Le déficit en main-d'œuvre qualifiée est criard en Algérie. Plusieurs secteurs d'activité, pourvoyeurs pourtant de postes d'emploi, se heurtent à ce problème qui se pose parfois comme obstacle à l'évolution rapide des projets. Il aura fallu que l'Algérie s'engage dans la réalisation de projets et de chantiers, dont des infrastructures de base, pour mettre à nu le manque en ressources humaines capables de prendre à bras-le-corps ces projets et les réaliser dans les délais. Et au moment où la chasse à la matière grise fait rage dans le monde avec en prime des avantages offerts par les pays occidentaux pour attirer l'élite africaine dont l'Algérie qui en souffre de l'exode de ses meilleurs cadres, des projets sont lancés et les entreprises en charge de les mener à terme n'ont pas hésité à faire appel à leurs ouvriers. C'est donc une véritable problématique à laquelle les pouvoirs tentent de trouver des solutions, car le phénomène n'est pas prêt d'être résolu. Le constat s'applique aussi bien dans les domaines de la santé, des technologies de pointe ou encore les travaux publics. Ce secteur qui a amorcé une dynamique jamais égalée depuis des décennies au vu des projets programmés en fait les frais du manque de cadres et autres ouvriers qualifiés. Les entreprises chinoises se sont vite rendues à l'évidence en faisant appel à leurs moyens humains. La situation urge donc pour notre pays dont la tranche des jeunes reste majoritaire. La formation via ces entreprises étrangères est l'outil privilégié et s'avère même une clause incluse dans certains contrats. Le secteur des travaux publics tente tant bien que mal de rattraper le retard dans ce domaine. Un appel pour le recrutement des cadres nationaux est lancé par le ministre du secteur. "2 000 cadres et ingénieurs spécialisés, notamment des lauréats des universités algériennes, doivent être recrutés pour renforcer le projet de l'autoroute", a déclaré, depuis Constantine, Amar Ghoul, ministre des Travaux publics. Lors de sa visite qui l'a mené dans plusieurs wilayas de l'est du pays pour inspecter les chantiers de l'autoroute tronçon Est, le premier responsable du secteur des travaux publics a réitéré ses consignes quant à la nécessité de faire de ce "chantier du siècle en Algérie" une "université ouverte" capable de former, à terme, 5 000 cadres capables de conduire de grands projets. C'est donc une opportunité qui s'offre aux centaines de diplômés algériens qui parfois ne trouvent pas de débouchés après des années d'études. Et ce sera peut-être un pas pour que l'élite retrouve sa place d'autant qu'elle est toujours convoitée de l'extérieur. Le séminaire organisé à Alger samedi dernier a montré combien est grand le déficit en communication pour montrer le chemin du retour à la matière grise algérienne établie à l'étranger.