Benachour Med Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, et le directeur général de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), William Lacy Swing ont animé conjointement, hier, une conférence de presse sur les questions multiples de la migration. Il faut souligner que l'OIM ouvrira bien tôt un bureau en Algérie. Sur la question des harraga, le ministre a déploré que «les médias se focalisent sur les harraga» alors que «le problème de la migration d'une manière globale est beaucoup plus important». En fait, les chiffres parlent d'eux-mêmes et el harga n'est pas un épiphénomène subsidiaire de la migration, loin s'en faut. Selon le bilan établi par le Centre national de surveillance et d'assistance maritime qui dépend des Forces navales, 1.533 émigrants clandestins ont été interceptés dans 132 opérations d'intervention dont 75 ont été effectuées en mer et 57 près des côtes, de janvier à octobre 2008. Le chiffre des interceptions de harraga durant le premier semestre 2009 est également important. Quant aux disparus, ils sont un courrier durable et aucune statistique officielle n'en fait état. Pour l'association Fortress Europe, le bilan est ahurissant: 13.761 immigrés sont morts aux portes de l'Europe entre 1988 et 2008. Ce chiffre n'est nullement exhaustif, Fortress Europe s'est basé sur les chiffres annoncés par les médias durant cette période. Enfin, les harraga, qui ont pu regagner le continent européen, se comptent également par des dizaines de milliers. Les droits des travailleurs migrants Sur un autre registre, Abdelkader Messahel a souligné l'importance du facteur développement dans le règlement de la question de la migration. Il dira que «nous avons engagé un dialogue avec nos partenaires au développement du Nord sur la problématique de la migration. Il s'agit de faire le lien entre la migration et le développement». Autrement dit, il souhaitera qu'il faut «s'attaquer» aux causes des phénomènes migratoires par le développement, précisant que «la priorité est de faire en sorte que le développement soit au centre du règlement et de la solution des problèmes migratoires». Faisant un parallèle entre les interprétations du phénomène entre les deux rives de la Méditerranée, le ministre a déclaré que la migration interne en Afrique est «beaucoup plus importante que le mouvement migratoire vers les pays du Nord», notant, dans la foulée, que «près de 20 millions d'Africains émigrent d'un pays à un autre à l'intérieur du continent». Le ministre algérien énoncera, par ailleurs: «Il ne faut pas que nous perdions de vue l'essentiel pour se focaliser sur une préoccupation qui est la seule préoccupation de l'Europe», avant d'ajouter qu'il faut «recentrer ce phénomène dans le cadre des politiques de restriction et d'interdiction d'entrées». Evoquant le dossier des droits des travailleurs migrants légalement installés dans les pays européens, Abdelkader Messahel a précisé que «le débat engagé dans ce sens avec les pays du Nord porte, particulièrement, sur les moyens de défendre les intérêts de ces personnes». A cet effet, le ministre a ponctué «la nécessité de mettre en relief les aspects positifs de la migration» en estimant qu'il est temps «pour les pays développés, et surtout les pays d'accueil, de ratifier la convention internationale sur la gestion des travailleurs migrants et de leurs familles, adoptée il y a plus de 17 ans par seulement une quarantaine de pays, dont l'Algérie», déplore-t-il. In fine, Abdelkader Messahel a estimé que les entretiens qu'il a eus avec William Lacy Swing, ont permis de débattre des problèmes de la migration dans toutes ses dimensions et d'évoquer les perspectives de renforcer la présence algérienne au sein de l'OIM. B.M.