Le ministre français de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, estime que la technologie de captage et stockage du CO2 (CCS) doit être "approfondie et développée", tout en mettant en garde contre la tentation d'y voir une solution miracle dans la lutte contre le réchauffement climatique. Dans un entretien qu'il a accordé à l'agence France presse, le ministre français a estimé que le CCS, qui consiste à enfouir le CO2, un des principaux gaz à effet de serre, pour éviter qu'il ne se répande dans l'atmosphère fait partie d'un panel de solutions et que c'est une technique qui mérite d'être approfondie et développée, sous réserve qu'il y ait des programmes de suivi. Il a estimé, néanmoins, que cela ne peut être la solution ultime dans la mesure où l'efficacité énergétique est de loin la plus efficace: la meilleure énergie est celle qu'on ne dépense pas. Ensuite, il y a toutes les énergies alternatives renouvelables. Jean Louis Borloo soutient malgré tout que le CCS est une piste qui n'est pas parfaite, qui a ses défauts mais qui, compte tenu de l'urgence climatique, sur des sites lourds et très carbonés, est pertinente.Il est utile de signaler, dans ce contexte, que le ministre français de l'Ecologie s'est rendu dimanche aux champs de captage de CO2 d'In Salah. En effet, sur site, des millions de m3 de CO2, l'un des principaux gaz à effet de serre, sont injectés dans des réservoirs naturels souterrains pour éviter qu'ils ne s'échappent dans l'atmosphère et contribuent au réchauffement climatique. Sur le site pilote de Krechba, un "laboratoire grandeur réelle" veut prouver la pertinence de la technologie de captage et stockage du CO2 (CCS), encore balbutiante mais qui suscite depuis peu un véritable engouement. "Nous souhaitons provoquer un effet d'entraînement en démontrant que le procédé est techniquement faisable, économiquement acceptable et géologiquement viable", explique Mohamed Keddam, directeur général d'In Salah Gas, projet conjoint du britannique BP, de l'Algérien Sonatrach et du Norvégien StatoilHydro.Chaque année sur ce site, un million de tonnes de dioxyde de carbone sont enfouies dans un réservoir naturel rempli d'eau, soit l'équivalent de ce que rejettent, en moyenne, 200.000 voitures roulant 30.000 km par an. Le gaz extrait à Krechba a une teneur en CO2 trop élevé (6% en moyenne) pour être commercialisé (seuil maximum de 0,3%), une opération d'extraction du CO2, au moyen d'un solvant chimique - l'amine - est indispensable. Une fois "purifié", le gaz est acheminé par un pipeline vers Hassi R'Mel, à 450 km au nord, d'où il rejoindra l'Europe. Le CO2, après avoir été comprimé à 180 bars, est envoyé dans un réservoir naturel situé à la périphérie de la zone d'extraction du gaz. L'enfouissement se fait grâce à trois puits injecteurs, tubes en acier d'environ 11 cm de diamètre qui propulsent le CO2 à 1.900 mètres sous terre dans une nappe aquifère qui agit comme un piège. Des marqueurs radioactifs, différents pour chaque puits d'injection, permettent de suivre avec précision les "mécanismes de piégeage" du CO2 et de s'assurer qu'il ne remonte pas à la surface. Près de quatre ans après le lancement de l'exploitation, en juillet 2004, le bilan géologique est positif, aucune fuite n'a été constatée. Mais ses concepteurs reconnaissent que plus de recul est nécessaire.