Comme il fallait s'y attendre, les travailleurs d'El Hadjar ont opté pour la grève illimitée. Ce jeudi, à l'appel de leur syndicat, plus de 4000 travailleurs du Complexe sidérurgique d'ArcellorMittal ont pris part à une Assemblée générale au cours de laquelle le recours à la grève a été voté à l'unanimité. La rupture semble donc consommée entre le syndicat et la Direction d'Arcelor-Mittal d'Annaba. La date de la grève est fixée à partir du 20 juin pour une durée illimitée. Les travailleurs du Complexe se sont exprimés à main levée sur l'appel à la grève lancée par le puissant syndicat d'entreprise, en présence d'un huissier de justice. Un préavis de grève sera déposé dimanche prochain auprès de l'Inspection du travail d'El Hadjar, en vue d'un arrêt de travail qui serait effectif «à partir du 20 ou du 21 juin 2010». Le débrayage était en fait prévisible et Smaïn Kouadria a annoncé la couleur dès mardi en publiant un communiqué annonçant une «phase de rupture de dialogue avec la Direction générale de l'usine». Le syndicat avait introduit, en mai dernier, une demande de conciliation auprès de l'Inspection du travail d'El Hadjar (Annaba). La plateforme de revendications (socioprofessionnelles) s'articule autour de deux éléments : introduction de négociations avec la Direction pour la mise en place de négociations de branches, adossée à un dispositif de régime de retraite. Aucune avancée n'a pu être enregistrée dans les négociations et la situation semble aller vers le pourrissement. Lors d'une conférence de presse organisée mardi dernier, Smaïn Kouadria a déclaré qu'aucune concession ne sera faite «quant à l'application de la convention de branche''. Le vote de jeudi n'a pas seulement décidé la grève, mais va au-delà et exprime la volonté du syndicat d'entreprise d'aller au bout de sa logique en mettant en position de faiblesse le géant mondial de l'acier. Des bruits courent selon lesquels le syndicat ira même jusqu'à faire appel à Sider, l'ancien ‘'propriétaire'' de l'usine, à l'état même pour faire aboutir ses revendications (salariales) à travers la mise en place de conventions de branche. A la direction générale d'ArcelorMittal, on est un peu désarçonné par les revendications des travailleurs. Le Directeur général, Vincent le Gouïc, indique que son entreprise est disposée à appliquer la convention de branche si «la Loi nous le dicte'». «Nous avons demandé à notre partenaire social de se référer à la justice pour régler ce problème (de convention de branche)»', a-t-il souligné à la presse la semaine dernière, avant de relever que la grille des salaires que propose son entreprise est plus intéressante que celle de la convention de branche, réclamée par le syndicat. Un débrayage de neuf jours avait été organisé au début de l'année. Les travailleurs ne sont retournés à leurs fourneaux qu'après avoir reçu l'assurance de la non fermeture de la Cokerie, accompagnée d'un plan d'investissement de quelque 200 millions de dollars sur la période 2010-2014.