Edition n Salah Guemriche, journaliste et romancier algérien, sort au mois de mai aux éditions du Seuil Le dictionnaire des mots français d'origine arabe. Lors d'une cérémonie de promotion de l'ouvrage jeudi soir à la galerie d'art Arcima, à Paris, l'auteur a soutenu devant un auditoire de gens de culture et de journalistes qu'il y a deux fois plus de mots français d'origine arabe que de mots français d'origine gauloise. La réalisation de ce travail de recherche historique de près de neuf cents pages a nécessité quatre années d'études, d'analyses et de travaux comparatifs dans le domaine. La préface du dictionnaire de Salah Guemriche a été confiée à Assia Djebar, femme de lettres algérienne, membre de l'Académie française. Cette dernière a intitulé sa présentation de l'ouvrage «Le voyage des mots arabes dans la langue française» pour faire ressortir les trajectoires sinueuses et parfois escamotées à dessein de ces mots à travers les âges et les contrées de la Méditerranée. Guemriche répertorie trois cent quatre-vingt onze mots ou racines de mots pour en expliquer l'emprunt par la langue française, un enrichissement qui s'est malheureusement souvent fait sans référence aucune à la langue mère. Leur transition par l'espagnol ou l'italien ayant plutôt servi de paravent, voire de source d'accaparement quant à leur origine première, explique-t-il. Assia Djebar conclut sa préface en soulignant que l'apport de Salah Guemriche est une découverte pour les nombreux jeunes français d'origine maghrébine : «Celle de la langue saisie dans ses mutations, métissée d'autres héritages, approchée à partir de ses arrières historiques que Guemriche appelle la mémoire de l'emprunt, ce français vivant et changeant, se présente en lieu d'hospitalité, et presque d'intimité». «Il n'y a pas de langue pure de tout emprunt comme il n'y a pas de race pure de tout métissage», suggère ainsi Salah Guemriche dans le signifié de son dictionnaire. L'auteur est journaliste indépendant vivant en France, il intervenait alternativement dans Le Monde et Libération avant de se consacrer pleinement pendant quatre années de suite à son dictionnaire des mots français d'origine arabe. Il a effectué dans le passé plusieurs travaux universitaires en sociolinguistique et communication, et s'est adonné au roman littéraire, au roman historique ainsi qu'au récit et à la poésie. Parmi ses œuvres connues L'homme de la première phrase édité en 2000 aux Editions rivages, Un été sans juillet édité en 2004 aux éditions du Cherche-midi, et surtout Un amour de djihad un roman historique sur la bataille de Poitiers édité en 1995 aux éditions Balland et pour lequel il a été distingué par l'attribution du prix Mouloud Mammeri.