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Que faire face à la grippe H1N1 ?
Publié dans El Watan le 04 - 01 - 2010

Il y a eu, il y a, il y aura toujours des épidémies de grippe humaine. La prochaine sera-t-elle le H5N1 asiatique ?
Hippocrate décrivait déjà une affection respiratoire d'allure grippale. On signale des vagues de fièvre et de toux en Europe du IXe au XIIIe siècles. La plus ancienne pandémie, dans le vieux continent, remonte probablement à 1889 avec mort d'enfants et de personnes âgées, elle était due (rétrospectivement) à un virus H2N2. Celle de 1918-1920, la grippe espagnole avait atteint la totalité du globe en un temps restreint… le virus a mis un mois pour aller de New York à San Francisco… par le train, probablement ! Elle fit entre 20 et 50 millions de morts, suivant les auteurs, et était due à un virus H1N1. La grippe asiatique (1957-1958) et la grippe de Hong-Kong (1968-1969) ont chacune causé la mort d'environ un million de personnes. Ce virus a laissé la place en 1957 à H2N2, puis survint H3N2 en 1968, à partir de 1977, le H1N1 est réapparu. Le 11 juin dernier, l'OMS a déclaré pandémique le nouveau virus A (H1N1) ayant émergé au Mexique. Le dernier bilan de l'OMS publié il y a quelques jours parle de 10 582 morts à travers le monde dus au virus H1N1 (au 18 décembre 2009), il témoigne du caractère peu grave de la pandémie. Ce nombre ne couvre certes pas une année entière, mais il serait vraiment très étonnant que ce chiffre se multiple par 10 d'ici à 4 mois. La grippe saisonnière tue chaque année environ 100 à 200 000 personnes, voire parfois plus sans que ne soit pour autant décrétée la pandémie. Nonobstant l'apparition de cas de grippe aviaire hautement virulente, puis de cas humains avec une mortalité supérieure à 50 %, dus à un virus H5, totalement nouveau pour l'homme, inquiète à plus d'un titre les épidémiologistes. En effet, le type H5, qui décime les élevages avicoles du Sud-Est asiatique, présente contrairement au H1N1 une virulence élevée avec une contagiosité interhumaine relativement faible, le H1N1, lui, présente une transmission interhumaine très élevée avec un taux de mortalité fort heureusement beaucoup plus faible. Le vrai risque, comme le signalent certains experts après l'alerte donnée par une étude norvégienne sur la mutation de certaines souches H1N1, viendrait du réassortiment. A/H1N1 a une faible virulence, mais une haute contagiosité, sa virulence pourrait augmenter s'il s'hybridait avec A/H5N1, par exemple. Un réassortiment conférerait au virus ainsi créé la transmissibilité humaine plus facile et surtout interhumaine (non prouvée absolument) que le virus aviaire n'avait pas vraiment. Une éventuelle pandémie H5N1, dans ce cas de figure, aurait des conséquences beaucoup plus désastreuses que celle du H1N1 actuelle. L'OMS rappelle que la vigilance sur une éventuelle mutation du virus doit inclure la surveillance des infections de grippe chez les animaux sensibles, les mammifères ou les oiseaux, chez qui la transmission croisée entre espèces est déjà connue.
Le porc peut fonctionner comme un véritable « réservoir » de virus grippaux favorisant l'échange de matériel génétique et donc la mutation du virus. Des infections dans des élevages de porcs, en Chine par exemple, ont été rapportées, des preuves limitées suggèrent la transmission directe du virus de l'homme à l'animal, la transmission du porc à l'homme étant avérée. Avec la diffusion de l'épidémie, l'OMS souligne que la transmission de l'homme au porc pourrait devenir plus fréquente. La conséquence d'une mutation importante serait, on l'aura compris, un virus circulant qui ne serait plus sensible aux traitements antiviraux actuels (oseltavimir et zanamivir) et pour lequel le nouveau vaccin perdrait de son efficacité. D'autres craintes sont suscitées par la reconstitution, dans des laboratoires classés non sécurisés, de certaines souches de ces virus qui ont montré une virulence hautement mortelle, jetant l'émoi dans les milieux scientifiques quant à l'utilisation terroriste de ces virus qui ne connaîtrait ni frontières ni races. Depuis 1947, l'OMS développe un programme mondial de surveillance de la grippe. Celui-ci vise à coordonner les actions globales et nationales, 110 laboratoires de référence situés dans 80 pays envoient les souches isolées à 4 centres mondiaux de référence (Atlanta, Londres, Tokyo, Melbourne) qui en font une étude précise aboutissant à proposer la composition antigénique du vaccin de l'année suivante. L'OIE, la FAO, l'OMS se sont inquiétées de la naissance du nouveau virus grippal aviaire H5N1, en particulier après l'apparition de cas mortels à HongKong en 1997. Le communiqué OMS, de mi-septembre 2005, dit textuellement : « On ne sait avec précision ni quand la pandémie arrivera ni quelle en sera la gravité, mais les experts prévoient qu'elle aura bien lieu…. » En fait, ce n'est qu'une question de temps.
Les recommandations internationales dans le cas d'une menace de pandémie de grippe :
Au niveau gouvernemental
Un plan de prévention et de lutte contre l'influenza doit être créé pour coordonner les plans nationaux, surveiller le cheminement de la pandémie, superviser la production et le stockage des antiviraux, faciliter les relations entre les différentes institutions gérant ce problème au niveau national et mondial, encourager la vaccination antigrippale classique (17% de la population est vaccinée). En ces temps de récession économique, les plus gros dégâts seraient causés par la baisse de l'activité et l'absentéisme ; les experts estiment que le coût, avec seulement 10% d'absentéisme, se chiffrerait à des dizaines de milliards de dollars. Les recommandations internationales dans ce contexte sont :
Mise au point de tests diagnostiques simples, rapides, peu coûteux ;
procédure de déclaration immédiate et identification rapide des virus du terrain ;
éviter l'introduction de volailles contaminées ;
abattage des élevages contaminés ;
précautions vestimentaires du personnel chargé de la collecte, l'abattage et la destruction des volailles infectées ;
surveillance des oiseaux migrateurs et sauvages et de leurs zones de repos ;
concertation internationale (OMS, FAO, ONU, CEE, OIE, etc.) ;
contrôles sanitaires renforcés dans les aéroports ; voire fermeture de ceux-ci ;
limiter, dans la mesure du possible, les contacts entre oiseaux domestiques et sauvages, or le mode d'élevage « poulet fermier » a un parcours extérieur d'une surface réglementée ;
envisager la possibilité d'une vaccination aviaire, cela a été appliqué en Asie et surtout en Chine où des milliards de doses de vaccin ont été utilisés ;
restriction, voire suspension, de voyages à destination ou à partir de zones atteintes ; mise en isolement des voyageurs provenant de celles-ci ;
instauration de mesures d'hygiène d'urgence ;
adapter le service de santé à un flux massif de patients dans les hôpitaux ;
prévoir une stratégie d'information sur le risque sanitaire réel de la grippe asiatique et mexicaine ainsi que les moyens de s'en prévenir. A en juger par nos médias, cette information circule bien, trop bien peut-être, (aboutissant à effrayer la population !).
prévoir enfin la continuité des services administratifs et des services techniques essentiels et nécessaires à la vie de notre société pour éviter une paralysie totale ;
augmenter les infrastructures des services de santé animale et humaine ;
prévoir enfin les premières doses de ce vaccin pandémique au personnel médical et hospitalier, lorsque ce vaccin sera produit.
Au niveau sanitaire
Ce qu'il faut savoir, c'est que dans le cadre de la pandémie actuelle H1N1 comme dans le cas d'une éventuelle pandémie H5N1 : 1- La transmission se fait de la même manière que celle d'une grippe saisonnière :
Par la voie aérienne, c'est-à-dire la dissémination dans l'air du virus par l'intermédiaire de la toux, de l'éternuement ou des postillons ;
par le contact rapproché avec une personne infectée par un virus respiratoire (lorsqu'on l'embrasse ou qu'on lui serre la main) ;
par le contact avec des objets touchés et donc contaminés par une personne malade (exemple : une poignée de porte). 2- Les symptômes de la grippe A/H1N1 chez l'homme sont, dans la majeure partie des cas, les mêmes que ceux de la grippe saisonnière (plus virulents pour le H5N1) : fièvre, courbatures, toux et fatigue notamment.
La prévention
En cas de pandémie, le respect des mesures d'hygiène élémentaires est une règle indispensable pour limiter les risques de contamination. Ces règles d'hygiène essentielles concernent :
le lavage de mains ;
le mouchage ; _
le nettoyage des objets et des surfaces ; _
le traitement des déchets ; _
la limitation des contacts physiques ; _
le port de masque. Le lavage des mains joue un rôle-clé dans l'hygiène, puisque c'est par les mains que se propage la majeure partie des maladies infectieuses. En situation de pandémie, le lavage régulier des mains constitue un geste essentiel de protection, il vaut mieux éviter de serrer les mains. Il faut se laver les mains à l'eau et au savon liquide (les savons en pain ne sont pas aussi hygiéniques, car ils restent humides et conservent les virus), notamment :
avant de préparer les repas et après avoir cuisiné ;
avant de manger ;
après avoir utilisé les transports collectifs ;
après avoir rendu visite à une personne malade ou avoir eu un contact proche avec le matériel qu'elle utilise ou ses effets personnels. A l'extérieur, il faut prévoir des lingettes nettoyantes à usage unique, afin de pouvoir s 'essuyer les mains à défaut d'eau et de savon liquide en attendant de se laver. Se moucher, éternuer, cracher, tousser sont des actions du quotidien qui peuvent être à haut risques en cas de maladie, car elles disséminent les postillons. Pour freiner la pandémie et sauver des vies, quelques gestes simples sont salvateurs :
Se couvrir la bouche quand on tousse ou on éternue avec un mouchoir à usage unique ou avec le bras ou la manche ;
ne cracher que dans un mouchoir ;
se laver les mains après avoir toussé, éternué et craché dans un mouchoir. Le mouchoir doit être en papier à usage unique. Après usage, il doit être jeté dans une poubelle, il faut savoir que dès les premiers symptômes, une personne est contagieuse. Au plus fort de la pandémie, pour ne pas contaminer les autres ni être soi-même contaminé, il est fortement recommandé :
D'éviter tous les contacts directs entre personnes et particulièrement avec les personnes malades : ne pas embrasser, serrer la main ou toucher le visage ; de conserver, autant que possible, une distance minimale de protection sanitaire d'au moins 1 m entre personnes. Le port de masque La règle de base est que les malades doivent éviter de sortir et d'éviter le contact avec les autres, quand cela n'est pas possible, la personne grippée doit porter un masque antiprojections (de type chirurgical). Le masque est destiné à éviter au malade de contaminer son entourage et son environnement. Le masque de protection respiratoire (masque FFP2) est réservé aux professionnels qui seraient amenés à être en contact régulier et rapproché avec des malades (professionnels de santé, services de secours…). C'est un appareil de protection respiratoire jetable, qui protège celui qui le porte contre l'inhalation d'agents infectieux transmissibles par voie aérienne.
Le traitement
Il existe deux types de médicaments antiviraux Les adamantanes (amantadine et rémantadine). Les inhibiteurs de la neuraminidase (l'oseltamivir (Tamiflu ®, Saiflu ®) et le zanamivir (Relenza ®). Ils sont prescrits après consultation et diagnostic réalisés par un médecin, dès l'apparition des premiers symptômes. Ils ne constituent en aucun cas un traitement préventif. A ce titre, l'Algérie doit disposer d'un stock suffisant de traitements antiviraux, constitué dans le cadre du « Plan national de prévention et de lutte contre une pandémie grippale ». Ces recommandations ne sont valables qu'en situation de pandémie déclarée par l'OMS, c'est-à-dire en phase 6 du plan (nous sommes actuellement en phase 5).
Le vaccin
La particularité, cette année, aura été la coïncidence de la vaccination classique contre la grippe saisonnière avec celle contre la grippe porcine. Solliciter notre système immunitaire, par deux ou trois doses d'antigènes différents en un temps aussi cours constitue selon certains scientifiques une nouveauté dans l'histoire des vaccinations. Elle est inquiétante à plus d'un titre : le vaccin H1N1 n'a pas été produit par la technique conventionnelle du vaccin de la grippe saisonnière. Pour les besoins de production accélérée (vu les quantités d'antigènes à produire rapidement), les laboratoires ont eu recours à une nouvelle technique, dont le principe repose sur l'amplification de la réponse immunitaire par des adjuvants. Le vaccin H1N1 contient désormais 10 fois moins d'antigène grâce à la présence de l'adjuvant AS03, un amplificateur d'effet qui consiste en un mélange de squalène et de polysorbate. Certains scientifiques ont émis des réserves en soulignant le fait qu'un tel adjuvant n'a jamais été utilisé auparavant dans un vaccin commercialisé à large échelle et peut donc déclencher des réactions immunitaires excessives et augmenter la probabilité et la fréquence d'effets secondaires rares, mais graves et dangereux, tels que le syndrome de Guillain-Barré. En rappelant qu'il faudrait ne pas reproduire les erreurs de la campagne de vaccination massive de 1995 contre l'hépatite B : après que d'importants effets secondaires aient été signalés, la vaccination systématique des adolescents dans les collèges et les lycées a été suspendue. Elle ne reprendra jamais. Selon le rapport de la Direction générale de la santé (Dgs) du 15 février 2002, cette campagne de vaccination contre l'hépatite B aurait produit « la plus grande série d'effets indésirables recueillis en pharmacovigilance depuis sa naissance en 1974 » : 1012 cas d'affections démyélisantes centrales, dont 802 scléroses en plaques, 101 affections périphériques, 81 cas de lupus, 79 polyarthrites rhumatoïdes et 36 thyroïdites. Selon l'oms : « Des études laissent à penser que la vaccination régulière contre la grippe saisonnière pourrait être associée à une augmentation du risque de syndrome de Guillain-Barré, de l'ordre d'un à deux cas par million de personnes vaccinées. Pendant la campagne de vaccination antigrippale de 1976 contre la grippe porcine, ce risque a augmenté pour atteindre environ dix cas par million de personnes vaccinées, ce qui a conduit à un retrait du vaccin. Ces réserves et craintes trouvent toute leur légitimité au regard des réactions allergiques graves observées au Canada qui ne semble pas pour autant pousser l'oms à remettre en cause sa stratégie de vaccination de masse contre le virus H1N1. Une position critiquée par certains experts qui ne manquent pas de relever, que sous prétexte de pandémie, cette organisation a offert, de temps à autre, de somptueux cadeaux au firmes pharmaceutiques. En conclusion et compte tenu de la pertinence de toutes ces données, ne serait-il pas plus prudent pour nos autorités sanitaires d'élargir la concertation quant à l'opportunité ou non de procéder à la vaccination de notre population par ce vaccin adjuvanté et de mobiliser les moyens financiers correspondants (un vaccin coûte environ 10 euros) et humains dans la lutte contre ce fléau par :
La multiplication des efforts en matière d'information et de sensibilisation ;
l'instauration de mesures de salubrité et d'hygiène strictes dans les lieux publics, écoles, université, mosquées, en offrant les moyens matériels adéquats (eau potable, réseaux sanitaires, toilettes publiques, produits et personnel d'hygiène et d'entretien) ;
l'augmentation des capacités matérielles et humaines de nos structures sanitaires ;
veiller à la constitution d'un stock suffisant de médicaments notamment ceux destinés aux maladies chroniques et aux populations à risques (plusieurs médicaments sont actuellement introuvables dans les pharmacies) ?
L'auteur est : Pharmacien
Sources : www.who.int/csr/don- www.lemonde.fr/planete - www.santélog http://grippe-a-h1n1.over-blog.comhttp://www.pandemiedegrippe.com


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