Les Etats-Unis semblent ne reculer devant rien pour dicter leur façon de concevoir le monde. Etant incapables de faire face aux conséquences désastreuses de la politique économique de l'administration Bush, qui a conduit la première puissance mondiale à sombrer dans une récession qui a débuté, selon la banque américaine Merrill Lynch, au premier trimestre, les Etats-Unis, comme à leur habitude, usent de leur arme favorite : les représailles. En effet, la Chambre des représentants américaine a adopté, mardi, un texte permettant au ministère de la Justice de poursuivre des Etats membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) accusés de restreindre l'offre de pétrole et de s'entendre pour fixer les prix du brut. Le texte soumettrait ainsi les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, parmi lesquels se trouvent l'Arabie Saoudite, l'Iran et le Venezuela, aux mêmes lois antitrust que celles qui s'imposent aux entreprises américaines. Le texte implique la création d'une équipe spécialisée rattachée au ministère de la Justice, chargée d'enquêter sur le mécanisme des prix et sur d'éventuelles manipulations des cours du pétrole.Elle serait également chargée de déterminer les conséquences sur les cours des fusions dans l'industrie pétrolière. Selon les défenseurs du projet de loi, elle priverait l'Opep de son “immunité souveraine” et permettrait d'appliquer à son encontre les lois antitrust condamnant les ententes sur les prix et les manipulations de cours.En évoquant les lois antitrust, le Sénat américain suggère que les pays membres de l'Opep manipulent le cours. Aveuglée par son arrogance, la Chambre des représentants américaine assimile une organisation mondiale regroupant des Etats à une entreprise américaine. Dans leur besogne effrénée à trouver un bouc émissaire à leur fiasco économique face à leur opinion publique, les membres de Chambre des représentants oublient que la flambée des prix du pétrole a eu comme élément déclencheur l'invasion de l'Irak en 2003. La crise des subprimes, preuve de la faillite du système financier américain, a été le facteur majeur de l'emballement des cours depuis 2007. Et enfin, la dévaluation du dollar, résultat de la politique économique de Bush, a fini par enfoncer encore plus le clou. En stigmatisant l'Opep, la Chambres des représentants américaines oublie que le seuil de 100 dollars le baril a été franchi à cause du zèle d'un spéculateur qui voulait entrer dans l'histoire en étant le premier à acheter un baril à ce prix. Reste que cette loi a de grandes chances de ne jamais être appliquée. La Maison- Blanche a prévenu qu'elle y opposerait son veto, arguant de possibles mesures de rétorsions de la part du cartel du pétrole. L'an dernier, une mesure similaire avait été adoptée par le Sénat, mais annulée par la menace de véto de la Maison-Blanche. Par ailleurs, la pression américaine était particulièrement forte sur notamment l'Arabie Saoudite, qu'une aile démocrate du Congrès menaçait la semaine dernière de bloquer des ventes d'armes si la production n'augmentait pas. Il convient de relever que l'adoption d'un tel texte par la Chambre des représentants américaine n'est pas fait pour apaiser les tensions sur les questions énergétiques mondiales. En effet, Le baril de pétrole a dépassé hier, pour la première fois, les 130 dollars. La hausse du pétrole est largement due à la spéculation, selon l'Opep, et une quelconque hausse de la production serait immédiatement stockée. Restant sur sa position, l'Organisation estime que la hausse des cours n'est pas liée à l'offre et à la demande car il existe suffisamment de pétrole sur le marché. Les prix ont augmenté de façon substantielle pour des raisons de spéculation, en raison de la dévaluation du dollar et en raison de l'inflation mondiale. Lundi, M. Chakik Khelil, actuel président de l'Opep, avait écarté toute possibilité d'augmenter la production de pétrole, avant la réunion de l'Organisation, le 9 septembre à Vienne. Pour ses membres, il n'y a aucun problème d'approvisionnement en pétrole à l'échelle mondiale.