L'inflation est remontée à 8,5% en Chine en avril, se rapprochant de nouveau de son plus haut niveau depuis 12 ans et soulignant la nécessité d'une poursuite du resserrement de la politique monétaire, en dépit du ralentissement de la croissance mondiale. La hausse des prix à la consommation avait ralenti à 8,3% en mars après avoir atteint 8,7% en février, soit son plus haut niveau depuis mai 1996. Les économistes interrogés par Reuters la semaine dernière anticipaient en moyenne un chiffre de 8,3% pour avril. Les prix de l'alimentation, qui représentent un tiers du panier de calcul de l'indice global, affichent une progression de 22,1% sur un an alors que la hausse n'a été que de 1,8% pour les prix non-alimentaires, comme en mars. "Une priorité accrue doit être accordée à la maîtrise de l'inflation et au contrôle de la hausse des prix", a déclaré le Bureau national des statistiques dans un communiqué accompagnant ces chiffres. Samedi, le gouverneur de la banque centrale chinoise, Zhou Xiachuan, avait assuré que Pékin ferait passer la lutte contre l'inflation avant les objectifs de croissance ou d'emploi.Même si les indicateurs déjà disponibles sur l'évolution des prix alimentaires en mai traduisent une légère baisse, les pressions inflationnistes demeurent élevées: l'indice des prix à la production a atteint en avril, à 8,1%, son plus haut niveau depuis trois ans et demi. "Les pressions inflationnistes sous-jacentes ne refluant pas, il est vital pour le gouvernement de maintenir sa politique de resserrement monétaire pour ancrer les anticipations inflationnistes", commentent Hong Liang et Yu Song, deux économistes de Goldman Sachs, dans une note aux clients de la banque. Le gouvernement a bien déclaré vouloir durcir sa politique monétaire cette année mais il n'a pas une seule fois relevé les taux d'intérêt depuis le début de l'année, après six hausses en 2007. Pékin s'est contenté pour l'instant de poursuivre le relèvement des réserves obligatoires des banques, afin de durcir l'octroi de crédit, et d'accélérer légèrement l'appréciation du yuan, qui est passé lundi sous le seuil de sept pour un dollar, pour la première fois depuis l'abandon du lien fixe avec le dollar américain en juillet 2005. Après un mois de baisse du yuan, alimentée par les doutes sur la fermeté de la politique monétaire, "cela signifie que le gouvernement reste déterminé à mener une politique utilisant le taux de change du yuan pour combattre l'inflation", estime un trader d'une grande banque européenne à Shanghai. Pékin s'est fixé pour objectif officiel une inflation moyenne de 4,8% cette année mais plusieurs dirigeants ont reconnu ces dernières semaines que le chiffre réel serait très probablement supérieur à ce seuil.