La date la plus probable de sa naissance est le 6 mai 1807, à quatre lieux de la ville de Mascara, à l'ouest d'Alger. Dans à peine un mois, le bicentenaire de la naissance du fondateur de l'Etat algérien, l'Emir Abdelkader, sera fêté non seulement ici mais aussi à l'étranger. La fondation éponyme s'attelle depuis quelques jours à célébrer le bicentenaire de ce résistant farouche qui fut proche de Napoléon III. Selon Mohamed Boutaleb, président de la fondation Emir Abdelkader, le programme des festivités de ce bicentenaire contiendra entre autres, un séminaire international sur la vie et l'œuvre de l'Emir Abdelkader, le 1er novembre 2007 à Constantine, et une série de manifestations culturelles à travers plusieurs wilayas du pays. Le bicentenaire de la naissance de l'Emir Abdelkader sera, également, célébré au Mexique et aux Etats-Unis d'Amérique, a ajouté la même source, avec comme menu des conférences et des débats sur la vie et l'œuvre de ce poète et philosophe. Sa famille était savante. Ils faisaient partie de l'ordre des soufis, et lui le petit Abd-El-Kader est né à la Guetna près de Mascara. Elevé dans la zaouïa paternelle, il reçoit une éducation solide qu'il complète auprès des maîtres éminents à Arzew et à Oran. Il apprend les sciences religieuses, la littérature arabe, l'histoire, la philosophie, les mathématiques, l'astronomie, la médecine... Platon et Aristote, AI-Ghazâli, Ibn Rushd et Ibn Khaldûn lui sont familiers, comme en témoignent ses écrits. Toute sa vie, il étudie et développe sa culture. A peine âgé de 19 ans, Abdelkader effectue le pèlerinage à La Mecque avec son père. C'est là qu'il découvrira l'Orient, car à l'époque les pèlerins se rendaient à Baghdad pour visiter le tombeau de Sidi Abdelkader Djilâni, fondateur de la confrérie al-Qàdiriyya à laquelle se rattache la zaouïa de la Guetna. Ils échappent ainsi aux menaces du bey d'Oran qui a pris ombrage de l'autorité spirituelle de Si Mahieddine et de son fils en Oranie. Après la prise d'Alger en 1830, Si Mahieddine et le jeune Abd-El-Kader participent à la résistance populaire, Abd-El-Kader se distingue par son courage et son intelligence. Les tribus de l'Ouest se réunissent et veulent choisir un chef pour défendre le pays. Si Mahieddine, sollicité, s'excuse en raison de son âge et propose son fils Abd-EI-Kader qui fait l'unanimité ; il est investi en qualité d'Emir par une grande assemblée réunie près de Mascara, le 21 novembre1832. L'Emir s'engage à diriger la guerre contre l'occupation étrangère, il organise l'Etat national, constitue le gouvernement, désigne les Khalifas pour administrer les provinces, mobilise les combattants, crée une armée régulière, lève les impôts et rend la justice. Il signe le traité Desmichels avec le général d'Oran, le 24 février 1834, ce traité reconnaît son autorité sur l'Ouest et le Chélif. Ratifié par le gouvernement français, il est mal appliqué. Insaisissable, l'Emir se montre partout et nulle part, son infanterie et sa cavalerie sont mobiles et efficaces. L'Emir contrôle désormais l'Ouest, le Titteri et une partie de l'Algérois. Il consolide l'Etat, bâtit des villes fortifiées, fonde des ateliers militaires, soumet les rebelles et les collaborateurs. Le traité donne lieu à des contestations avec le gouverneur Valée et la guerre reprend en novembre 1839. Bugeaud nommé gouverneur, veut occuper tout le pays, il pratique la méthode de la “ terre brûlée ”, détruisant toutes les villes, les récoltes, troupeaux... L'Emir résiste avec énergie, remporte de brillants succès comme celui de Sidi Brahim (23 septembre 1845). Mais le pays est ruiné, les tribus sont épuisées, le soutien du Maroc fait défaut. L'Emir décide d'arrêter la guerre et choisit l'exil (décembre 1847). Le gouvernement français accepte de le transporter en Orient. L'engagement français n'est pas respecté. L'Emir est conduit à Toulon, puis à Pau et Amboise. Il est considéré comme prisonnier d'Etat jusqu'à octobre 1852, date à laquelle Napoléon III vient enfin le libérer. Il s'embarque pour la Turquie et s'installe à Brousse, puis se fixe définitivement à Damas où il reçoit un accueil triomphal. En dehors de quelques voyages et d'un nouveau pèlerinage, il ne quitte plus la Syrie et consacre son temps à la méditation, à la prière, à l'enseignement et aux œuvres de bienfaisance. En 1860, les émeutes de Damas lui fournissent l'occasion de s'illustrer comme un personnage hors série. Il sauve des milliers de chrétiens du massacre et fait reculer les émeutiers. Plusieurs chefs d'Etat lui adressent des félicitations et des décorations, notamment ceux d'Angleterre, de Russie, de France... Célèbre et honoré, il s'éteint à Damas le, 26 mai 1883.