Hier, il y avait foule au cimetière de Aïn El Beïda d'Oran. Des dizaines de personnes, entre anonymes et personnalités, sont venues accompagner à sa dernière demeure le «Docteur». Mohammed Seghir Nekkache, le Premier ministre de la Santé de l'Algérie, s'est éteint à l'âge de 92 ans. Dans la foule, il y'avait beaucoup de têtes connues, des compagnons d'armes de l'illustre défunt, mais aussi des anonymes. Le Wali et toutes les Autorités étaient présentes, façon de rendre hommage à l'un des derniers Grands moujahidines. Né en 1918 à Ouled Mimoun ex-Lamoricière (Wilaya de Tlemcen), Mohammed Seghir Nekkache fera de brillantes études qui le mèneront à devenir médecin, chose rare à l'époque, pour les «indigènes». Après avoir brillamment achevé ses études dans la faculté de médecine de Toulouse, le «docteur» s'installera à Oran plus exactement à la rue Jamboin au quartier de Bruni. Imprégné des idées nationalistes, il fera la rencontre d'Ahmed Guedouard qui lui cédera son domicile situé au 06 rue Ahmed Bennacef, en face de la minoterie dans le Bastion de la Révolution qu'était «Mdina Jdida». Le Dr Nekkache en fera son cabinet médical, mais cet appartement servira, aussi, à d'autres activités nationalistes. Militant du PPA / MTLD, le Docteur épousera vite la cause. L'emblématique et martyr Dr Benzerdjeb le prendra sous son aile pour le compte de la Wilaya 5. Ainsi, le jour, les consultations et les soins étaient dispensés gratuitement à ses coreligionnaires. Le soir, son cabinet servira d'école de formation paramédicale, mais également des cours de philosophie et de musique y étaient enseignés. De ce fait, Le Dr Nekkache sera le précurseur dans la formation des cellules médicales et paramédicales qui s'occuperont des blessés sur le front de la lutte armée. Offrant un refuge (merkez) pour les militants nationalistes et autres fidaïs, le Dr sera découvert par les forces coloniales. Alerté alors par feu Zine Bentabet (autre grande figure oranaise), Med Nekkache s'exilera à Tunis et travaillera pour le GPRA. A l'indépendance, il sera nommé par Ben Bella, ministre de la Santé. C'est alors qu'il entamera le premier grand chantier qui lui tenait à cœur : La Médecine gratuite. En juin 1965, Ben Bella déposé, Nekkache sera arrêté. En 1968, il sera mis en résidence surveillée à Touggourt et ce, jusqu'en 1980 où il sera élargi à la faveur de l'amnistie accordée par l'ex-Président de la République Bendjedid. Libéré, le Dr retrouvera les siens, ceux qui l'avaient côtoyé durant les durs moments. Quelques uns étaient présents hier. L'ensemble louait les qualités humaines de l'homme. «Il avait des valeurs humaines intrinsèques doublées d'une grande générosité au point de veiller à soigner les démunis sans aucune contrepartie. C'était un homme humble et d'une grande discrétion». C'est peu dire…