La Banque africaine de développement a prévenu dimanche que le presque doublement des prix d'aliments de base au cours des derniers mois aurait des répercussions graves en Afrique, en particulier pour les pays les plus pauvres. Dans un rapport intitulé Perspectives économiques en Afrique, rendu public dimanche avant le sommet annuel de la Banque cette semaine, l'institution a souligné le besoin urgent d'agir. "A côté de la hausse des prix du pétrole, au cours des trois derniers mois depuis janvier, les prix de quelques-uns des plus importants aliments de base ont presque doublé", indique le rapport. Le prix du riz est passé de 373 à 760 dollars la tonne, pendant que le maïs a augmenté de 171 à 220 dollars la tonne. "Ces vastes et soudaines hausses des prix commencent à avoir de graves répercussions dans de nombreux pays africains", note la Banque. Le rapport indique que la situation frappe plus durement les pays les plus pauvres parce que leurs habitants démunis doivent consacrer une plus forte proportion de leurs revenus pour se nourrir. Environ 135 millions d'Africains seront affectés par la crise provoquée par la flambée des prix des produits alimentaires, a indiqué au début du mois le président de la BAD, Donald Kaberuka, annonçant des mesures pour le secteur agricole, notamment un budget d'un milliard de dollars supplémentaires pour lutter contre la hausse des cours. Par ailleurs, depuis le 1er mai, le prix du baril de brut a gagné près de 15 dollars. En cinq séances la semaine dernière, il a franchi sans coup férir les barres de 120, et jusqu'à 126 dollars à un rythme record d'un dollar par jour en moyenne. Pour les pays africains producteurs, il s'agit d'une bonne chose, même si beaucoup d'entre eux ne transforment pas le pétrole et sont donc obligés d'importer les produits raffinés. A noter que des dizaines de ministres africains des Finances, d'experts et de banquiers se retrouvent à Maputo pour la réunion annuelle de la Banque africaine de développement (BAD), dans un contexte tendu de hausse des prix des produits de base, et de flambée des cours du pétrole. Les "assemblées annuelles" organisées par la BAD vont réunir mercredi et jeudi "plus de 1.500 décideurs des secteurs privés et publics, incluant des chefs d'Etat et de gouvernement ainsi que des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales des 77 pays membres du groupe" de la BAD. Une série de réunions et de séminaires précèdent depuis lundi le sommet proprement dit, portant notamment sur les défis liés à l'urbanisation, l'efficacité de l'aide au développement, ainsi que la présentation du rapport annuel de cette institution financière.Pour l'instant, ces problèmes ne handicapent pas la croissance du continent, toujours forte à 5,7% en 2007 globalement, selon un autre rapport rendu public lundi et réalisé conjointement par la Banque africaine de développement (BAD), l'OCDE et la Commission économique pour l'Afrique (CEA) de l'ONU "Le taux de croissance du PIB devrait se renforcer autour de 6% en 2008 et rester à ce niveau en 2009", ajoute ce rapport, soulignant que "la croissance économique s'élargit avec davantage de pays qui doivent atteindre un taux de croissance autour de 5%". Le rapport explique cette forte croissance essentiellement par "une forte demande extérieure pour les ressources pétrolières et minières, des investissements plus importants dans ces secteurs et de bonne conditions climatiques pour l'agriculture."