Des compagnies aériennes ont opéré des surcharges tarifaires pour tenter de réduire leurs factures de carburant. Le baril de pétrole brut a atteint un nouveau record de 67 dollars pour la première fois de son histoire jeudi à New York. Les prix ont, pour le quatrième jour d´affilée, battu de nouveaux records, visant désormais les 70 dollars, sur un marché emmené par les spéculateurs. A New York Mercantile Exchange, le baril de brut a atteint pour la première fois les 67 dollars, nouveau record depuis le début de la cotation de ce type de pétrole en 1983. L´envolée des cours est alimentée depuis plusieurs semaines par une série de pannes dans les raffineries aux Etats-Unis et des inquiétudes sur la sécurité de l´approvisionnement, ainsi que par la situation en Arabie Saoudite menacée d´attentats, en Iran également menacé de sanctions pour la reprise de son programme nucléaire, et au golfe du Mexique à cause du passage de violents ouragans. Certains analystes s´attendent, par ailleurs, à ce que la hausse des prix se poursuive. «Le marché reste haussier à moyen terme, et il n´y a aucune raison que les cours ne franchissent pas facilement la barre des 70 dollars», prédit un opérateur d´une maison de courtage européenne ayant requis l´anonymat. «C´est bien là où l´on se dirige en ce moment», renchérit Simon Wardell, analyste au centre de recherche Global Insight. La situation pétrolière aux Etats-Unis est probablement le facteur le plus inquiétant en ce moment et il semble que la situation restera ainsi car un déficit des capacités de raffinage n´est pas une chose qui peut trouver une solution rapide. D'ailleurs, l´Agence internationale de l´énergie (AIE) a prévenu dans un rapport publié jeudi que, si l´envolée des cours du pétrole n´a pas encore réussi à paralyser l´économie mondiale, une bonne partie de son impact reste à venir. Déjà, des compagnies aériennes ont opéré des surcharges tarifaires pour tenter de réduire leur facture de carburant qui a connu depuis le début de l´année une importante hausse, en raison des prix élevés de pétrole. Le cours du carburant aérien à Rotterdam (Pays-Bas), aligné sur les prix du baril de brut, s´établissait à 0,4053 euro/litre, mardi. Il a progressé de 68,8% depuis le début de l´année et de 41,2% sur un an, selon les statistiques de l´Union française des industries pétrolières (Ufip). «Structurellement, les compagnies aériennes ne sont pas faites pour fonctionner avec un baril à 65 dollars», estime un analyste chez Morgan Stanley. Les conséquences de la hausse des prix peuvent être si lourdes qu'une éventuelle crise pétrolière, comme celle de 1973, pourrait être provoquée. En effet, en octobre 1973, une augmentation des prix du baril a été enregistrée. C'est à ce moment-là que les membres de l'Opep ont décidé d'augmenter le prix du pétrole de façon remarquable en réduisant l'offre mondiale. Comme les voitures consommaient beaucoup d'essence et les autoroutes et les banlieues se développaient rapidement en Amérique du Nord, l'économie de ces pays dépendait de plus en plus du pétrole. Lorsque l'Opep a fermé le robinet et fait grimper les prix, les conséquences ont été énormes. Cette hausse des prix du pétrole a entraîné une stagflation (combinaison de taux d'inflation et de chômage élevés) dans la plupart des pays industriels. Autre réalité à souligner: de 2001 à 2025, la forte augmentation des besoins mondiaux et le déclin des réserves et de la production dans les pays industrialisés feront passer la dépendance des Etats-Unis vis-à-vis de l'or noir importé de 55,7% à 71%, celle de l'Europe occidentale de 50,1% à 68,6% et celle de la Chine de 31,5% à 73,2%, sans oublier les autres pays consommateurs. Ce n'est donc pas sans raison que l'interprétation de la dernière hausse des prix a fait débat: ne s'agit-il pas du signe annonciateur d'un grand choc, qui pourrait être provoqué, tôt ou tard, par l'inadéquation entre des besoins augmentant à un rythme soutenu et des capacités de production s'essoufflant?