Ajourné une première fois le 12 octobre 2009, pour complément d'informations, à la demande du juge chargé du dossier, le procès dit de la pêche illicite du thon rouge se tiendra finalement le 8 mars prochain par-devant le tribunal d'Annaba. Qualifié à Annaba d'“événement judiciaire de l'année”, le dossier de cette affaire d'atteinte à l'économie nationale a été clos à la fin de la semaine écoulée par le juge d'instruction, après audition et témoignage de plusieurs autres parties à charge et à décharge, dont les administrations des Douanes algériennes, des impôts et des transports. Des investigations, qui ont permis à la justice, affirme-t-on, de situer les responsabilités de tout un chacun. Le magistrat avait aussi donné une suite défavorable à la demande de la défense des armateurs turcs concernant la main levée sur les bateaux arraisonnés depuis plusieurs mois aux ports d'Annaba et de Bou-Ismaïl. Ces équipements de pêche en haute mer sont toujours en rade au port d'Annaba. Cette affaire scandaleuse de trafic de thon rouge vivant, qui avait défrayé la chronique au lendemain de sa mise au jour par les garde-côtes de la façade maritime est, avait été rendue publique au mois de mai 2009 dans laquelle sont impliqués 6 ressortissants turcs aux côtés d'un armateur algérien, du secrétaire général du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques (MPRH) et du directeur des pêches maritimes et océaniques (DPMO) de ce même ministère. Elle concerne, rappelons-le, l'interception sur “l'Akuadem 2”, un navire turc au large d'Annaba, de 210 tonnes de thon rouge, pêchées pour le compte du thonier algérien “El-Djazaïr”, appartenant au dénommé Maâmar Sadoune. L'embarcation, arraisonnée au large des eaux territoriales algériennes, faisait partie d'une flotte constituée de trois bateaux turcs spécialement aménagés pour ce type de pêche, le “Certer Ahmet 1”, le “Abdi Baba 3” et “L'Akuadem 2”, qui remorquait une cage de 40 mètres de large et de 50 mètres de profondeur (contenant 210 tonnes de thon rouge vivant) se trouve toujours à quai au port d'Annaba alors que son équipage est consigné à bord. À signaler que les deux autres navires sont également immobilisés, ainsi que leurs équipages, à quelques miles de la côte depuis leur arraisonnement. On évoque notamment les conditions dans lesquelles le troisième bâtiment battant également pavillon turc, un thonier-usine supposé traînant dans son sillage une cage contenant plutôt deux cargaisons de thon rouge vivant et non une seule, n'a pu être rattrapé par les unités des garde-côtes. Celui-ci, après près d'une semaine de cavale, a rebroussé chemin et a regagné la côte annabie, sur ordre des diplomates de l'ambassade de Turquie à Alger. Pour rappel, le 8 du mois d'octobre de la même année, le ministère public a requis de lourdes peines d'emprisonnement ferme à l'encontre des dix accusés poursuivis pour plusieurs griefs, entre autres, pêche illicite, violation des lois et réglementations, complicité au délit de contrebande et indus avantages. À commencer par celles de huit ans à l'encontre du secrétaire général du ministère de la Pêche, Boudamous Fethi, puis de 6 ans contre Allam Mohamed, directeur central de la pêche et 5 ans pour les deux armateurs algériens. Cette peine a été requise également à l'encontre des 6 Turcs. Ces sanctions ont été assorties d'une amende évaluée à 10 fois la valeur des 210 tonnes de thon et la saisie de leurs navires