Une ferme coloniale, qui se trouve à 3 km de la RN 4, a perdu ses couleurs et ses traditions et ce depuis le début de la décennie noire. Il s'agit de la localité de Feroudj. C'est un petit douar qui dépend de la commune d'Ain Torki, à 40 km au nord de Miliana. Ce douar compte vingt-six familles courageuses, qui ont accepté le retour vers leurs terres et leurs biens, malheureusement, rien n'existe dans ce douar perdu de vue, selon les habitants qui nous ont parlé de leur calvaire et misère. D'ailleurs l'avenue principale de cette localité est déserte. Il faut noter que cette région a été durement touchée par le terrorisme. Beaucoup d'habitants ont déserté les lieux pour venir bâtir des logements de fortune à Miliana, à Aïn Torki et même à Khemis Miliana et Hammam Righa. Pourtant Feroudj, autrefois prospère peut espérer des lendemains meilleurs avec un vaste plan de réhabilitation que doivent entreprendre les autorités locales. De nombreuses structures existent et ne demandent que des réparations, à l'exemple de l'école primaire qui comporte six classes, une salle de soins fermée depuis 1992. Actuellement, les écoliers sont obligés de traverser des kilomètres afin de rejoindre leurs classes, par contre les malades n'ont plus le choix d'être soigné car aucun médecin ne vient chez eux, alors si quelqu'un tombe malade, il n'a qu'a voir un clandestin afin de le ramener soit vers Miliana ou Khemis Miliana, sinon vers Boumedfaa, pour une somme de 700 DA. Le transport scolaire est presque absent dans ce douar, les pères de famille nous ont parlé du bus qui est détourné vers une autre localité, pour des raisons inconnues. Pour l'eau, il n'existe qu'une seule fontaine publique. Pourtant, le réseau existe avec l'installation d'un réservoir, mais la pompe, longtemps attendue, n'est pas encore mise en marche. Ami Abdelkader, un doyen du douar, nous a signalé qu'il a dépensé 4 500 DA pour acheter un tuyau de 300 m de long qui lui a permet d'éviter la côte et les bidons, car à son âge, il ne peut pas se permettre de faire la navette. La localité Feroudj peut développer une activité agricole importante mais elle attend toujours un plan d'aide car elle est située sur un périmètre de proximité. Selon certains citoyens, il y a eu des distributions d'arbres fruitiers (figuiers, amandiers, oliviers), mais les plantations n'ont pas donné les résultats escomptés. Que faire pour sortir de l'anonymat crient les vingt-six familles ?