Le saviez-vous ? Certains mots français sont d'origine arabe. Pour s'en convaincre il n'y a qu'à consulter “Le dictionnaire des mots français d'origine arabe ” qu'a signé le journaliste et romancier algérien, Salah Guemriche. Cet ouvrage à la fois historique et culturel aux éditions Du Seuil il y a une année.“Il y a deux fois plus de mots français d'origine arabe que de mots français d'origine gauloise” avait soutenu Salah Guermiche à qui il avait fallu quatre années de travail pour boucler cet ouvrage scientifique et linguistique de neuf cents pages (900 pages). La réalisation de ce travail de recherche historique a nécessité non seulement des études mais aussi des analyses et des travaux comparatifs dans le domaine. Dans “Le dictionnaire des mots français d'origine arabe”, Guemriche répertorie 391 mots ou racines de mots pour en expliquer l'emprunt par la langue française, un enrichissement qui s'est malheureusement souvent fait sans référence aucune à la langue mère. Leur transition par l'espagnol ou l'italien ayant plutôt servi de paravent, voire de source d'accaparement quant à leur origine première, explique-t-il. D'abricot à zéro, en passant par algèbre, alcool, arobase, bougie, café, chimie, calibre, douane, échecs, hasard, jupe, lilas, magasin, masser, nénuphar, pyjama, raquette, sirop, tarif, tulipe, zénith, ce Dictionnaire des mots français d'origine arabe (et, pour un certain nombre, turque et persane) retrace l'histoire de près de 400 termes, à travers leur étymologie, leur évolution orthographique, leurs usages ancien et moderne... Agriculture, zoologie, astronomie, botanique, médecine, mathématiques, gastronomie ou pharmacie, tous les domaines du savoir ou de la vie quotidienne sont touchés par ce métissage linguistique vieux de plusieurs siècles. Agrémenté d'une anthologie de textes allant de Rabelais à Houellebecq, cet ouvrage, premier du genre, est “ d'une valeur éducative exceptionnelle”, comme le souligne dans sa préface Assia Djebar, de l'Académie française. “Il n'y a pas de langue pure de tout emprunt comme il n'y a pas de race pure de tout métissage”, suggère ainsi Salah Guemriche dans le signifié de son dictionnaire. La préface du dictionnaire a été confiée à la femme de lettres algérienne, Assia Djebar, aujourd'hui membre de l'Académie française, qui a intitulé sa présentation de l'ouvrage le “ Voyage des mots arabes dans la langue française ” pour faire ressortir les trajectoires sinueuses et parfois escamotées à dessein de ces mots à travers les âges et les contrées de la Méditerranée. Assia Djebar conclut sa préface en soulignant que l'apport de Salah Guemriche est une découverte pour les nombreux jeunes français d'origine maghrébine : “Celle de la langue saisie dans ses mutations, métissée d'autres héritages, approchée à partir de ses arrières historiques que Guemriche appelle la mémoire de l'emprunt, ce français vivant et changeant, se présente en lieu d'hospitalité, et presque d'intimité”. Salah Guemriche, qui a effectué dans le passé plusieurs travaux universitaires en sociolinguistique et communication, est journaliste indépendant vivant en France et intervenant dans les quotidiens le Monde et Libération avant de se consacrer pleinement pendant quatre années au Dictionnaire des mots français d'origine arabe. Il est aussi l'auteur de romans littéraires et historiques, récits et recueils de poésie. Parmi ses œuvres connues on peut citer Un amour de djihad (Balland, 1995), roman historique sur la bataille de Poitiers qui lui a valu le prix Mouloud Mammeri, l'Homme de la première phrase (Rivages, 2000), l'Ami algérien (Lattès, 2003), cosigné avec Gérard Tobelem, et Un été sans juillet (Cherche-midi, 2004). Dans la présentation de l'éditeur il est dit que cet ouvrage constitue aussi, à l'heure d'un prétendu choc des civilisations, “ un apport précieux d'une urgence évident. ”