Suspendu le 12 octobre 2009 pour «complément d'information», le procès de l'affaire communément appelée «les thoniers turcs» reprendra le 8 mars prochain devant le tribunal d'Annaba, a-t-on appris de source judiciaire. Le maillon manquant dans l'instruction a été entre-temps comblé. De ce fait, la boucle est bouclée. En effet, le magistrat instructeur chargé de cette affaire d'atteinte à l'économie nationale a auditionné de nouveau -pour entendre dans le fond- l'ensemble des parties intervenant prenantes, à savoir : les administrations des Douanes algériennes, la pêche, les impôts et le transport. Rappelons que le procureur de la République avait requis, après l'audition deux jours durant des témoins, des peines de prison ferme de 8 et 6 ans respectivement à l'encontre du secrétaire général et du directeur des pêches maritimes et océaniques (DPMO) et de 5 ans de prison ferme contre les armateurs turcs et algériens. Des peines assorties pour ces derniers d'une amende équivalant à dix fois le montant de la capture de thon et la saisie des embarcations et du matériel utilisé dans le cadre de cette opération de pêche illicite de thon rouge qui a entaché la saison 2009. Les navires turcs, un thonier-sennier accompagné de deux remorqueurs battant le même pavillon, avaient été arraisonnés par les garde-côtes algériens, début juin passé, au large d'Annaba, alors qu'il tractait une cargaison de 210 tonnes de thon rouge. Les thoniers turcs n'avaient pu présenter alors aucun document les autorisant à pêcher et à circuler dans les eaux territoriales, alors qu'ils prétendaient avoir acheté en toute légalité la capture à un armateur algérien. Il a pu ensuite être prouvé qu'il s'agissait d'une mise en scène ; les remorqueurs turcs simulent alors un faux échange de capture. Les navires étrangers, venus avec du thon pêché illégalement, ne faisaient que simuler cette opération en mer pour obtenir un document de traçabilité qui leur permet de débarquer leur marchandise en toute légalité. Ce scandale a éclaté suite à l'interception sur l'Akuadem 2, un navire turc, au large de Annaba de 210 tonnes de thon rouge pêchées pour le compte du bateau thonier algérien El Djazaïr appartenant au dénommé Maamar Sadoune. L'embarcation arraisonnée au large des eaux territoriales algériennes faisait partie d'une flotte constituée de trois bateaux turcs spécialement aménagés pour ce type de pêche : le Certer Ahmet 1 et le Abdi Baba 3. L'Akuadem 2, qui remorquait dans son sillage une cage de 40 mètres de large et de 50 mètres de profondeur dans laquelle se trouvaient 210 tonnes de thon rouge vivant, se trouve toujours à quai au port d'Annaba, alors que son équipage est consigné à bord. Retenant plusieurs délits contre les inculpés, dont la pêche illicite, la violation des lois et réglementations, la complicité au délit de contrebande et le bénéfice d'indus avantages, le parquet d'Annaba avait requis, en date du 8 octobre 2009, des peines de 8 ans à l'encontre du secrétaire général du ministère de la Pêche, Boudamous Fethi, de 6 ans contre Allam Mohamed, directeur central de la pêche, et de 5 ans pour les deux armateurs algériens. Cette même sanction a été requise à l'encontre des 6 Turcs. Ces sanctions ont été assorties d'une amende évaluée à 10 fois la valeur des 210 tonnes de thon et la saisie de leurs navires.