Le cœur de la Chine bat sur une valse à deux temps. Tantôt l'ancien Empire du milieu se dit maître chez soi par rapport à sa monnaie nationale, tantôt il se positionne sur les demandes incessantes et répétées de la majorité du G8. La Chine semble vouloir plier l'échine et répondre aux demandes incessantes des Américains pour une plus grande souplesse dans la fluctuation du yuan et de poursuivre la réforme du mécanisme de taux change de sa devise. Réaction immédiate des États-Unis et du FMI qui saluent cette décision à quelques jours à peine du G8 suivi du G20 à Toronto, la ville reine du Canada. «La banque centrale de Chine a décidé de continuer à soutenir la réforme du mécanisme du taux de change du yuan et de renforcer la souplesse du taux de change du RMB», a indiqué la banque centrale chinoise sur son site internet. Les États-Unis espèrent voir ainsi l'amorce d'un rééquilibrage de leurs échanges avec la Chine avec qui ils accusent un énorme déficit commercial. Le président américain Barack Obama s'est félicité samedi de la décision chinoise. «La décision de la Chine d'augmenter la souplesse de son taux de change est une avancée constructive qui peut aider à soutenir la relance et contribuer à une économie mondiale plus équilibrée», a-t-il dit selon un communiqué. La Chine a systématiquement repoussé les pressions des Etats-Unis, qu'elle renvoie à leurs propres responsabilités, soulignant que le taux de change de sa monnaie n'est pas responsable de leurs déséquilibres structurels. De son côté, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a quant à lui qualifié de «très encourageant» le geste de Pékin. Un renminbi (monnaie du peuple, en Chine) plus fort est conforme aux conclusions du processus d'évaluation mutuelle du G-20 devant être présentées à Toronto la semaine prochaine. Tout un chacun pense qu'il donnera un sérieux coup de rein à l'économie tout comme il contribuera à accroître les revenus des ménages chinois et à créer les incitations nécessaires pour réorienter les investissements vers des industries servant le consommateur chinois. Pour la Commission européenne, «la Chine adresse un signal de confiance pour la reprise». La banque centrale chinoise avait toutefois souligné que rien ne justifiait d'«importantes variations ou changements» dans le taux de change et répété qu'elle continuerait à gérer le taux de change flottant «à l'intérieur de la bande (de fluctuation) déjà annoncée». Les partenaires commerciaux de la Chine estiment que la sous-évaluation du yuan permet à Pékin d'exporter ses produits à très bas prix. La monnaie chinoise fera l'objet de discussions au sommet du G20 à Toronto, malgré l'opposition de la Chine, avait affirmé vendredi un haut-fonctionnaire canadien. Le sujet sera abordé lors d'un «exercice d'évaluation mutuelle» pour définir de quelle manière les pays du G20 peuvent contribuer à une reprise forte et durable de la croissance mondiale, avait précisé ce responsable sous couvert d'anonymat. Vendredi, la Chine avait pourtant répété que le taux de change de sa monnaie ne concernait qu'elle-même et ne devait pas figurer au menu des discussions de Toronto qui réunira les principaux pays riches et émergents. Fin mai, le président Hu Jintao, qui va participer au sommet du G20, avait évoqué une possible reprise «graduelle» de la réforme du système de taux de change sans fixer d'échéance.