2ère partie et fin Par ABACI M'HAMED Parler du football national aujourd'hui, c'est inévitablement soulever en premier lieu ses multiples entraves qui persistent et créent davantage des situations difficiles à notre sport roi, le football et qui l'empêchent en effet, d'atteindre ses objectifs tant attendus. En second lieu, ses immenses potentialités à pouvoir faire beaucoup de choses pour assurer son autofinancement et son indépendance financière. Le sport de performance et l'argent sont indissociables dans un esprit d'entreprise au service de la formation de grands joueurs pour l'Equipe nationale d'une Algérie moderne et prospère. Cet esprit d'entreprise contribuera, par voie de conséquence, au développement par la réalisation d'investissements socio-économiques en rapport avec le sport au service de la jeunesse en matière de création d'emplois et d'épanouissement physique, moral et culturel. A ce titre, nos clubs doivent compter sur leurs propres initiatives pour se créer des ressources financières et ne plus compter seulement sur les quote-parts de subventions de l'Etat. Celui-ci étant lui-même marqué, comme tout le monde le sait, par l'équilibre ou la réduction de son déficit budgétaire conditionné par la nouvelle économie de marché. Ainsi, le manque à gagner est important, face à l'actuelle crise financière mondiale et la chute des prix du pétrole qui rend la situation économique et financière du pays difficile à maîtriser Alors, sans le moindre retard, les clubs passent à la conquête du marché basé sur l'innovation financière devant jouer un rôle stratégique pour améliorer leurs sources de financement et assurer, en même temps, leur autofinancement et cela, bien sûr, en plus de leurs ressources classiques (la billetterie des stades, les subventions de l'état, sponsoring … En ce sens le nouveau contexte exige d'eux beaucoup d'adaptations et d'initiatives entrepreneuriales pour devenir une source de valeurs ajoutées, notamment en s'employant à instaurer objectivement l'économie du sport qui puisse pérenniser les clubs sportifs professionnels. C'est pourquoi, il apparaît sans tarder et plus que jamais nécessaire que l'organisation et la gestion des clubs de première Division, s'adaptent aux nouvelles réformes économiques du pays pour un nouveau centre d'intérêt, celui d'un projet d'entreprise. Cependant, la capacité de s'insérer correctement dans cette nouvelle approche dépend également dans une large mesure de la qualité et de la crédibilité des dirigeants à élire par l'Assemblée générale représentative ou des actionnaires qui revêt un caractère capital, ce qui implique l'introduction de nouveaux profils qui doivent cibler un potentiel de compétences adéquat à cette nouvelle étape. C'est dire l'urgence d'un nécessaire changement et d'une mise à niveau adaptée au nouveau concept économique et financier du pays car il n'est point étonnant que nos clubs soient confrontés aux règles d'une économie de marché en exerçant, bien sûr, le rôle d'agent économique pour élever le niveau d'autofinancement. Dès lors, les clubs de performance ayant aujourd'hui la personnalité juridique de statut civil et qui sont, à notre sens, le meilleur guide à envisager d'ores et déjà, pour trouver les bonnes solutions à leur indépendance financière et à leur développement. Ceci dit, un lien économique et financier est à développer dans l'organisation des clubs de performance. Mais, comme nous l'avons souligné ci-dessus reste bien un élément de réflexion et de débats d'idées qui pourrait éclairer et arrêter les bonnes orientations ou les bonnes solutions en vue de créer et d'assurer les meilleures conditions du professionnalisme rendues nécessaires par les réformes économiques du pays engagées depuis 1988. Pour cela, un travail de réflexion doit être engagé pour l'introduction d'une approche intégrée en matière de gestion financière et comptable des clubs est indispensable notamment la tenue obligatoire d'une comptabilité, bien établie et bien introduite fondée sur l'économie et le contrôle des finances à savoir d'où vient l'argent ? Où va l'argent ? .En effet une comptabilité de cette forme, ne pourrait que bien clarifier la gestion et la transparence des clubs ou du sport de performance en général. Cette nouvelle impulsion d'une culture économique essentiellement basée sur une nouvelle économie de l'argent du sport de performance et l'exercice d'un réel esprit d'entreprise renforcera d'une part la viabilité financière, et d'autre part la crédibilité et la promotion des clubs dans leur nouvel environnement qui pourrait de notre point de vue avoir un effet positif pour l'instauration de la relation de confiance notamment en suscitant un même intérêt sport / économie auprès des pouvoirs publics, les industriels, les investisseurs ou bailleurs de fonds, les entrepreneurs, les commerçants et enfin d'attirer les grandes foules dans les stades ou encore l'intérêt peut se manifester même avec les banquiers pour accéder notamment aux crédits. Pour cela, nous estimons qu'il n'y a pas d'obstacles à partir du moment où les clubs de performance sont passés d'un statut de droit public à un statut de droit privé, et dans ce grand changement qu'il soit, aujourd'hui, bien cadré par des efforts particuliers et soutenus par l'implication de tous les acteurs de la discipline avec les réalités économiques et financières. Le mode d'organisation et de gestion des clubs d'élites ne peut être effectivement évalué, contrôlé ou apprécié que s'il existe au préalable d'une comptabilité régulière en la forme commerciale reconnue par le droit privé contrairement à ceux qui pensent à une comptabilité simple qui se résume à l'enregistrement des recettes et dépenses (Bilan Moral et Financier). Ainsi, la mise en place d'une organisation comptable s'impose pour une autre forme de présentation comptable et financière des comptes sociaux obéissant aux règles et méthodes prévues en matière de comptabilité et de contrôle des sociétés. Dans cette perspective, deux approches générales se dégagent en vue d'harmoniser les règles des comptes sociaux des clubs d'élite dans leur ouverture et leur insertion dans le professionnalisme et elles visent d'autre part à éclairer les dirigeants, les pouvoirs publics et les actionnaires. La première sera fondée sur le patrimoine : a) La Comptabilité et la gestion des actifs composés : Des Valeurs d'immobilisations. Des Valeurs d'Exploitation. Des Valeurs réalisables. Des Valeurs de Trésorerie. b) La comptabilité et la gestion des ressources composées : Des capitaux propres (Ressources Internes) Des capitaux permanents (Ressources Externes) Des capitaux provisoires (Ressources externes) La deuxième sera fondée, quant à elle, sur la gestion et les résultats de la saison ou de l'exercice composé de : La Comptabilité et la gestion des charges engagées dans son fonctionnement. La Comptabilité et la gestion des produits notamment tout revenu tiré des activités ou reçu de l'Etat ou des tiers. la comptabilité des résultats réalisés sur les activités. C'est justement à travers ces deux approches pour une gestion comptable et financière beaucoup plus économique que simplifiée ou classique vers lesquelles les clubs professionnels doivent observer la régularité, la sincérité, la transparence, enfin un meilleur contrôle de leurs capitaux, un élément de confiance important dans les relations entre les clubs sportifs, et les citoyens, les pouvoirs publics, les investisseurs, et de l'environnement en général. Aussi, il convient d'ajouter : L'instrumentalisation des clubs sportifs de performance plus adaptée aux statuts de droit des sociétés en conformité des codes de commerce et civil. La nécessité de normaliser ces deux approches comptables et financières par l'élaboration d'un plan comptable spécifique ayant pour cadre de réflexion le nouveau statut juridique des clubs et le nouveau plan comptable (SCF) aux nouvelles normes comptables ce que nous appelons les normes IFRS (international financial reporting standard) et IAS (international accourting standard) définissant les méthodes d'évaluation, de comptabilisation et de présentation des comptes sociaux dont l'application est reportée pour 2010. La désignation d'un professionnel en comptabilité au poste de Directeur financier et comptable. La nécessité de rendre obligatoire le contrôle légal, une exigence de rigueur à tous les clubs. La nécessité de la publication des comptes sociaux. L'introduction de certaines notions fondamentales notamment les notions techniques de budget ou business- plan et de coût. Cependant, il n'en demeure pas moins que la question de contrôle externe et interne aux clubs de performance s'impose car elle constitue une obligation légale et une mission d'intérêt public ainsi, on ne peut concevoir une gestion saine en l'absence du contrôle externe et interne où l'apport d'un commissaire aux comptes indépendant de rang d'expert comptable et désigné par les organes sociaux (assemblée générale représentative ou des actionnaires ) et sans oublier l'inspection générale des finances (IGF) qui peut intervenir car il y a les subventions accordées par l'Etat. En ce qui concerne le contrôle de gestion ou l'audit interne, l'apport des compétences de la fédération suffit à notre avis. C'est un ainsi que les finances et d'une façon générale le patrimoine des clubs serait mieux utilisé, mieux contrôlé, mieux pérennisé non seulement dans le circuit de gestion mais mieux encore, dans les créneaux de rentabilité en tant que source de financement. Et d création de richesses. C'est pourquoi la gestion comptable est posée dans toute sa rigueur et sa dimension pour concevoir une gestion saine et en faire des clubs sportifs crédibles, transparents, enfin modernes devant épouser notamment la culture économique et citoyenne au service de la collectivité locale et nationale. A ce titre, cette question de gouvernance est donc primordiale qui se veut une révolution dans l'organisation des clubs sportifs de performance mérite d'être soulevée et mise en débats avec force puisque la conjoncture est à l'assainissement, à la mise à niveau, à la relance économique, à la transparence et à la rentabilité économique et financière. Il s'agit aussi , pour les clubs sportifs de performance d'être en phase avec les règles universelles induites par la mondialisation . Tout ceci nous amène à la conclusion : D'une part, que le ministère de la jeunesse et des sports et la fédération avec la collaboration de tous les acteurs de la discipline doivent initier un programme révolutionnaire devant amorcer l'économie du sport et le professionnalisme dans les clubs de première division aux nouvelles exigences économiques et financières du pays, l'une des contraintes à prendre en compte dans cette période de transition autour de la pratique du professionnalisme en perspective notamment dans les aspects suivants : Leur Mode managérial ou de gouvernance. Leur valeur humaine, organisationnelle et patrimoniale. Leur système de rémunération. Leur système financier et comptable. Leur système juridico-économique adapté aux droits des sociétés. D'autre part, les dirigeants de notre sport roi, sont désormais appelés à s'organiser et à se prendre en charge sans compter sur le soutien de l'état et qui ne vient qu'en complément. C'est dire avec force que les clubs de division « une » doivent devenir rentables selon le modèle d'une économie d'entreprise. En effet, avons-nous conscience de l'argent du contribuable qui persiste et constitue à ce jour en grande partie la source de financement dans leur fonctionnement notamment les subventions accordées par l'Etat ou le sponsor des entreprises publiques soit une source de création de la valeur ajoutée qui s'ajoute au PIB (produit intérieur brut) du pays voire au service de la collectivité nationale ou locale. Pour terminer, nous souhaitons avec force à tous ceux qui vont être engagés dans cette œuvre d'intérêt national beaucoup de courage car, ce ne sont pas les contraintes et les problèmes qui manquent. Cela dit, c'est le grand défi à relever pour assurer un développement harmonieux du professionnalisme en Algérie.