives » sur l'investissement étranger. « Le gouvernement remettra à niveau les entreprises publiques encore viables et disposant de marchés. Il veillera à la conclusion de partenariats avec des opérateurs étrangers », fera savoir le Premier ministre. Et d'ajouter : « Cette relance s'accompagnera du redéploiement des entreprises publiques (…) en associant des partenaires économiques et sociaux nationaux. » Le SNMG sera révisé Le gouvernement poursuivra l'amélioration des conditions requises pour l'investissement et les mécanismes et des capacités de financement. Pour ce faire, le Premier ministre a annoncé hier de nouveaux instruments de financement du capital investissement et du leasing qui viendront, selon lui, compléter le nouveau Fonds national d'investissements, dont les capacités d'intervention plafonnent les 1000 milliards de dinars en cinq ans. « Le seuil des garanties des crédits d'investissement aux petite et moyenne entreprises sera relevé aussi, ce qui ne manquera pas de concourir à la création de 200 000 PME/PMI durant les cinq années à venir », a laissé entendre aussi M. Ouyahia dans son discours hier à l'APN. Il a promis que l'offre du foncier destiné à l'investissement sera accrue. « Le cadre juridique pour son exploitation a été clarifié au bénéfice de l'investisseur en termes de coût et de transparence », a ajouté le Premier ministre. « Les mécanismes publics d'accompagnement de la mise à niveau des entreprises seront réorganisés pour mettre un terme à l'éparpillement des concours publics », dira encore M. Ouyahia. Ce dernier a précisé que la prochaine tripartite aura à fixer un nouveau seuil au Salaire national minimum garanti, et ce, afin d'améliorer le pouvoir d'achat des travailleurs. « La prochaine tripartite ainsi que la finalisation du processus des textes découlant du statut général de la Fonction publique contribueront à l'amélioration du pouvoir d'achat des salariés. » Le Premier ministre vient d'apporter de l'eau au moulin de l'UGTA en annonçant que la révision à la hausse du SNMG sera abordée lors de la prochaine tripartite. La dernière revalorisation du SNMG, passée de 8000 DA à 12 000 DA, est intervenue lors de la 12e tripartite de septembre 2006. La controverse sur l'augmentation du SNMG est relancée depuis le discours de Bouteflika à Arzew, alors candidat à l'élection présidentielle du 9 avril dernier. La promesse électoraliste vient de bénéficier ainsi d'une prise en charge effective dans le plan d'action du gouvernement.