En un an, beaucoup de choses ont changé. Ainsi, l'année 2006 avait commencé avec des prédictions portant le baril à plus de 100 dollars. Et chacun d'imaginer de nouveaux modes de vie. Un an plus tard, tout est oublié et les prix flanchent. A la mi-décembre, l'Opep a même prévu de réduire ses quotas de production de 500 000 barils par jour à partir du 1er février, pour soutenir les prix ! On table maintenant un peu partout sur un prix du Brent de 60 dollars le baril en moyenne en 2007. Les analystes avaient prédit un pétrole cher en 2007 mais les cours du brut commencent l'année par un violent mouvement de baisse. La lente glissade des cours du pétrole brut, provoquée par la douceur des températures dans le nord-est des Etats-Unis et les doutes sur la capacité de l'Opep à réduire sa production, s'est depuis quelques jours transformée en dégringolade. Mercredi les cours avaient plongé de plus de 5% à New York, du jamais vu depuis deux ans. Depuis mardi, la baisse du cours du baril de Brent de la mer du Nord frôle les 10%, le baril atteignant même brièvement, vendredi, les 54 dollars et 50 cents. En tous cas, la baisse des cours sur un an atteint près de 20% pour le brut léger américain et 15% pour le Brent de la mer du Nord. Est-ce à dire que c'est là un signe de la fin de la tendance haussière ? Selon de nombreux analystes, le recul des prix du pétrole n'est pas un indicateur certain de la fin de la tendance haussière des prix qui ont atteint leur niveau record en été 2006 avec 78 USD le baril. Ces analystes estiment que tous les facteurs ayant favorisé la tendance haussière des cours du pétrole sont toujours de mise, notamment ceux liés aux craintes de rupture d'approvisionnements pétroliers à partir de régions sensibles comme le Proche-Orient, où les menaces terroristes ciblent des sites de production et les voies maritimes de transport. Les facteurs de tension dans le Golfe se sont, eux aussi, exacerbés en raison du différend entre l'Iran et les Etats-Unis en dépit de leur alliance flagrante en Irak. Ils ajoutent que les facteurs déterminant la tendance des cours du pétrole concernent, notamment les capacités de production. Par ailleurs, des analystes, travaillant pour le compte de fonds d'investissements, imputent le recul des prix de pétrole à 55-56 USD à "des fluctuations à court terme" en allusion à des facteurs conjoncturels liés à la hausse des stocks américains lors de la dernière semaine de 2006 tel qu'illustré par le rapport du département américain de l'Energie. Les conditions climatiques comptent certes parmi les principaux facteurs qui orientent les prévisions mais ce qui semble influer le plus sur les cours c'est le pessimisme affiché concernant la demande pour l'année, ont-ils affirmé, soulignant que ces motifs réunis ne justifient pas le niveau de baisse atteint. Pour ces analystes, des niveaux inférieurs à 60 USD sont exagérés. Cependant, les prix du pétrole pourraient encore dégringoler à des niveaux plus bas si l'Organisation des pays exportateurs du pétrole (OPEP) ne prenait pas des mesures à même de consolider les cours. En effet, la vitesse à laquelle les cours reculent risque d'inquiéter les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui tentent, en vain, depuis plusieurs mois de les faire remonter au-dessus des 60 dollars. "Si la douceur des températures persiste, le niveau que l'Opep pourrait avoir à défendre pourrait être plutôt 50 dollars le baril". L'Opep, qui fournit 40 % de l'offre mondiale de brut, a déjà annoncé deux baisses de production en fin d'année dernière, d'une ampleur de 1,7 million de barils par jour au total, afin d'enrayer la glissade des cours. Le cartel pourrait intervenir à nouveau si le déclin des prix se poursuivait.