Le Centre culturel algérien de Paris rendra jeudi un hommage au militant de la cause nationale, le prêtre Robert Davezies, décédé le 23 décembre dernier. Plusieurs personnalités, comme la sociologue et spécialiste de l'histoire du Maghreb, Fanny Collona, la militante et membre du célèbre "Réseau Jeanson", Hélène Cuenat, les historiens Mohamed Harbi et Fawzy Didar ainsi que le politologue Jean Leca, seront conviés pour évoquer les multiples facettes de ce militant de la cause nationale également prêtre, poète, physicien et essayiste. L'artiste Sid Ahmed Agoumi fera à l'occasion de cet hommage lecture d'extraits de textes écrits par Robert Davezies. L'assistance sera également conviée à suivre des extraits d'un film "Les frères des frères" consacré à l'itinéraire de cette personnalité et dans lequel des proches et des camarades de lutte de cet homme apportent leur témoignage sur ce "porteur de valises". De l'exfiltration des militants de la Fédération de France vers l'Espagne, l'Allemagne, la Suisse et la Belgique à la collecte de fonds, en passant par la confection et la diffusion de la littérature anticoloniale, ou l'appui à des opérations militaires comme celle qui visait le ministre Soustelle, l'Abbé Robert Davezies s'est pleinement engagé dans le soutien à la révolution algérienne qu'il considérait comme une cause juste. Quand le "réseau Jeanson" est ébranlé par plusieurs arrestations, en 1960, Robert Davezies continue son aide au FLN, dans le cadre du réseau mis en place par Henri Curiel. Robert Davezies a également contribué à la création de "Jeune Résistance", une structure de déserteurs et d'insoumis français qui refusaient d'aller faire "la sale guerre" en Algérie et qui se sont réfugiés en Suisse. Ce "prêtre-ouvrier" sera arrêté en janvier 1961 par la DST. Condamné à trois ans de prison, il est incarcéré à la prison de Fresnes avec d'autres militants algériens et français. Il sera libéré quinze mois plus tard, après une grève de la faim."En prison, j'ai enseigné à mes frères algériens détenus, les mathématiques. Certains sont passés en six mois du niveau du certificat d'études à celui de la classe de seconde de lycée", se félicitait-il, une fois libre. En prison, lorsqu'il apprend, le 19 mars 1962, la signature des accords d'Evian, il écrira dans une de ses contributions: "Ce jour-là, j'ai compris que les hommes avaient le pouvoir de faire leur histoire".Louis Aragon a salué, dans une lettre publiée par la presse anticolonialiste, l'action de l'Abbé Davezies, qui "s'inscrit à l'actif de (notre) patrie, qui risque un jour de faire oublier qu'il y eut des tortionnaires qui se dirent Français". Ensuite, Robert Davezies s'est consacré à obtenir l'amnistie des militants français anticolonialistes, qui n'est intervenue qu'en 1966. Il a poursuivi son engagement au côté des mouvements de libération nationale, notamment en Angola et en Amérique Latine. Le "prêtre ouvrier" est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont "Le Front" (1959), un recueil de témoignages d'Algériens "le Temps de la justice" et "les Abeilles", récits sur la guerre de libération nationale et la vie des militants incarcérés dans les prisons françaises.Lors de la révolte estudiantine de mai 1968, son petit logement parisien, en plein quartier latin, est devenu un lieu de discussions et de rencontres "non stop" entre étudiants, mais aussi ouvriers et scientifiques. Ses proches et ses compagnons de lutte le décrivent comme un homme discret, militant acharné pour les causes des "sans-voix" et dont la vie a été complètement marquée par l'expérience de la guerre de libération nationale pour laquelle il s'est totalement engagé.