Le nouveau projet du code de travail va-t-il instaurer la précarité de l'emploi? Le ministre du travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, était hier catégorique. Le contrat à durée indéterminée (CDI) sera maintenu et tous les droits des travailleurs seront préservés dans le projet du Code de travail. Nous veillerons également à garantir le droit syndical et ce conformément aux conventions internationales paraphées par l'Algérie, a-t-il déclaré hier matin sur les ondes de la chaîne III. Le ministre espérait ainsi mettre un terme à la controverse lancée il y a quelques mois par les syndicats autonomes autour du futur Code du travail qualifié comme une menace pour les droits des travailleurs algériens. Le Conseil des lycées d'Alger (CLA) et le syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) ont d'ailleurs appelé hier à un sit-in national devant le siège du ministère du travail et ce, «pour exiger le respect des Conventions internationales concernant le droit syndical et le droit de grève, ainsi que la revendication d'une retraite après 25 ans de service et l'élimination de l'emploi contractuel et précaire». On assiste aujourd'hui à travers le monde en général et en Algérie en particulier, au fait que ces acquis sont en train d'être remis en cause par ceux qui détiennent le pouvoir de décision. La précarisation de l'emploi est revenue en force, le chômage subit une courbe ascendante, précise le CLA dans son communiqué, ajoutant que «dans certains secteurs, la main-d'œuvre est corvéable à la merci comme au XIXe siècle…l'âge de départ à la retraite se voit allongé et le système de la retraite par répartition est en danger». Les organisations syndicales dénoncent également l'effondrement du pouvoir d'achat des travailleurs avec «une tendance au gel des salaires». Le ministre a rassuré, à ce propos, que «l'élaboration du nouveau code est un travail de longue haleine» tout en soutenant que les droits des travailleurs ne seront aucunement bafoués par la nouvelle législation. Revenant sur la remise en cause du droit à la retraite anticipée, le ministre a estimé que cette mesure était nécessaire pour préserver les équilibres financiers de la Caisse nationale de retraites (CNR). La retraite anticipée et la retraite proportionnelle ont coûté à la CNR 360 milliards de dinars de 1997 à ce jour, rappelle-t-on. Questionné sur la prise en charge des allocations familiales par les entreprises, il a répondu que «le gouvernement n'envisage pas une démarche précipitée». Les propos du ministre laissent entendre que les pouvoirs publics sont favorables aux revendications des organisations patronales qui avaient demandé un report «le plus loin possible» du payement de ces indemnités. Le ministre a, par ailleurs, saisit l'occasion de son passage à la radio nationale pour donner les chiffres des différents dispositifs pour la promotion de l'emploi et la lutte contre le chômage. Il a ainsi révélé que le nouveau dispositif d'aide à l'insertion professionnelle (DAIP) a permis de recruter 469.132 jeunes primo demandeurs d'emploi jusqu'à mars 2010. Le DAIP a coûté 31,2 milliards de dinars au trésor public. Le gouvernement a également consacré 62 milliards de dinars pour le financement de la création d'activités au profit des jeunes entrepreneurs. La CNAC et l'ANSEJ ont ainsi financé la création de 28.836 micros entreprises (13.189). Il a annoncé, dans un autre registre, la préparation d'un article dans la prochaine Loi de finances pour exonérer les pensions de retraites de moins 20.000 Dinars du payement de l'indemnité sur le revenu général (IRG). Les retraités percevront un rappel à partir de mai 2009, signale-t-on.