Le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a déclaré récemment que son secteur allait engager, à terme, des investissements de quelque 28 milliards de dollars, dont près de 20 milliards devront être financés par des banques nationales. Il a, à ce titre, appelé les banques publiques à plus d'implication dans le financement des investissements des projets du secteur de l'énergie en Algérie, notamment ceux liés à la pétrochimie. Il faut dire que l'importance du programme pétrochimique prévu par Sonatrach exige la mobilisation de gros financements, surtout quand on sait que les coûts de construction des installations pétrochimiques et les fabriques d'aluminium ont triplé depuis trois ans. Cette question des surcoûts de construction risque donc de se poser sur un certain nombre de projets déjà lancés par Sonatrach. Il en est ainsi de l'aluminerie géante de Béni Saf qui risque de coûter beaucoup plus d'argent que prévu initialement par ses initiateurs.Fruit d'un partenariat entre Sonatrach et la société émiratie Mubadala Development, ce complexe est implanté dans la zone industrielle de Béni Saf, qui est appelée à devenir un "pôle" économique avec la concrétisation de ce projet qui produira, dans une première phase, 700 000 tonnes/an d'aluminium à l 'horizon 2012 et créera quelque 10 000 emplois. Evaluée en 2005 à près de 5 milliards de dollars, la construction de cette usine et ses installations annexes va coûter plus de 7 milliards de dollars, selon de récentes prévisions, livrées par le quotidien en ligne "toutsurlalgeire". Selon les déclarations de Brian F. Kenny, chef de projet Dubal, faites lundi et reprises par le quotidien en ligne, "les prix de construction d'unités de fabrication d'aluminium ont triplé en trois ans. A présent, il faut compter au moins 5 500 dollars la tonne d'aluminium". Aux 4 milliards de dollars nécessaires pour l'installation de la fabrique d'aluminium, le groupement algéro-émirati doit dépenser plus de 2 milliards de dollars pour la centrale électrique de 2 000 KW, des centaines de millions de dollars pour la station de dessalement de l'eau mer et le port en eau profonde, etc. Sans compter la construction des 2 500 logements nécessaires au projet. "La décision de réaliser cette aluminerie dépend du coût de sa construction. L'usine doit être viable économiquement. Des études économiques sont en cours. La décision finale sera prise fin 2008 par les investisseurs", a souligné M. Kenny. Pourtant les travaux de réalisation du projet du complexe viennent d'être lancés. Le suivi du projet a même été confié à un "comité de pilotage", composé de cadres de Sonatrach et de Mubadala Development ainsi que de directeurs des services techniques locaux concernés. La problématique des surcoût de réalisation est un élément à prendre en considération pour la concrétisation des projets. D'ailleurs, le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a relevé cette contrainte en insistant sur la flambée des prix des matières premières sur les marchés internationaux. Avec cette question des surcoûts de réalisation, le nombre considérable de projets lancés par Sonatrach risque de coûter beaucoup plus cher que prévu initialement lors du lancement du plan d'investissement de Sonatrach dans la pétrochimie.