Bruxelles a répondu hier favorablement au souhait pressant du gouvernement algérien de réviser le calendrier du démantèlement tarifaire prévu par l'Accord d'association (AA) conclu en 2002 par l'Algérie et l'Union européenne et entré en vigueur en 2005. Cette demande a été formulée officiellement le même jour au Luxembourg par le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, lors de la 5e réunion du Conseil d'association Algérie-UE, qu'il a présidée avec son homologue espagnol Miguel Angel Moratinos. M. Medelci a annoncé à cet effet que des propositions concrètes « seront bientôt transmises dans ce sens au comité d'association ». « Nous n'avons pas fixé de date, mais lorsque nous serons prêts, nous prendrons de nouveaux contacts (...) Nous n'allons pas perdre de temps. Nous œuvrerons de telle manière à ce que l'UE soit saisie le plus rapidement possible d'une proposition opérationnelle de l'Algérie », a déclaré à l'APS le ministre des Affaires étrangères. M. Medelci a précisé en outre que la partie algérienne « fera en sorte, dès l'instant où elle sera saisie par l'UE, que le comité d'orientation prévu par l'AA se réunisse à son tour et que très rapidement nous aurons donc à conclure un accord sur le nouveau programme de démantèlement ». Tout en prenant le soin de rappeler que « l'Algérie tient au respect des dispositions pertinentes de l'Accord d'association et à la concertation bilatérale », Mourad Medelci a, lors d'un discours prononcé à l'ouverture des travaux de la réunion, justifié la demande du gouvernement algérien par le fait notamment que l'Accord d'association, dans son volet démantèlement tarifaire, a induit des pertes substantielles en recettes douanières pour l'Algérie de l'ordre de 2,5 milliards de dollars au titre de la période 2005-2009 avec une projection pour 2010-2017 d'environ 8,5 milliards de dollars. Si les responsables algériens donnent l'impression, pour le moment, de se contenter d'une révision du calendrier du démantèlement tarifaire, il reste que Mourad Medelci ne s'est toutefois pas interdit de critiquer d'autres aspects de l'Accord d'association. M. Medelci a ainsi particulièrement regretté la pauvreté des investissements directs européens en Algérie et les nombreux freins qui continuent à contrarier la consécration du principe de la libre circulation des personnes. Deux aspects importants marginalisés au profit du volet commercial. « Mon pays, en signant l'Accord d'association, voulait développer une coopération globale qui couvrirait tous ses volets : politique, économique et commercial, culturel, social et humain. Or, jusqu'à maintenant, nous relevons clairement que le volet commercial a reçu une attention particulière par rapport aux autres », a-t-il mentionné, avant d'affirmer qu'il est de l'intérêt de tous que « la libre circulation des marchandises puisse s'accompagner d'une meilleure dynamique d'investissement et d'une meilleure mobilité des personnes ». Evoquant la problématique de l'accès des produits agricoles algériens sur le marché européen, le ministre a démontré, par exemple, que les exportations agricoles ont non seulement reculé, mais que même la consommation des contingents tarifaires alloués à l'Algérie reste très faible. Au chapitre des IDE européens, le responsable algérien n'a pas omis également de souligner que « l'Algérie considère que les flux d'investissement européens sont en deçà de ses attentes, en particulier ceux destinés à promouvoir la diversification de son économie et de ses exportations ».