La hausse disproportionnée des prix du poisson serait due à une faiblesse de l'offre, selon le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Ismaïl Mimoun : «les ressources halieutiques sont insuffisantes pour palier à une demande qui s'accroît de plus en plus. La hausse des prix du poisson s'explique par une baisse de l'offre», a affirmé hier matin sur les ondes de la radio nationale, ce responsable. Les stocks pêchables (biomasse) de l'Algérie sont estimés à seulement 220.000 tonnes par an, soit l'équivalent de 6 kilogrammes de poissons par citoyen. Ce qui reste largement en dessous des normes internationales (15,4 kilogrammes par habitant). La Méditerranée se caractérise par une faiblesse de la productivité de ses eaux, en raison du manque de sels nutritifs, en particulier à mesure que l'on s'éloigne du détroit de Gibraltar. Elle est considérée pour cette raison comme une mer globalement oligotrophe, c'est-à-dire peu productive. Le ministre a occulté totalement le phénomène de la spéculation, qui serait, selon les observateurs, l'une des premières causes de la flambée des prix, tout en estimant que les prix actuels sont «justifiés» par le recul sévère de l'offre. Un kilo de sardine à 400 dinars ou un kilo de crevette à 3.000 dinars, est-ce des prix «justifiés»? Pour palier à cette situation, Ismaïl Mimoun propose d'encourager l'aquaculture et la pisciculture pour «lever l'offre en poissons». L'élevage intensif du poisson serait la seule solution, selon le ministre, pour maîtriser cette flambée des prix. «Nous avons mené une étude pour identifier les sites pouvant accueillir l'élevage du poisson sur le littoral. Nous avons recensé 480 sites propices à l'aquaculture. Nous sommes en train d'orienter les investisseurs potentiels vers les sites identifiés», précise-t-il. Le ministère a également lancé des projets pour la réalisation de fermes-pilotes, ceci dans le but de vulgariser cette activité. Autre annonce faite par le ministre- est la réception d'un nouveau bateau cet été- peut-être en juin ou en juillet, pour identifier les stocks de biomasses pêchables. Ce bateau est en cours de construction en Espagne. Le stock de biomasse pêchable est en constante diminution, selon les résultats d'une étude menée par des chercheurs algériens, en collaboration avec leurs homologues espagnols. Les résultats ont fait ressortir que le stock de la biomasse totale (faune maritime) est estimé à 600.000 tonnes par an, mais que l'Algérie ne peut pêcher que 220.000 tonnes par an (au maximum), soit un tiers du stock total. Revenant sur le programme de développement de l'aquaculture, le ministre a révélé que 244 millions de dinars ont été consacrés pour soutenir 22 projets en cours de lancement. Pour le programme de développement du secteur, une trentaine de ports de pêche a été réalisée pour élever les capacités d'accueil des unités de pêches dont le nombre a presque doublé (de 2.500 unités en 2000 à 4.500 unités en 2010). Ce programme de développement des infrastructures portuaires devra se poursuivre avec l'inscription au cours de cette année de trois nouveaux ports de pêche à Stidia, wilaya de Mostaganem, à Annaba et à Tlemcen. S'agissant du volet formation, il a déclaré que 1,768 milliard de dinars a été consacré cette année, notamment pour équiper les centres de formation en simulateurs marins. Le ministère mène aussi un programme pour la réalisation de 13 halles à marées. Ces marchés de gros sont financés par le programme complémentaire de soutien à la croissance (2005/2009). Les premières halles à marées seront livrées en 2010. Ces infrastructures destinées aux produits de la mer permettront une meilleure exploitation des ressources halieutiques et un contrôle plus rigoureux des prix. Un autre programme est lancé pour la réalisation de nouvelles halles à marées qui devront être réceptionnées à l'horizon 2015.