“Voyage des mots, de "nos" mots, ceux que nous parlons, que nous écrivons, que nous échangeons dans notre parole, au vent déclamé, dans une conversation d'affection ou d'amour, chuchotée”, écrit l'écrivaine et académicienne, Assia Djebar, dans la préface de Dictionnaire des mots français d'origine arabe. Paru aux éditions Seuil, cet ouvrage est une somme à caractère encyclopédique de 878 pages, qui représente le fruit d'une recherche approfondie qui a duré quatre années, du romancier et journaliste Salah Guemriche. L'auteur entame son introduction par une affirmation assez troublante : “Il y a deux fois plus de mots français d'origine arabe que de mots français d'origine gauloise.” Ceci est en partie dû à l'effet de la colonisation, puisque la France a été durant des siècles un empire colonial, qui a dominé durant des siècles, entre autres le monde arabe. La langue française est donc riche en apports extérieurs et surtout en mots arabes, notamment zéro, algèbre, arobase, zénith, chimie, alchimie, mat, madrague, luth, laquais, jarre, goudron, felouque, daman, civette, candi, bougie azur, etc. En fait, ce sont-là des emprunts nécessaires, engendrés par la force des choses, l'urgence et le contexte. Avec l'évolution des sociétés humaines, les différentes découvertes et l'exploration d'autres horizons, les linguistes ont eu recourt à des emprunts. L'arbitraire n'est donc pas de mise dans ce cas de figure. Bien au contraire, l'inspiration est venue de l'appellation arabe. Il est à noter que les mots récoltés et proposés dans ce dictionnaire ne sont plus d'usage aujourd'hui, ou ne le sont que très rarement. Toutefois, ces mots ont marqué la langue française mais également la littérature française, comme le mot “sequin” d'origine turque, utilisé par Balzac, dans sa Comédie humaine (Maître Cornélius, Etudes philosophiques). R. C. * Dictionnaire des mots français d'origine arabe de Salah Guemriche, 878 pages, éditions Seuil, Paris, mai 2009, 3650 DA