Les flux financiers illicites à partir de l'Algérie ont atteint 25,7 milliards de dollars entre 1970 et 2008, selon l'Organisation internationale Global Financial Integrity (GFI). L'Algérie fait partie des cinq pays africains qui ont enregistré les plus grands montants de flux financiers illicites. Ainsi, outre l'Algérie, on retrouve sur cette liste noire : le Nigéria (89,5 milliards de dollars) ; l'Egypte (70,5 milliards de dollars) ; le Maroc (25 milliards de dollars) et l'Afrique du Sud (24,9 milliards de dollars). Le rapport rendu public par la GFI souligne qu'en 39 ans, plus de 854 milliards de dollars ont été transférés d'une manière frauduleuse à partir du continent noir. En réalité, ils pourraient être de plus de 1,5 billion, fait-on remarquer. Ces flux augmentent de 11,9% par an. «Cette ressource aurait pu financer le développement», note ce rapport sur les flux financiers illicites dans les pays en développement, mais dont une bonne partie a été consacrée au phénomène en l'Afrique. Le document relève que les pays en développement répartis dans différentes parties du globe perdent chaque année l'équivalent d'un billion de dollars à cause de ces transferts illicites. Les méfaits de cette pratique seront à l'ordre du jour de la 3ème Conférence des ministres africains des Finances qui se tiendra au Malawi, prochainement. La GFI indique que «le montant qui a été transféré hors d'Afrique décennie après décennie, est beaucoup plus important que celui des investissements publics pour le développement dans les pays africains». «Endiguer ce phénomène dévastateur est impératif pour accomplir des actions de développement économique et pour réduire la pauvreté dans ces pays», ajoute la même source. En Algérie, des responsables du corps des douanes avaient révélé début janvier l'existence de plusieurs cas de majoration de valeur des produits finis importés auprès des pays de la Zone arabe de libre échange (Zale). Les fraudeurs ont effectué -grâce à ces pratiques- de gros transferts illicites de devises. Ces cas de fraude affectent directement les réserves de change officielles. Flairant un marché juteux, les opérateurs fraudeurs -qui importaient auparavant de Chine en pratiquant la minoration de valeur- ont changé leur zone de prédilection, pour s'approvisionner à partir de certains pays arabes afin de profiter des exemptions des taxes pour transférer illicitement des devises vers l'étranger. Ils ont révélé, par ailleurs, qu'entre 2006 et 2007, les services des Douanes ont mis la main sur des affaires de transfert de devises totalisant un montant de 15 milliards de dinars (près de 210 millions de dollars). D'autres infractions ont été signalées chez de faux investisseurs qui bénéficient des avantages fiscaux dans le cadre des dispositions de l'Agence de développement des investissements (ANDI). L'importation massive de biens d'équipements (34% du volume global en 2008) a été également entachée de cas de majoration de valeur. Les contrôles a posteriori effectués par les services douaniers de lutte contre la fraude ont révélé des pratiques de majoration sur beaucoup d'équipements importés par des sociétés étrangères ou des sociétés de droit algérien.