Après des entretiens cette semaine à Washington dont il est sorti déçu selon son entourage, le président palestinien Mahmoud Abbas avoue "ne pas savoir" si un accord de paix avec Israël pourra être conclu d'ici la fin de l'année, comme l'a souhaité George Bush. "Les divergences entre nous et Israël sur les questions du statut final sont profondes. Parviendrons-nous à un accord d'ici la fin de l'année? Je ne sais pas, nous verrons", a-t-il dit samedi dans une interview accordée à Reuters. "Mais mon choix est de négocier. Je continuerai à négocier jusqu'à la fin", a ajouté Abbas à Charm El-Cheikh où il doit rencontrer le président égyptien Hosni Moubarak. Le président palestinien a rejoint la station balnéaire égyptienne directement de Washington. Abbas a déclaré qu'un accord ne serait possible que si Israël adoptait des "positions plus réalistes" dans les pourparlers. Sans accord, a-t-il estimé, les Palestiniens se retrouveraient dans une position difficile et Abbas se chargerait d'envisager la prochaine étape en coordination avec d'autres dirigeants palestiniens et les pays arabes. George Bush, qui se rendra le mois prochain en Israël, avait parrainé la conférence d'Annapolis, en novembre dernier dans le Maryland, au terme de laquelle les deux parties s'étaient engagées à conclure un accord d'ici la fin du mandat du président américain, en janvier 2009. Le chef de la Maison blanche a assuré jeudi au président palestinien que les Etats-Unis s'impliqueraient davantage dans les prochains mois pour tenter d'aplanir les divergences. Abbas a de son côté indiqué à Bush et aux responsables de l'administration américaine qu'il ne voulait pas voir de document de compromis des Américains dans l'hypothèse d'un échec des discussions. L'entourage du président palestinien rappelle que l'échec des négociations de Camp David parrainées par Bill Clinton en 2000 avait été imputé au refus de Yasser Arafat d'accepter un ensemble de mesures présentées par le président américain. Mahmoud Abbas a également souligné qu'il n'accepterait qu'un accord ayant des chances d'être approuvé par référendum. "Nous avons discuté en détail avec les Américains de toutes les questions finales", a-t-il dit. "Je leur ai dit que nous ne voulions pas qu'ils présentent leurs propres idées pour une solution parce qu'il serait très difficile pour nous de les rejeter, et il serait encore plus difficile de les accepter." L'optimisme jusqu'ici affiché par Abbas dans les négociations a été douché par sa visite à Washington, selon son entourage. Les conseillers expliquent que la délégation palestinienne qu'il dirigeait s'est alarmée du fait qu'après des discussions détaillées sur les principaux points, on ait semblé lui proposer un territoire plus restreint que celui qu'elle réclame pour établir un futur Etat palestinien. Abbas recherche un accord qui aboutirait à la création d'un Etat en Cisjordanie, Jérusalem-Est comprise, et dans la bande de Gaza, les territoires pris par Israël après la guerre des Six-Jours en 1967.