Plus d'un million de personnes ont reçu l'ordre d'évacuer une région située en aval d'un barrage naturel formé par le séisme du 12 mai en Chine, a indiqué l'agence Chine nouvelle vendredi. Les habitants menacés par une rupture du barrage instable de Tangjiashan doivent gagner des terres en hauteur dans cette zone du Sichuan (sud-ouest), a précisé Chine nouvelle. L'ordre d'évacuation a été donné par Tan Lin, secrétaire du parti communiste de la municipalité de Mianyang, qui dirige le quartier général des secours de cette région déjà durement éprouvée par le séisme du 12 mai, dont le bilan approche les 88.000 morts et disparus. Le séisme a fait 68.858 morts confirmés et 18.618 disparus, a annoncé vendredi un porte-parole du gouvernement devant la presse. Selon ce bilan toujours provisoire, le nombre des blessés de ce tremblement de terre de magnitude 8 s'élève désormais à 366.586, a ajouté ce porte-parole, Guo Weimin. Jeudi, le bilan s'élevait à 68.516 morts et 19.350 disparus. Le nombre de personnes déplacées est supérieur à 15 millions. Dans le sud-ouest de la Chine, seuls quelques ouvriers se rendent encore sur le barrage de Xiangshui pour achever d'évacuer les lieux, avant le déferlement redouté d'une vaste retenue d'eau créée par le séisme qui a dévasté le Sichuan le 12 mai. "Si le lac né du séisme déborde et qu'un mur d'eau de 100 mètres s'abat dans la rivière, le barrage de Xiangshui sera complètement détruit", explique l'un d'eux, M. Zhang, dans la station de pompage de l'ouvrage. "Tous les riverains ont déjà été évacués et nous avons pratiquement tout sorti de l'installation", ajoute-t-il. Le vieux barrage n'est aujourd'hui plus qu'un massif ouvrage de béton noyé dans la boue et les rochers, vannes ouvertes, d'où ne coule plus guère d'eau. L'eau, on la trouve en amont, bloquée en un lac artificiel par les tonnes d'éboulis tombés de la montagne lors du tremblement de terre. Si ce barrage naturel instable cédait, les flots libérés seraient dans l'heure sur le barrage artificiel et les constructions voisines, désormais abandonnées, selon les informations données à la population locale. Une fois l'ouvrage de béton balayé, les torrents d'eau s'engouffreraient dans les vallées pour déboucher sur des plaines densément peuplées. La situation "menace des millions de vies en aval. Toute négligence causerait de nouveaux désastres pour une population déjà éprouvée par le séisme", a jugé le vice-Premier ministre Hui Liangyu cette semaine, lors d'une visite de la région. Installés sur des terres en hauteur, ses habitants se contentent désormais de tentes ou d'abris de fortune, la cité ayant été pratiquement entièrement réduite à des ruines. La situation de Xiangshui est loin d'être exceptionnelle. Selon le gouvernement, 35 lacs naturels provoqués par des glissements de terrain menacent de rompre, tandis que des centaines de barrages, réservoirs et digues ont été endommagés par le séisme. A Tangjiashan, près de 160.000 personnes ont été évacuées en aval d'un de ces barrages naturels, derrière lequel le niveau de l'eau monte de façon continue. "Les experts ont calculé quelles parties de la ville seraient inondées si le barrage cédait, afin de faire évacuer en conséquence", dit Han Jun, 30 ans, un habitant de Xiangquan, proche de Xiangshan. Parallèlement, soldats et ingénieurs travaillent sur le site pour creuser un canal de dérivation, une opération compliquée cette semaine par la pluie. En aval de ce danger potentiel, l'heure n'est pourtant pas forcément à la panique. "Là, tout de suite, je ne pense pas qu'il y ait vraiment un danger", affirme, dans un camp de déplacés, Guo Zhiwu, porte-parole du district de Beichuan, l'un des plus durement touchés par le séisme. "Bien sûr, à force ça va devenir dangereux, mais pas encore trop pour le moment, surtout avec les efforts en cours. On progresse", estime-t-il. Mais il ne faudrait pas que de nouvelles répliques ou trop de précipitations ne causent d'autres glissements de terrain qui bloqueraient davantage la rivière et entraveraient le percement du canal d'évacuation.