«Pour plus d'équité dans l'accord d'association avec l'Union européenne (UE)», a appelé ce jeudi El Hachemi Djaâboub, depuis l'Assemblée populaire nationale (APN). Cependant, parler d'équité alors que les concurrents européens sont redoutables n'est pas la stratégie idoine, relèvent des experts. En effet, conformément aux clauses de l'accord d'association «la partie européenne s'engage à apporter son assistance financière à l'Algérie pour atténuer les effets négatifs du démantèlement tarifaire et financer les actions prévues au titre de la coopération économique», note l'accord d'association. Pourtant, le ministre n'a pas mentionné que l'Algérie pourrait en effet demander des aides financières pour aplanir ses pertes dues au démantèlement tarifaire. D'après son collègue du gouvernement, Karim Djoudi, ministre des Finances, le préjudice en pertes fiscales s'élève à plus de 2,2 milliards de dollars. Pour le moment, El Hachemi Djaâboub veut absolument une révision des clauses de cet accord. «Nous allons voir dans quelle mesure nous pouvons demander la révision des clauses (de l'Accord d'association avec l'UE) pour qu'elles soient plus équitables entre l'Algérie d'une part et les Etats membres de l'UE d'autre part », a-t-il déclaré. Et d'ajouter : «nous avons constaté des anomalies et des imperfections dans l'application de cet Accord. Chaque secteur a donc présenté son rapport sur cette mise en œuvre au ministre des Affaires étrangères qui portera ces documents à Bruxelles». Dans le volet commercial, les propositions de l'Algérie vont concerner notamment les contingents de produits exportés vers l'UE sans droits de douanes, avait déclaré récemment le ministre du Commerce, estimant que «les normes imposées pour ces produits sont inaccessibles pour les exportateurs algériens». Depuis l'entrée en vigueur de l'accord, en septembre 2005, «le déficit commercial hors hydrocarbures» de l'Algérie s'est creusé, en faveur des pays de l'UE, selon une étude interdépartementale présentée récemment. L'étude, réalisée par des experts indépendants en collaboration avec des institutions officielles algériennes (Douanes, Banque d'Algérie et ministère du Commerce) constate aussi un manque à gagner sur les recettes fiscales et douanières de l'Algérie, en raison de l'application du démantèlement tarifaire. Une évaluation préliminaire de la mise en œuvre de cet Accord a relevé une faiblesse des investissements européens en Algérie, selon les experts. In fine, le gouvernement d'Ahmed Ouyahia veut absolument finir avec le «mercantilisme» et le «machiavélisme» de cet accord d'association. Les Marocains, moins timorés ont su négocier courageusement leur accord d'association avec les Etats-Unis (ALE). Dans cet accord, les deux parties parlent d'une «harmonisation». Les produits aptes à l'exportation des deux parties suivent un Système Tarifaire Harmonisé du Royaume du Maroc (STH Maroc), qui est similaire au tarif harmonisé des Etats-Unis, «Harmonized Tarif Schedule of the United States (HTSUS)», mais pas exactement identique. Les Marocains trouvent des équilibres.