Le pétrole a terminé en hausse de près de 2%, vendredi, sur le marché new-yorkais, affichant sur l'ensemble du mois une progression de plus de 9%, en réaction à la révision à la hausse du produit intérieur brut des Etats-Unis au quatrième trimestre. Le contrat avril sur le brut léger américain a fini sur une progression de 1,49 dollar, soit 1,91%, à 79,66 dollars le baril, après avoir abandonné la veille 1,83 dollar. Sur l'ensemble du mois, il a gagné 6,77 dollars, la plus forte progression en pourcentage sur un mois depuis mai 2009. Au même moment, le Brent prenait 1,09 dollar (1,43%) à 77,38 dollars. Stables dans les échanges électroniques précédant la séance new-yorkaise, les prix se sont installés dans le vert "en réaction aux chiffres du PIB, un peu meilleurs que prévu", a expliqué Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. La croissance du premier pays consommateur d'or noir a été revue en hausse, à 5,9% en rythme annuel. Ce chiffre est supérieur aux attentes des analystes, qui s'attendaient à ce que le ministère maintienne sa première estimation d'une hausse du PIB de 5,7% par rapport au trimestre précédent. Autre indicateur positif aux Etats-Unis, l'activité économique de la région de Chicago (Nord) a poursuivi son accélération en février pour le cinquième mois d'affilée. Les analystes attendaient une baisse. "Les opérateurs s'attendent à ce que la demande s'améliore dans les mois à venir", a expliqué M. Lipow. "A long terme, le marché pense que l'excès actuel d'offre va disparaître". Le baril texan, référence du marché new-yorkais, a ainsi effacé la plus grande partie de sa chute de la veille. "Le marché était totalement négatif hier (jeudi): mauvais indicateurs, la perception que l'économie allait ralentir", a rappelé Phil Flynn, de PFG Best Research. "Les chiffres du PIB ont évacué ces craintes". "Mais les questions demeurent: si la croissance est si bonne, pourquoi la demande d'énergie est-elle si mauvaise?", a-t-il nuancé. Le marché pétrolier se montre agité depuis plusieurs semaines face aux signaux contradictoires concernant la vigueur de la reprise envoyés par les indicateurs. "Bien qu'on ait des signes que la demande des pays de l'OCDE (industrialisés, NDLR) a touché le fond et s'améliore, pour l'instant, l'amélioration a été plutôt limitée", ont relevé les analystes de Barclays Capital. "La dichotomie entre la performance des pays de l'OCDE et des autres persiste, accentuée par le rythme frénétique de la croissance de la demande dans les marchés émergents", ont-ils ajouté. Lors d'un forum sur les prix du pétrole à Tokyo vendredi, le directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Nobuo Tanaka, a mis en garde contre un retour de la volatilité des cours une fois la croissance revenue. Selon le scénario de base de l'AIE, la baril pourrait grimper à 100 dollars en 2020, et atteindre 200 dollars en 2030. La hausse serait toutefois moins forte, avec un baril aux environs de 100 dollars en 2030, si des mesures étaient prises au niveau mondial pour améliorer l'efficacité énergétique.