Un soir, en pleine nuit, il m'est arrivé de sur plomber Oran et d'admirer le bouquet de lumières qui l'enveloppait et le joli parterre fleuri en contrebas de l'immeuble où je réside. Ce fut très beau, un laps de temps de rêve. C'était la nuit noire. Et subitement, arrive le petit matin et les premiers rayons de soleil pointaient à l'horizon. Le spectacle était bien différent surtout en plein jour. Le parterre fleuri d'il y a quelques heures était en fait un terrain vague jonché de sacs de plastique de toutes les couleurs. Du vert, du bleu, du blanc. Certains vides, d'autres pleins à craquer. Les vides se gonflaient et dégonflaient au gré de la petite brise. Les pleins étaient rivés au sol tellement ils étaient bourrés d'ordures. Et arrive un éboueur de corvée, ce jour-là, dans mon quartier. Pour lui, « dans sa tête à lui », le citoyen est coupable. « Tes voisins jettent tout par-dessus leurs balcons ». Pour mes voisins, c'est la Ville qui ne maîtrise pas la question. Les éboueurs font ce qu'ils peuvent même si souvent ils s'accoudent sur leur balai pour terminer une longue discussion à travers leur portable. Pour la Ville, les éboueurs sont généralement dépassés par les ordures ménagères balancées depuis les étages. Bon bref, la balle est dans tous les camps. Chaque partie la lance à sa convenance. Mais elle est vite remballée dans les camps d'en face, chacun se voulant plus propre que l'autre. Mais, je reviens à l'éboueur de corvée dans mon quartier. Sous mes yeux, il déballe un sac plastique. Y trouve une enveloppe avec l'adresse du destinateur. Un Docteur en médecine! V'lan. Quelques mètres plus loin, Kaddour ouvre un autre contenant. Une enveloppe destinée à un bureau d'études en architecture. Re v'lan. Non, je ne ferai pas toute la rue avec mon éboueur. Je préfère rendre visite à l'un des deux universitaires pour savoir ce qu'ils pensaient du ramassage des ordures ménagères par la Ville. Le Docteur ne va pas par quatre chemins. « C'est la Ville qui ne fait rien pour la propreté de notre quartier ». Pour le deuxième, « c'est l'éboueur qui passe son temps l'oreille collée à son portable au lieu de faire son travail ». Pour notre employé municipal que j'avais rejoint dans l'après-midi, « il faut un éboueur pour chaque habitant au lieu d'une poubelle par famille ». La Ville, elle, a fait ce qu'elle devait faire avant et pendant le GLN 16. Basta! Demain, ce sera un autre jour.