«La crise actuelle ne fait que contribuer à aggraver le nombre des plus pauvres et, par voie de conséquence, des mal nourris», a souligné le représentant permanent de l'Algérie auprès de l'ONU. Ils ont juste de quoi se nourrir le matin, des millions de citoyens crèvent de faim le soir. Intervenant dans ce contexte, l'ambassadeur, représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations unies, Youcef Yousfi, s'est longuement attardé sur cette problématique. Son appel fait à partir de New York, consiste à «consacrer dans les faits le droit à l'alimentation comme un des piliers des droits de l'homme». Le moment de crier haro est venu. Ils sont 37 pays à travers le monde qui endurent le martyre. Devant l'imminence du danger, le diplomate algérien a indiqué que «la communauté internationale doit soutenir la concrétisation progressive du droit à l'alimentation dans le contexte de la sécurité alimentaire et plus largement de la sécurité humaine.» Lors de son intervention devant la réunion spéciale du Conseil économique et social de l'ONU, M.Yousfi a précisé que «la priorité immédiate est de nature humanitaire. Elle consiste à nourrir les populations dans le besoin immédiat à travers l'augmentation de l'aide alimentaire aux pays les plus démunis». S'agissant de l'Algérie, l'ambassadeur a souligné qu'elle souscrit à la déclaration faite par Antigua et Barbuda au nom du groupe des 77 et de la Chine. Tout en rappelant que plus de 850 millions de personnes sont très mal nourries, M.Yousfi ajoutera que «la crise actuelle ne fait que contribuer à aggraver le nombre des plus pauvres et, par voie de conséquence, des mal nourris». Quant à l'origine de cette crise alimentaire, le représentant algérien auprès de l'ONU a évoqué des facteurs «endogènes et exogènes liés principalement au monopole grandissant qu'exercent certaines entreprises globales sur les produits agricoles de base tels les céréales, le lait, les oléagineux et les semences». En d'autres termes, il a fait savoir que ce ne sont pas les prix du pétrole qui sont la cause directe de l'augmentation brutale des produits agricoles. Quelles sont donc les causes réelles de cette crise? M.Yousfi cite entre autres la baisse de la production agricole dans les pays en développement à la suite des politiques agricoles suivies selon «la doctrine sévère des avantages comparatifs.» Dans ce sillage, il a relevé la nécessité d'une «coordination étroite pour assurer les complémentarités entre les politiques nationales et internationales relatives aux productions agricoles de large consommation pour réduire l'impact de la crise». A l'opposé de cette déclaration de l'ambassadeur d'Algérie, l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a estimé jeudi que les prix des denrées alimentaires resteront élevés en 2008, entraînant une augmentation de la facture des importations alimentaires des pays à faible revenu et à déficit de cultures vivrières à 169 milliards de dollars. Soit plus de 40% par rapport à 2007. La FAO, qui relève une production mondiale record cette année, note toutefois qu'«il faut que la production de denrées augmente de 50% d'ici à 2030», pour éviter une aggravation de la faim dans le monde. Si la planète, comme s'accordent à dire les orfèvres en la matière, peut nourrir 12 milliards d'habitants, le problème est l'accès des populations pauvres à cette alimentation et la dépendance de nombreux pays vis-à-vis des importations, favorisée par les institutions internationales.