Le bicentenaire de la naissance de l'Emir Abdelkader (1808-1883) sera célébré non pas par des discours à n'en pas finir, mais par un projet colossal qui sera classé dans le rayon du patrimoine national cinématographique. Vous l'avez compris, un film sur la vie et le parcours de l'homme qui a fondé l'Etat algérien serait déjà en cogitation et sa réalisation serait imminente. L'idée de produire cette œuvre avait déjà tramé et dans les esprits des gouvernants et dans celui des cinéastes depuis plus de deux décennies, mais ce n'est que la semaine dernière que l'aval définitif voulu par le président Abdelziz Bouteflika a été donné. L'annonce de cette nouvelle a été faite jeudi dernier par la ministre de la Culture, Khalida Toumi, qui a prévu que le coût prévisionnel de ce projet de film dépasserait les 5 milliards de dinars selon les offres présentées. Intervenant à l'assemblée populaire la ministre de la culture a expliqué que “ce coût, élevé à première vue, est infime le comparant à des films de dimension internationale dont les coûts dépasseraient ce chiffre par 5 fois ”. Dans ce sillage, Toumi a évoqué “ une problématique juridique ” ayant souvent piétiné les projets culturels, faisant référence aux “ problématiques liées à la loi des transactions publiques ”. Sur ce point, la ministre de la culture a fait valoir que les critères de cette loi portant sélection des opérateurs “ ne s'appliquent pas sur l'oeuvre créative ” et ceci exigerait “ la demande d'une autorisation pour la conclusion d'un accord à l'amiable puisque il s'agit de projet à utilité publique ”. Reconnaissant que ce projet est une priorité du président, la ministre rappellera que c'est “ Abdelaziz Bouteflika qui a insisté à ce que le film doit être une merveille cinématographique nationale et mondiale ”. Selon toujours la ministre de la culture de grands historiens et écrivains ont été sollicités, entre autres le diplomate et penseur Boualem Bessaieh qui a concocté un scénario complet pour ce film. Par ailleurs et selon toujours Toumi, “ les services du ministère ont d'ores et déjà contacté des réalisateurs de renommée internationale pour la collecte de toutes les données nécessaires à la réalisation de ce projet avant de procéder à la sélection de la société réalisatrice ”. Consciente que ce projet mobiliserait des moyens colossaux, Toumi a révélé que “ c'est le grand cinéaste algérien, Ahmed Bedjaoui, qui se charge de ces contacts ”. Ce film vise, selon elle, à “ mettre en valeur l'ensemble des qualités de l'Emir Abdelkader se rapportant aux domaines intellectuel et culturel, militaire et politique, mettant en exergue le poète, l'homme de lettres, le chef militaire, l'homme d'Etat et le diplomate ayant laissé des empreintes indélébiles ”. “On ne peut pas se hasarder dans de tels projets à valeur sans s'assurer, au préalable, de son total succès ”, a par ailleurs indiqué la ministre tout en affirmant que la préparation du projet est “ l'étape la plus difficile avant sa mise sur pied ”. L'on sait que c'est à un réalisateur algérien et -le nom de Lakhdar Hamina a déjà été cité-, qu'incombera cette dure tâche qui ingurgitera un budget colossal. Car tous les yeux seront rivés vers cette superproduction qui au cas où elle sera un flop discréditera son signataire comme ce fut le cas pour Babor Djazaïr de Merkak Allouache- quoique la comparaison soit un peu surfaite- ! Par ailleurs et dans le cadre du bicentenaire de l'Emir Abdelkader un colloque international sur cette figure historique se tient depuis hier à Alger. Intitulé, “ L'Emir Abdelkader et les droits de l'homme, vision d'hier et d'aujourd'hui ”, ce rendez-vous est une initiative du Conseil de la nation.“L'Emir Abdelkader fut le premier homme d'Etat à donner aux Algériens une conscience collective qu'ils n'avaient pas auparavant ”, souligne la Fondation éponyme dans une contribution. Né à la Guetna près de Mascara en 1808, élevé dans la zaouïa paternelle dirigée par si Mahieddine, l'Emir Abdelkader reçoit une éducation solide qu'il complète auprès de maîtres éminents à Arzew et à Oran. Il apprend les sciences religieuses, la littérature arabe, l'histoire, la philosophie, les mathématiques, l'astronomie, la médecine... Platon et Aristote, AI-Ghazali, Ibn Rushd et Ibn Khaldûn lui sont familiers, comme en témoignent ses écrits. Toute Sa vie, il étudie et développe sa culture.