«Pour que la Méditerranée soit une zone de libre-échange». Tel était le mot d'ordre des businessmen présents à la 2ème édition du Forum de la Méditerranée qui s'est tenue à Rome, les 25 et 26 février derniers. Plusieurs accords de principe ont été passés par les entreprises algériennes, présentes parmi la crème du business méditerranéen. L'Algérie était représentée par deux organisations patronales : la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA) et le Forum des chefs d'entreprises (FCE), marqué par la présence de leurs présidents respectifs: Habib Yousfi et Réda Hamiani. Parmi les principales entreprises algériennes qui ont assisté à ce Forum, on dénombre le groupe Cevital d'Issad Rebrab, la société d'hydraulique et de construction Amenhyd de Djamel Eddine Chelghoum, le laboratoire pharmaceutique Biopharm dirigé par Abdelmadjid Kerrar, la holding ETRHB Haddad d'Ali Haddad, etc. D'autres sociétés publiques algériennes ont accepté l'invitation, à savoir Cosider (BTP) et Naftal (filiale de la Sonatrach). Le forum a bénéficié de l'appui du ministre du Développement économique italien, Claudio Scajola, de la sous-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Stefania Craxi, et d'Emma Marcegaglia, la présidente de la puissante organisation patronale italienne (Confindustria). Le président italien Umberto Vattani, le représentant de l'UE Aurelio Regina, le ministre égyptien du Commerce et de l'Industrie, Rachid Mohammed, le vice-ministre des Affaires étrangères Stefania Craxi, ont exhaussé par leur participation l'attrait de ce Forum. Déjà bien implantées en Libye et en Tunisie (dont l'Italie est respectivement le premier et le second partenaire commercial), les entreprises italiennes ont montré un vif intérêt à l'Algérie ; flairant de grandes opportunités d'affaires importantes. Malgré des importations en hausse constante (+13 % au premier semestre 2009), l'Italie ne fournissait que 8,7 % des importations algériennes en 2007. Une belle progression en perspective. Echos du Forum Le renforcement du rôle de l'Italie comme un carrefour du développement social et économique en Méditerranée et l'approfondissement des possibilités de coopération industrielle pour les entreprises italiennes pour relancer les exportations, sont les cibles principales du Forum méditerranéen, qui s'est ouvert jeudi dernier à Rome, au Capitole. Il s'est terminé ce vendredi au siège de la Confindustria. Les chiffres de ce Forum sont «impressionnants», selon la presse italienne. En effet, quelque 600 entreprises, dont plus de 200 étrangères venues de 13 pays (Algérie, Chypre, Égypte, Jordanie, Israël, Liban, Libye, Malte, Maroc, Territoires palestiniens, Syrie, Turquie, Tunisie…). Environ 1.300 rencontres d'affaires bilatérales ont été prévues. En somme, les journaux italiens ont noté que ce forum fut une initiative clé pour booster les relations entre l'Italie et les pays de la Méditerranée. En moyenne, le montant des exportations italiennes vers 13 pays du bassin a été estimé d'environ 22,5 milliards d'euros jusqu'à la fin de 2009. Dans allocution d'ouverture, Gianni Alemanno, le maire de Rome, a annoncé qu'il faut «penser la Méditerranée comme un système économique unique et global. Ceci est certes un grand défi, mais aussi une chance incroyable pour tous les pays méditerranéens». Dans ce contexte, le rôle de Rome est «pertinent» et aspire tisser des liens économiques entre les villes méditerranéennes pour entrer en force dans le grand réseau mondial». Et de continuer : «il faut encourager le libre-échange en Méditerranée- au lieu de chercher- à être hégémonique ou protectionniste». Claudio Scajola et la présidente de la Confindustria, Emma Marcegaglia, ont ponctué l'objectif ambitieux mais réalisable : «la création d'une zone euro-méditerranéenne de libre-échange» «D'ici 2010, cette zone de libre-échange apportera la paix et de prospérité aux 600 millions de Méditerranéens», a souhaité le ministre italien. Et d'ajouter que «la Méditerranée est un centre économique du plus haut intérêt». En dépit de la crise, l'Italie a confirmé être le plus grand partenaire commercial de la région, devançant l'Allemagne et la France. «Notre pays (Italie) rafle le cinquième (21%) des échanges commerciaux entre l'Union-européenne et les pays de la Méditerranée. En 2008, le montant des exportations italiennes vers les pays du bassin méditerranéen a atteint plus de 27 milliards de dollars, alors que ses importations vers ces mêmes pays ont atteint les 39,2 milliards. Claudio Scajola a également souligné qu'«en raison de sa position géographique, l'Italie peut devenir une plateforme d'échange et de transit de l'énergie, un important centre énergétique de la Méditerranée vers l'Europe». Le ministre italien a conclu que «les relations de l'Italie avec les pays méditerranéens sont la priorité du gouvernement Berlusconi, estimant également que c'est un rééquilibrage nécessaire de l'Union-européenne de son axe sud.» Eliminer les barrières commerciales De son côté, David Ortiz a déclaré que les pays de la Méditerranée ont besoin «d'éliminer les barrières commerciales qui amoindrissent les échanges». «Nous devons tous travailler à créer un véritable espace de libre-échange pour arriver à l'élimination de toute forme de taxations. Cela exige un engagement fort», note-t-il. Toutefois, il explique que «le pire ennemi du développement des échanges commerciaux est le protectionnisme. «Pour notre système de PME -qui est l'épine dorsale- du système industriel italien, la Méditerranée est le grand marché », dit-il. Les pays de la Méditerranée ont une grande occasion pour développer leurs échanges, ceci grâce à leurs similitudes culturelles et à leur Histoire commune. «Par conséquent, pour contrecarrer l'expansionnisme économique de l'Extrême-Orient vers la Méditerranée, il faut créer une zone euro-méditerranéenne, dont l'Italie sera le centre de gravité». Ainsi, «pour s'assurer que nos économies sont effectivement sorties de la crise, nous devons faire accélérer l'internationalisation des échanges et des investissements avec les pays de la Méditerranée». Il a rappelé que les nouveaux moteurs de la croissance sont les télécommunications, le secteur du savoir et de l'énergie, principalement les énergies renouvelables». Pour sa part, Adolfo Urso, le vice-ministre du Développement économique, a rappelé que «l'objectif de l'Italie est d'atteindre les 30 milliards d'exportations dans les deux prochaines années. Cet objectif est tout à fait réaliste, note-t-il, avant d'ajouter qu'«en 2009, nos exportations vers les pays méditerranéens ont été de l'ordre de 22 milliards d'euros, alors que le total des échanges a atteint les 45 milliards d'euros». L'Italie veut atteindre 30 milliards d'euros d'exportations Confirmant que «l'Italie est le premier partenaire européen de la Méditerranée du sud. Maintenant, «nous allons nous concentrer sur le renforcement de la présence italienne dans les districts industriels de la région, du Maroc à la Turquie, la Tunisie, l'Algérie et la Libye». «Ces districts, a conclu le vice-ministre, deviennent de plus en plus des plates-formes logistiques pour soutenir notre investissement -qui peut doubler- en raison de la suppression des barrières douanières, en prévision d'une zone de libre-échange». Pour un système bancaire unique Le président de la banque ABI, Corrado Faissola, a noté qu'il faut développer le système bancaire pour soutenir les entreprises et les projets d'entreprise. Désormais, «le plafond alloué par les banques s'élève à près de 10 milliards d'euros, avec un taux de 25 % sur une période de quatre ans », a-t-il dit. Faissola a ensuite souligné l'engagement de l'ABI avec la Confindustria, afin de renforcer les liens économiques avec les pays méditerranéens. Il a également conduit une délégation importante des banques italiennes en Algérie, le Maroc, la Tunisie, l'Égypte, pour aider des centaines les entreprises dans leurs affaires. Dans une région d'une «importance stratégique», a ajouté le représentant d'ABI, la présence du système bancaire italien est primordiale et a eu toujours une «croissance régulière et significative» des «six des principaux groupes italiens (MPS, BNL-BNP Paribas, Intesa Sanpaolo, UBAE, UniCredit et de la Banque Agrileasing), présent avec 14 bureaux répartis dans 7 pays (Algérie, Egypte, Liban, Libye, Maroc, Tunisie et Turquie). Durant la deuxième journée des travaux, l'événement a été divisé en deux phases distinctes: la première consacrée à des séminaires sur les thèmes de l'eau, l'énergie, la sécurité et la logistique. Le second sur les possibilités de coopération industrielle entre les entrepreneurs italiens et étrangers.