Lors d'une conférence qu'il a animée, hier, à l'Institut de gestion et de planification, Abdelatif Benachenhou, ex-ministre des Finances, a exposé les dix recommandations pour une croissance réussie. L'ex-ministre a déclaré que la croissance actuelle est entièrement limitée. Insuffisante en quantité et qualité, cette croissance a produit des concentrations de revenus. Il a affirmé que le secteur financier a connu une capacité d'investissement de 30% et d'épargne de 55%. "Nous avons l'argent pour investir", a-t-il lancé. Cependant, l'argent est concentré sur trois secteurs : le Trésor public avec 3 500 milliards de DA ; Sonatrach avec 1000 milliards de DA et enfin l'argent des ménages épargnants chez les banques et les institutions financières avec 1000 milliards de DA. A ce propos, l'orateur dira qu'il y a "un manque de compétences humaines dans le domaine bancaire. Je ne veux pas dire que les responsables au niveau des banques n'ont pas les compétences requises, mais il faut de nouvelles mesures pour permettre à ce secteur de bien fonctionner", a-t-il indiqué. L'accès au marché financier à moyen terme étant quasiment fermé à l'Algérie, les autorités financières recoururent aux financements à court terme accompagnant généralement des opérations commerciales. La situation économique et financière du pays ne peut donc que continuer à se détériorer ; les mesures de libéralisation qui sont supposées introduire la rationalité dans l'utilisation des ressources nationales et donner libre cours à l'initiative privée ne peuvent réussir que si des moyens financiers substantiels en devises sont disponibles ; sinon, ces mesures aboutissent à la désorganisation encore plus poussée de l'économie, à l'étouffement de l'appareil de production, à la spéculation, à l'inflation et à l'expansion d'activités. Il a également estimé que le secteur des hydrocarbures, repose essentiellement sur Sonatrach, acteur principal. "Il faut muscler Sonatrach. L'Etat a décidé de mettre le groupe au centre d'un dispositif d'investissement. Il faut valider le programme de Sonatrach. Il faut s'occuper des projets en aval. Pourquoi autorise-t-on à Sonatrach à s'endetter à l'extérieur", estime l'orateur sur ce volet.Pour le volet agriculture, M. Benachenhou appelle au renforcement du secteur. "Le secteur a besoin d'argent, il faut réorganiser les droits de propriété d'exploitation", a-t-il estimé. Pour lui, il s'agit aussi d'un potentiel de substitution aux importations qui est extrêmement important. Il ajoute que nos importations en ciment ont atteint 100 millions de tonnes et la production des cimenteries en 2007 a atteint plus de 11 millions de tonnes et 14 milliards de DA de bénéfices. "Bientôt à l'horizon de 2012 nos cimenteries peuvent exporter" Pour la promotion des exportations qui est un autre pilier de la croissance, il estime qu'il faut diversifier les exportations hors hydrocarbures "on a un potentiel minier considérable". On a 150 millions de tonnes de marbre à exporter annuellement "nous avons des réserves de marbres pour 8 siècles". L'ex-ministre a également évoqué la construction navale qui est une question importante pour la croissance industrielle et dans la coopération internationale. Il estime que la privatisation est un moteur de croissance si elle est bien régulée et suivie. Les mécanismes de transfert doivent être définis avec précision et de manière aussi exhaustive que possible. L'Etat ne peut conserver sa crédibilité, au cas où il l'estime nécessaire pour conforter sa légitimité, s'il liquide clandestinement tout ou partie de l'actif productif qu'il détient ; la publicité des transactions, dans le cadre des adjudications publiques, de ventes d'actions représentant le capital des unités à privatiser est une obligation morale en même temps qu'elle constitue la garantie que les privatisations ne sont pas en fait des opérations de liquidation à bas prix et au profit d'un petit groupe de personnes qui ont les "relations qu'il faut" parmi les décideurs. Evoquant les dossiers d'Algérie Télécom, d'Air Algérie et de la Cnan, M. Benachenhou dira qu'il faut les moderniser avant de parler de privatisation L'orateur a évoqué aussi l'expérience de nos voisins maghrébins dans le développement. Il ajoute que le secteur privé a des progrès considérables à faire dans la gouvernance la gestion mais aussi l'association des entreprises pour produire un projet réussi.