Longue cérémonie de louanges à Dieu sous les senteurs d'un bkhour qui chasse les mauvais esprits et les fumigènes qui s'allument et s'éteignent comme des météores ! La fête est dédiée à l'Unique et à son prophète Mohamed (QSSSL), évoqué entre deux vers d'un poème de vaudeville.C'est ainsi que la deuxième édition du très attendu festival de la musique Gnaouie a débutée samedi dernier, sous les senteurs d'un bkhour local et les sons d'une musique résolument africaine. Une musique qui comme le jazz a coulé d'abord sous le front des esclaves d'Afrique qui n'avaient que le rythme pour implorer leur liberté, ensuite sous les tempes des esclaves d'Amérique dans les champs de plantation. Ce festival qui concerne également la danse et qui se poursuivra jusqu'au 29 mai prochain rassemble pas moins de 19 troupes représentant diverses régions du pays. C'est à Ahl Diwan de Kenadsa, patrie de l'immense association El Ferda et territoire proche de la vedette dans le genre Alla El Fondu, vivant actuellement en France, qu'est revenu l'honneur d'ouvrir le bal de cette grande fête qui se tient à Béchar, la contrée de Malika Mokkedem et de Yasmina Khadra. Ce rendez-vous lyrique se tient et à la salle du cinéma “ Municipal ” de la ville et aux alentours de Béchar dans des lieux comme Beni-Abbes, Abadla, Taghit, Beni-Ounif et Kenadsa. Une fête qui s'étale dans l'espace afin de permettre au public des localités limitrophes de s'associer à ces grandes cérémonies appréciées de plus en plus ici comme ailleurs. En parallèle à ces représentations lyriques qui seront comme dans tout genre de ce rendez- vous, soumises à un jury qui aura à évaluer les troupes participantes des conférences-débats sur la musique et la danse gnaouies sont également au menu dans de la maison de la culture de Béchar. Des chercheurs ainsi que des spécialistes donneront des conférences et débattront autour de cet art populaire qui a traversé des âges en gardant sa jouvence. Un écriteau à l'entrée de la salle indique déjà les multiples variétés de cette musique considérée comme une expression commune à tous les peuples de l'Afrique. “ Spiritualité, soufisme, sacré, rite, possession, extase, transe. Tagnawite, diwane, gnawa, ousfane. M'louk, koyou, bordj. Maâlem, mkadem, lila, m'bita. Autant de vocables et d'autres encore souvent associés au gnawi ” c'est ainsi qu'a été départagé le Gnaoua, un art générique aussi riche qu'authentique. Des standards ont été entonnés en groupe, des incantations étaient lancées, et tous baignaient dans ce quelque chose qui nous “ rassemble et qui nous ressemble ”. Du guembri au karkabou, les signes identitaires sont là dans un ver populaire ou un geste originel. De nombreuses troupes comme Ahl Diwan, les enfants de la grande zaouïa de Sidi M'hamed Ben Bouziane, basée au ksar de Kenadsa, la troupe de Sidi Blel de Relizane, le collectif Diwan Dzair, Diwane Casbah -le collectif algérois- participeront à cette fête à la fois sacrée et profane, orchestrée par Hocine Zaïdi.