L'embellie financière dont jouit le pays a un impact direct sur les banques publiques. Ces dernières font face à une problématique induite par leurs surliquidités. En effet, il y a actuellement 19 milliards d'euros de liquidités dans les banques. C'est du moins ce qu'a rapporté hier le quotidien électronique toutsurlalgérie.com. L'abondance des liquidités sur le marché est l'une des conséquences directes de l'augmentation des réserves de changes de l'Algérie (110 milliards de dollars en 2007). Ces réserves devraient atteindre 200 milliards de dollars en 2010, selon les prévisions du gouvernement. Mais cette situation est aussi due à la faiblesse des capacités d'absorbation de l'économie algérienne des sommes disponibles. "La solution est dans la création de nouvelles capacités locales d'absorption des liquidités en favorisant l'émergence de PME/PMI autour de grands groupes industriels", explique-t-on. La situation de surliquidités dans les banques pousse la Banque d'Algérie à procéder à l'assèchement de la masse monétaire pour éviter des poussées inflationnistes et une distribution non performante des crédits à l'économie. L'Algérie doit trouver rapidement des solutions pour permettre au secteur économique d'absorber 50% de l'argent disponible. En attendant, les banques publiques se tournent vers le financement de grands projets dans l'énergie. C'est ainsi que celles-ci devraient débloquer un financement de l'ordre de 1,1 milliard d'euros au projet de réalisation d'un complexe pétrochimique à Arzew. Aussi, le P-DG de Cnep Banque a annoncé que son établissement sera de la partie dans le financement de onze projets de Sonatrach. La Banque nationale d'Algérie (BNA), pour sa part a annoncé son intention d'engager des financements à hauteur de 92 milliards de DA (l'équivalent de 1,3 milliard de dollars) dans plusieurs projets d'investissement relevant du secteur de l'énergie, notamment ceux qui concernent la réalisation des stations de dessalement d'eau de mer de Magtaâ (Oran), d'une capacité de production de 500 000 m3/jour, et de Souk Tlata (Tlemcen), d'une capacité de 200 000 m3 par jour. Aussi, et à l'occasion de la signature des contrats de réalisation de deux complexes pétrochimiques à Oran (ouest de l'Algérie), le premier responsable du secteur de l'énergie, M. Chakib Khelil, a appelé les banques publiques à plus d'implication dans le financement des investissements des projets du secteur de l'énergie en Algérie, notamment ceux liés à la pétrochimie. Le ministre de l'Energie et des Mines a précisé que son secteur prévoit de lourds investissements d'un montant global de 28 milliards de dollars, dont "près de 20 milliards de dollars devront être financés par des banques nationales". Il précisera que les banques nationales "sont désormais en mesure de s'impliquer davantage dans le financement des infrastructures grandioses du secteur sous la formule du "Project Financing" en qualité d'arrangeurs financiers de telles entreprises, car elles détiennent les moyens financiers adéquats à ces projets". Ces derniers portent sur la réalisation d'unités pétrochimiques spécialisées dans la fabrication du méthanol, du cracking d'éthane et d'oléfine utilisé notamment dans la fabrication des engrais dont la quasi-totalité sera destinée à l'exportation. La compagnie pétrolière nationale dispose d'un programme d'investissement de 45 milliards $ pour la période 2008-2012. Sont également impliquées dans le financement de ces projets deux autres banques publiques, la BEA et le CPA.