La polémique autour de l'établissement d'un commandement militaire américain en Afrique rebondit. Les révélations de l'édition ivoirienne du magazine "Marchés tropicaux et méditerranéens" du 1er février sont pour le moins troublantes. Sous le titre "Africom : sans quartier général fixe", l'un des articles du magazine en question indique qu'après avoir été confronté à l'hostilité de nombreux pays d'Afrique du Nord et du Sahel, ainsi que le Nigeria, l'Africom, actuellement établie à Stuttgart, en Allemagne, négocierait avec Rabat une installation dans le "Sud marocain" entendre par là le territoire du Sahara Occidental occupé bien évidemment. Selon le même article, l'Africom ne pourrait opérer depuis Stuttgart. Le magazine reprend les propos de l'économiste français Michel Rogalski, chercheur au CNRS qui affirme que "c'est absurde, Africom cherche à quitter Stuttgart, ils ont déjà essayé plusieurs fois". L'article en question évoque également l'intervention du chercheur à Dakar, le 24 janvier dernier, qui a annoncé que le quartier général de l'Africom pourrait être abrité dans une base militaire située dans le Sud marocain. Et en dépit des démentis de Mary Carlin Yates, qui prétend n'avoir entamé "aucune discussion avec un pays du Maghreb", M. Rogalski maintient son affirmation en disant que "les négociations avec le Maroc sont à un stade avancé. C'est une information qui m'a été transmise il y a environ une semaine. Mais cette décision est difficile à rendre publique, notamment pour les autorités marocaines". "Marchés tropicaux et méditerranéens" n'hésite pas à évoquer dans ce sens la promesse d'une aide accrue au Royaume chérifien. Il est clair donc que la position américaine sur le dossier du Sahara occidental risque d'aller à l'encontre de la légalité internationale. Ce ne sera pas la première fois en tout cas. Depuis les attentats du 11 septembre, Washington a lancé sous le couvert de la lutte internationale contre le terrorisme une chasse aux sorcières, bravant tous les préceptes du droit international. En Afrique, c'est à coups de pseudo-aides au développement et de vidéo-conférences et de tournées de hauts responsables américains que la Maison-Blanche veut faire aboutir le projet de mise en place d'un commandement militaire pour l'Afrique. Tant d'obstination ne peut s'expliquer que par les richesses pétrolières enfouies dans le sous -sol sahélien. D'après M. Rogalski "dans dix ans, 25% du pétrole importé par les États-Unis viendra d'Afrique, contre 18 % actuellement, dépassant déjà les quantités de pétrole importées du Moyen-Orient (17 %)". L'enjeu est clair. Washington n'a pas réussi à obtenir le soutien du Nigeria qui est le plus gros producteur de pétrole africain. L'Alternative du Sahara occidentale attise les convoitises de la Maison-Blanche, d'autant que ses richesses pétrolières et minières sont aujourd'hui avérées.