Il n'est pas dit que c'est une fatalité que l'Algérie va aller à l'économie de marché les yeux fermés, laissant s'éroder la décision nationale, ou carrément en transférant celle-ci vers dans les mains étrangères. Le retour opéré sur la loi portant sur les hydrocarbures atteste bien que les pouvoirs publics n'obéissent pas a une conjoncture, mais inscrivent leur stratégie sur le long terme, en témoigne la décision prise de mettre en place une nouvelle stratégie industrielle et d'extraire de la privatisation immédiate une centaine d'entreprises publiques qui, certainement, seront les instruments de cette nouvelle politique. L'Algérie ne va donc pas non plus transférer ses biens, ou plutôt ses richesses vers des mains étrangères pour ne plus pouvoir disposer des moyens de sa politique, des moyens de son développement, des moyens de lutte contre le chômage, des moyens de satisfaction des besoins socioéconomiques des populations. Comment peut-il être seulement imaginable que la génération qui a libéré le pays pour récupérer la souveraineté nationale puisse accepter, ou pire, puisse décider de brader l'économie, c'est-à-dire la souveraineté du pays ? Le Président, pour ce qui le concerne plus particulièrement, n'envisage pas du tout une économie de marché qui enlève à notre pays sa souveraineté. A travers ses discours portant sur l'ouverture de notre pays à l'économie de marché, il est aisé de comprendre le sens qui est donné à notre intégration dans l'économie mondiale. Il s'agit d'abord d'encourager les investissements productifs qui apportent avec eux la maîtrise technologique, le savoir-faire, car la richesse c'est d'abord l'homme, comme le fait remarquer le Président à chaque occasion. L'Allemagne avait bien été rasée par les forces alliées, mais elle fut reconstruite pour bénéficier d'une montée en puissance sur le plan économique encore plus grande qu'avant, car la richesse principale c'est l'homme et non les matières inertes. Le Président fait constamment le lien entre économie de marché, développement, maîtrise technologique et emploi. Si le programme de soutien à la croissance est financé par les dépenses publiques, c'est bien parce qu'il s'agit d'une phase préparatoire qui doit prendre en charge les infrastructures nécessaires à la facilitation des investissements. Il reste bien entendu que la vision portée par le Président consiste à faire de l'économie de marché l'instrument de financement du développement au lieu et place de l'endettement étatique ou de la dépense publique. Il appartiendra aux autorités de mettre en place les conditions devant favoriser le financement du développement par l'économie de marché afin de sortir, comme l'entend le Président, de la situation où le PNB et les revenus" augmentent grâce aux prix du pétrole et non à l'effort.