Docteur Abderrahmane Mebtoul * Les décisions prises par l'Opep, lors des dernières réunion de baisser sa production de pétrole de 520 000 barils par jour de 1,5 millions de barils jour et lors de la réunion du 15 décembre 2008 à Oran de 2,2 millions de barils jours soit 4,2 millions de barils jours depuis le début de l'année 2008 pour les pays OPEP, (occasionnant par là un manque à gagner pour l'Algérie d'environ 5 milliards de dollars), ont certes permis de stabiliser les prix mais n'ont pas eu les effets prévus d'un cours de 80/90 dollars devant raisonner à prix constants pour un euro entre 1,28/1,30 dollar, un cours de 70 dollars au cours actuel du dollar équivaut à environ 60/62 dollar par rapport au 01 janvier 2009 et moins de 37 dollars par rapport à l'année 2000. 2- Les autres fondamentaux du cours futur du pétrole Le deuxième facteur est que les plus grands pays producteurs depuis 10 ans ne sont pas ceux de l'OPEP ne commercialisent sur le marché mondial en moyenne 2005/2008 que 40/45%, 60/55% se faisant hors OPEP. Et avec ces baisses successives, sous réserves du respect des quotas, ce qui n'est pas évident, il est à craindre des pertes de part de marché allant vers moins de 30/35% au profit notamment des pays hors OPEP qui combleront la différence dont notamment la Russie et surtout l'Irak, actuellement hors OPEP, deuxième exportateur mondial après l'Arabie Saoudite, avec un coût de prospection inférieur à 5 dollars. La présence récente d'une trentaine de compagnies mondiales y compris Gazprom, pour prospecter le marché irakien (pétrole et gaz ) atteste de la volonté de ce pays de revenir un acteur déterminant dans les années à venir . Le Mexique, qui est lié par un accord de libre échange avec les USA n'est pas intéressé pour rejoindre l'OPEP, autant que la Norvège faisant partie de l'Europe ce d'autant plus que le pétrole représente une part négligeable dans la valeur ajoutée et ses intérêts stratégiques ne coïncident pas avec ceux de certains pays de l'OPEP. Quant à la Russie , sa positon durant cette crise est ambiguë ayant besoin de financement, (sa rivalité avec l'Arabie Saoudite étant connu) , Gazprom ayant une stratégie d'internationalisation différente de celle de l'OPEP ne voulant pas perdre des parts de marché. Le troisième facteur, les réserves américaines, (y compris les stocks) et la déflation, a enlevé à l'or noir son attrait de placement refuge contre l'inflation et les spéculateurs par la revente ont contribué à affaiblir les cours. Il est admis actuellement que les cours passés au dessous de 100 dollars étaient dues à des bulles financières et ne représentaient pas les fondamentaux des cours, la croissance de l'économie mondiale n'ayant pas doublé entre 2005/2008. Le quatrième facteur souvent oubliée est que l'on assiste à un changement certes lent mais notable du nouveau modèle de consommation énergétique horizon 2015/2020, certains investisseurs anticipant ce changement inéluctable. Et cela avec les politiques dites " nationales " du retour au charbon propre (recyclage du CO2) dont la durée de vie dépasse 200 ans (avec des réserves aux USA le double des hydrocarbures en Arabie Saoudite en termes d'efficacité énergétique) contre 40 ans pour les hydrocarbures. -Le cinquième facteur lié au précédent qui me parait fondamental est que le cours du pétrole futur sera intiment lié à la future politique énergétique du nouveau président américain, qui contrairement à la présidence républicaine lié aux intérêts des pétroliers texans qui poussaient à un prix élevé. Car l'erreur stratégique de certains experts de l'OPEP a été de raisonner en termes de modèle de consommation énergétique linéaire oubliant les cycles énergétiques depuis que le monde est monde, passage par exemple de la prédominance des hydrocarbures au lieu du charbon et surtout de la non prise en compte de la nouvelle politique énergétique américaine qui sera déterminante vis-à-vis de l'évolution du cours du pétrole Certes cela demandera du temps mais ce nouveau modèle de consommation est inéluctable étant freiné transitoirement par les lobbys pétroliers. Car le programme du nouveau président US est de mettre fin à la dépendance énergétique en pétrole des Etats-Unis vis à vis du Moyen Orient , donc de l'OPEP d'ici à 10 ans ,tout au plus d'ici 20 ans ainsi que de l'influence russe à travers la stratégie de Gazprom, avis partagé par l'Europe où tant le nouveau président que l'Europe extrapolent sur une économie d'énergie d'environ 20% en misant sur l 'efficacité énergétique des bâtiments qui représentent une consommation de plus de 4O% pour le chauffage- l'eau chaude -le refroidissement et l'éclairage et le programme se propose d'investir plus de 150 milliards de dollars dans les énergies renouvelables. Ainsi, si ces objectifs sont atteints horizon 2020, la consommation de pétrole USA plus Europe devrait diminuer sensiblement .Les aides (Europe/USA) aux constructeurs d'automobiles( voitures électriques dans 10 ans et surtout ,hybride à court terme) , du bâtiment , normes de constructions, différentes des précédentes, sont liées à l'objectif stratégique d'importantes économies d'énergie,en rappelant que le parc transport représentant plus du 1/3 de la consommation mondiale. Les investisseurs potentiels à l'instar de l'abandon partiel du charbon pour les hydrocarbures la décennie passée, anticiperont donc de nouveau modèle de consommation pouvant assister à un désinvestissement dans ce segment, le pétrole devenant non plus une arme politique dominante mais une énergie comme une autre en diminution relative horizon 2020. Cette tendance anti-pétrole de la nouvelle gouvernance américaine est confirmée par la nomination du prix Nobel de physique (1997) Steven Chu pour occuper le poste de secrétaire à l'Energie, celui ci étant un partisan affirmé de la recherche d'énergies renouvelables et alternatives. La généralisation des nouvelles technologies serait rentables,(production industrielle) se généralisant à l'Asie qui possède le savoir faire,et les experts prédisent que c'st la Chine qui actuelleent investir plus dans le solaire et sera le leadre*er dans els voitures électriques et hybrides, entre 70/80 dollars horizon 2015 et à moins de 50 dollars horizon 2020 et ce aux prix constants 2009. Enfin sixième facteur est l'évolution du cours du dollar .Aussi à la déflation actuelle surtout aux USA, le risque avec l'envolée des dépenses publiques, le retour à la stagflation (hausse des prix, chômage, récession) en cas d'inefficacité de ces dépenses publiques. Pour le dollar qui représente toujours environ 60% des transactions mondiales, il vient de dépasser la barre symbolique le 08 septembre 2009 à 1,45 dollar un euro , fluctuant depuis quatre mois entre 1,41 et 1,43 dollar un euro ayant perdu plus de 45% de sa valeur depuis 2000, certains instituts stratégiques mondiaux prévoient sa dépréciation à plus de 1,50 dollar un euro. Car la résistance relative du dollar du dollar par rapport au cours de l'euro est du au fait, et cela s'est passé en 1929, aux rapatriements des capitaux américains et non par l'attrait du taux d'intérêt de la FED tendant vers zéro. Aussi si le cours du dollar baisse, la valeur du pétrole libellée souvent en dollars (ainsi que les bons de trésor et les réserves de change libellés en dollars) diminuera. En conclusion, comme je l'ai annoncé dans plusieurs contributions nationales et internationales, la réunion du 09 septembre 2009 de l'OPEP, autant que celle qui s'est tenue précédemment à Vienne le 15 mars 2009, malgré des déclarations fracassantes mais souvent de ceux qui ne pèsent pas lourd dans l'organisation, sont dorénavant devenues un non évènement. Aussi, a réunion de l'OPEP le 09 septembre 2009 devrait concrétiser le statut quo ne devrait pas modifier les quotas actuels de l'organisation fixés à 24,84 millions de barils par jour , une décision annoncée avant même que ne débute la réunion. sous la pression notamment de l'Arabie Saoudite( membre du G20 et allié stratégiques des Etats-Unis d'Amérique) et du Koweït, et le communiqué devrait s'en tenir au respect des quotas, l'Algérie représentant environ seulement 1% des réserves mondiales de pétrole contre 3% pour le gaz ayant une influence très faible. NB- Pays membres de l'OPEP- Afrique (Algérie 1% des réserves mondiale de pétrole ayant donc une influence très faible et environ 3% pour le gaz avec deux scénarios d' épuisement entre 16 ans selon l'AIE , 25 ans selon le premier ministre algérien , Angola , Libye , Nigeria) Moyen-Orient (Arabie saoudite, les Emirats étant une confédération crée en 1972, seule Abou Dabi est membre de l'OPEP, les autres émirats ne se considérant pas liés par les quotas- Irak, depuis le conflit , le pays est encore nominalement membre de l'OPEP, mais n'est plus inclus dans les quotas. Iran- Koweït -Qatar) Amérique du Sud (Equateur, Venezuela) - Asie du Sud- Est ( Indonésie, le pays étant devenu importateur net, en mai 2008 le gouvernement a annoncé son retrait de l'organisation). Parmi les pays importants non OPEP , on peut citer , []le Canada, le Soudan, le Mexique, le Royaume-Uni, la Norvège, des Etats-Unis, la Russie et Oman. Mais avec les découvertes en Amérique latine dont récemment le Brésil, et surtout en Afrique d'autres pays sont non membres de l'OPEP ce qui risque avec le pic pétrolier des pays de l'OPEP devenant importateur, d'accroître sa marginalisation future et amplifier le poids de l'Arabie Saoudite. * Professeur d'Université Economiste (conseiller des Ministères d e l'Energie 1974/1980-1990/81995-2000/2005) Expert International Suite et fin